Comment aider l’Islam à guérir de l’impiété qui le hante, comme elle hanta les deux autres monothéismes avant qu’ils n’abjurent l’absolu pour s’inscrire, à peu près, dans le moule républicain ?
S’adresser aux indécis, dissiper les amalgames et fuir autant la compagnie de ceux qui tiennent l’Islam pour une religion barbare que ceux qui, musulmans ou non, prennent pour du racisme ce qui relève de l’humour.
Rappeler inlassablement que le blasphème n’est pas un délit et que son acceptation est une condition de l’acceptation républicaine.
Dire et répéter que les dessinateurs de Charlie Hebdo ne sont pas plus islamophobes qu’ils ne sont antisémites, car il y a une différence fondamentale entre se moquer d’une religion et le fait de stigmatiser une communauté.
Enseigne à qui veut l’entendre que la foie n’est pas un savoir mais un espoir, et que « croire » en Dieu consiste à douter en Dieu, sous peine de convertir la croyance elle-même en un dogmatisme aussi teigneux qu’incrédule.
Récuser inlassablement, en France, comme dans le monde arabo-musulman, une lecture littérale des textes sacrés, qui, les prenant aux mots, exhume opportunément, dans la sourate qui convient à sa haine, le commandement de tuer au nom du tout puissant : le Coran n’est pas moins que la Bible, un recueil de métaphores er de paraboles qu’il est passionnant d’interpréter mais dangereux de lire au pied de la lettre. A cet égard, et à titre d’exemple, comment faut-il entendre l’antique « Tu ne tueras point » ? Comme un commandement ou comme un constat ? Si c’est un commandement ( ce qu’une lecture littérale invite à penser) alors c’est une injonction stérile et constamment bafouée. Mais si c’est un constat ( ce qu’une interprétation du texte permet d’envisager comme hypothèse de travail), alors « Tu ne tueras point » signifie simplement, en la circonstance, que même si tu exécutes les hommes qui la défendent le mieux, ton geste ressuscite et affermit la liberté qu’il prétend enterrer.