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Oxfam tire les oreilles des banques qui continuent à spéculer sur les matières premières

Publié le 23 février 2015 par Blanchemanche
#Oxfam #spéculation #matièrespremières
NANTES, le 16/06/2011 Un champ de blŽ en Loire Atlantique
NANTES, le 16/06/2011 Un champ de blŽ en Loire Atlantique - F. ELSNER / 20 MINUTES
Deux ans pour rien? Après un premier rapport en février 2013 qui avait fait du bruit, l’organisation Oxfam tire à nouveau la sonnette d’alarme sur la spéculation sur le prix des matières premières. Malgré quelques avancées, les promesses des banques n’ont pas été tenues selon une étude publiée ce lundi. Et le montant global de ces fonds est passé de 2.583 millions à 3.561 millions d’euros.

Que disait le premier rapport?

En février 2013, Oxfam révélait dans un premier rapport que la Société Générale, BNP Paribas, Crédit agricole et BPCE géraient au moins 18 fonds indexés sur le prix des matières premières. Sous la pression, trois de ces banques avaient alors pris des engagements (différents!) pour limiter cette spéculation aux effets désastreux.

Quel est l'impact de cette spéculation?

Elle participe à l’escalade des prix de l’alimentation. Une personne sur neuf souffre de la faim dans le monde, alors qu’on produit assez de nourriture pour chacun. Mais les prix trop élevés du blé, soja, maïs, pèsent très lourd pour des ménages qui dans les pays du sud peuvent dépenser jusqu’à 75% de leur budget en nourriture. «D’après nos estimations, le prix du riz pourrait augmenter de +107% et du blé de +120% d’ici 2030», souligne Clara Jouart, auteure de l’étude d’Oxfam. Des perspectives qui pourraient plonger des millions de personnes dans la pauvreté absolue.

Quel est l'état des lieux aujourd’hui?

Ce rapport d’Oxfam dévoile que les avancées existent… mais restent bien maigres. En effet, le Crédit Agricole a cessé toute activité spéculative sur les marchés agricoles. De son côté, «la BNP Paribas avait promis de fermer deux fonds indexés sur les dix repérés. Elle a été au-delà en fermant six fonds, mais elle en a ouvert quatre similaires», tacle Clara Jouart. Même constat pour la Société Générale: elle a tenu ses engagements. Qui n’allaient pas assez loin, critique Oxfam. En effet, elle est devenue la banque française qui spécule le plus sur les prix des matières premières. En revanche, la BPCE n’avait pris aucun engagement. Ces trois banques continuent à proposer des fonds qui participent à l’augmentation et à la volatilité des prix du blé, riz, maïs…

Que prévoit la réforme bancaire?

«Quand on a publié le premier rapport en février 2013, les débats s’engageaient à l’Assemblée sur le projet de loi Moscovici, explique Clara Jouart. Qui évitait cette question. Nous avons réussi à faire en sorte qu’elle soit mise à l’agenda et trois amendements qui améliorent la transparence et la régulation de ces marchés, ont complété la réforme bancaire.» Ces deux amendements prévoient en effet que les acteurs financiers reportent tous les jours à l’Autorité des marchés financiers (AMF) l’ensemble des positions liées au marché dérivé des matières agricoles. Et l’AMP doit publier chaque semaine un rapport public sur ces transactions financières. Enfin, un troisième article impose une régulation: l’AMF doit mettre en place des plafonds aux contrats sur ces matières premières. Mais cette limitation de la spéculation ne sera mise en œuvre qu’en juillet 2015.

Pourquoi les banques continuent?

«On s’est rendu compte que les deux articles concernant la transparence ne sont toujours pas appliqués. Sur la limitation, nous ne sommes par en retard, mais la question sera de savoir où l’AMF mettra la limite», précise Clare Jouart. Mais l’Oxfam a bon espoir que les choses changent. «En décembre 2014, l’AMF a lancé une consultation sur la modification de son règlement pour pouvoir appliquer ces trois articles de loi», reprend Clara Jouart.  Et cette spécialiste de conclure: «Tout reste à faire malgré les engagements et les avancées législatives. On réitère nos demandes au gouvernement de mieux réguler ce marché indexé sur les matières premières et aux banques françaises de prendre leurs responsabilités.»
Oihana Gabriel

Créé le 23.02.2015http://www.20minutes.fr/economie/1547331-20150223-oxfam-tire-oreilles-banques-continuent-speculer-matieres-premieres

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