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Tribulations tribales

Publié le 17 juillet 2014 par Magadit

Certains disent que les vacances commencent avec le voyage, qu’importe la destination. Pff… Quelle connerie. Nous la destination, on la tient et on la tient bien. 3 mois de préparation, de shopping d’essayage. 5 jours de bonheur entre nous au soleil. 5 jours que rien ne pourra entacher… ou presque.

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Jeudi 10/07 : l’appel du large

6h00 : Le réveil sonne, mon cerveau lâche l’info « On se casse en tribu !!! » Je bondis hors du lit tel un serpent à sonnettes, un cobra, un asticot. Nue comme un ver donc. Un ver sous amphet’.

6h03 : La ferveur c’est bien mais c’est crevant. Je me traîne en rampant jusqu’à la salle de bain.

6h04 : Triste constat, si mon enthousiasme frôle les +1000 et mes cernes frôlent mes chevilles. J’ajoute une 8ème paire de lunettes noires dans ma valise.

6h30 : Je me sens l’âme d’un G.I., tenue de combat oblige, j’éjecte littéralement le Mâle hors du lit. J’aime vivre dangereusement. Enfin pas si tant. Je fuis.

6h59 : Mes nerfs lâchent, ça doit être le Krisprolls qui n’est pas passé :  « Ptin le Mâle qu’est-ce que tu fous ! Ah ça non, pas le temps de prendre un café ! Rentre ta chemise dans le pantalon, il faut partir ! On avait dit 7h, on est en retaaaaaaaarrrrrrd ». Le Mâle souffle. Je ne sais pas si c’est par lassitude ou le plaisir anticipé d’avoir enfin la paix. Je voterai finalement pour la lassitude.

8h15 : Arrivée à l’aéroport. Longs adieux au Mâle, je pars quand même 5 jours. Toute une vie pour un ver. 3 générations pour un poisson rouge. 2 ans dans la vie d’un chat.

8h20 : Panique. Je n’ai que 1h55 d’avance sur mon vol. C’est sûr : je vais le rater. Oh mon dieu mais si je le rate, je vais mourir. Et si je meurs, mon fils sera orphelin, le Mâle va se retrouver une autre hystérique plus jolie, oh mon dieu oh mon dieu…

8h26 : Hum. C’est bien ce que je disais : je suis au moins la 15ème à l’embarquement. Le Chat et la Croquette sont en route. Je négocie avec le gentil môsieur qui distribue les places dans l’avion. Oui c’est ça on est 3, non pas 3 là maintenant tout de suite mais bientôt là. Oui oui c’est sur sinon je les butte. Sur la sortie de secours oui oui. Non non le Chat n’est pas une chatte, il n’est pas vieux non plus. Handicapé ? Heu non plus. Il est beau le Chat.

8h45 : Tiens le gentil môsieur a un léger tic sur la paupière. J’comprends pas. On a refait le plan de table 5 fois. Résultat on est plus ensemble et plus où on voulait. Pas grave : il est gentil le môsieur.

8h55 : Mes deux complices font leur entrée fracassante dans la vie du gentil môsieur. Il a des nerfs d’acier.

8h56 : Le gentil môsieur se demande quand même visiblement s’il ne doit pas négocier une prime de risque. Les deux femelles copines se sont mises à hurler. « Oh ptin mais je te dis que c’est Adrien SEXYYYYYYYYYYYYYYYYYY Brody », « et là et là me dis pas que c’est pas vrai on est dans le même avion que Stromaé »  « non mais Stromae quoi !!! »

8h57 : Le gentil môsieur a une oreille qui saigne. Le Chat reste stoïque tandis que nous franchissons le mur du son. 15 ans qu’il nous pratique le Chat. Un chat de compet’ quoi.

9h15 : Ma mâchoire reste décrochée figée dans une expression d’intelligence extrême. Sexy Adrien passe le contrôle avec nous. Croquette a des vapeurs. Un vrai gentleman Sexy Brody. Pis gentil. Pis sexy. Pis gentil. Pis gentleman. Pis grand. Pis sexy. Pis…

9h16 : Je me résigne à m’essuyer le menton.  J’ai l’admiration suintante.

9h50 : Comme à l’école, ils nous ont séparé dans l’avion. Je me retrouve à deux genoux des genoux de Stromae. Il est grand le Stromae. Pis un peu vulgaire. J’aime pas les gens vulgaires. Grossiers oui, mais pas vulgaires.

9h52 : Je décide de ne plus aimer Stromae.

11h30 : Il est pas épais, mais il a de l’égo le bambin. Pour la peine, je m’étale sur ses genoux en passant. A vue de nez, il boitera pour son concert ce soir. Tant pis lapin ; fallait être gentleman comme Adrien.

14h10 : 20 minutes ventre à terre et yeux exorbités pour choper la correspondance avec sac de fille et talons. 80% de ma masse capillaire est à 90°.

14h11 : Dans 55 minutes on arrive en Grèce.

14h12 : Dans 54 minutes on arrive en Grèce.

14h13 : Dans 53 minutes…

14h14 : Baffe mentale, j’aurais dû prendre un Lexo…

15h15 : 40°, on y est. Le tarmac, les passeports la douane… les hiéroglyphes. On y est !

15h20 : Excitées comme 3 mouettes devant un banc de morues, nous regardons les valises tourner, dernier obstacle entre nous et la piscine entre nous et le cocktail entre nous et le pied.

15H40 : Les valises des autres…

15h42 : Je m’attends à voir le tapis fondre sous la foudre de mes yeux bioniques.

15h45 : Croquette monte la garde comme un pitbull.

15h50 : Le Chat prend les choses en main, se frotte à l’autochtone et dompte le crotale.

15h54 : Le drame. Nos valises sont égarées. Le film de ma vie passe devant mes yeux. C’est Lost in Thessaloniki mais en pire. Nos vies sont fichues, mon brushing aussi. Adieu veau, vache, cochon, make up et pantalon. L’inventaire de nos trésors perdus s’allonge tandis que nos nerfs se tendent.

15h57 : Sauvés par le gong. Humphrey Beau Gosse se pointe à l’horizon et nous évite la rupture d’anévrisme. Inconscient du drame, de la tragédie grecque. Sur sa fière monture, il nous sauve et nous emporte. Nous séchons nos larmes et la peur au ventre, partons vers l’inconnu… Cul nu.



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