Lashio — Près de 90 000 civils ont fui les affrontements dans le nord
de la Birmanie qui opposent les rebelles et l’armée depuis plusieurs
jours, ont indiqué mercredi les autorités birmanes locales.
La situation est de plus en plus préoccupante pour le pouvoir,
confronté aussi à plusieurs autres conflits, qui menacent la difficile
transition démocratique entamée en 2011, lorsqu’un gouvernement quasi
civil a mis fin au pouvoir dictatorial de l’armée et ouvert au monde ce
pays isolé depuis des décennies.
Des villes et des villages entiers se sont vidés et des réfugiés
continuaient d’affluer vers la ville de Lashio, distante de
140 kilomètres de Laukkai, épicentre des combats qui ont repris le
9 février dans cette région apaisée depuis six ans.
Les rebelles, eux, craignent une attaque de grande envergure de
l’armée après l’instauration mardi de l’état d’urgence dans cette région
de Kokang, à la frontière chinoise.
« Les militaires ont renforcé leur présence
avec des tanks et de l’artillerie lourde. Nous pensons qu’il va y avoir
d’autres combats », a déclaré Tar Parn Hla, porte-parole pour l’armée de libération Ta’ang, qui combat aux côtés des rebelles de Kokang.
Quelque 30 000 personnes auraient passé la frontière pour se réfugier
dans la province chinoise voisine du Yunnan, inquiétant Pékin qui y
voit une menace pour la sécurité de ses frontières.
L’armée birmane avait reconnu, fait rarissime, avoir perdu une
cinquantaine d’hommes la semaine dernière. Elle a, depuis, lancé des
raids aériens contre les positions des rebelles faisant des dizaines de
morts dans leurs rangs.
D’après un député local, plus de la moitié de la population de la
localité de Laukkai aurait quitté la zone, une fuite parfois sous le feu
des combats.
Un convoi d’aide attaqué
Un convoi de la Croix-Rouge locale venu porter assistance à une
centaine de personnes qui tentaient de fuir, ont essuyé des tirs mardi
en fin de journée, ont raconté des réfugiés. « C’est
un miracle que nous n’ayons pas été touchés. Nous nous étions accroupis
dans le camion. Le chauffeur a été touché et il y avait beaucoup de
sang », a dit Maung Ying, qui a trouvé refuge à Lashio, à quelques dizaines de kilomètres de là.
« Ils tiraient depuis les montagnes des deux
côtés de la route. Je pensais que j’allais mourir, des balles volaient
juste au-dessus de nos têtes », a ajouté ce travailleur agricole, le regard hagard, précisant que cela avait duré une heure.
L’armée et les rebelles se sont mutuellement accusés d’avoir ouvert le feu sur les véhicules au sud de Laukkai.
Un autre camion transportant des dizaines de personnes fuyant les
combats a essuyé des tirs mardi matin, tuant une personne et en blessant
une autre, ont indiqué les pompiers.
Source : LeDevoir