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Agroécologie : création des premiers GIEE en France

Publié le 24 février 2015 par Bioaddict @bioaddict

Lors du Salon International de l'Agriculture 2015 à Paris, François Hollande, Manuels Valls et Stéphane le Foll ont signé la création des premiers Groupements d'Intérêt Economique et Environnemental (GIEE) situés en Rhône-Alpes, en Champagne-Ardenne et en Poitou-Charentes.

Les GIEE sont des collectifs d'agriculteurs reconnus par l'Etat qui s'engagent dans un projet pluriannuel de modification ou de consolidation de leurs pratiques en visant à la fois des objectifs économiques, environnementaux et sociaux. Ils constituent l'un des outils structurant du projet agro-écologique pour la France engagé par le ministre de l'Agriculture le 18 décembre 2012 pour impulser la transition écologique des modes de production de la filière agricole.

"Les GIEE sont nés : ils permettront aux agriculteurs d'agir collectivement pour l'agro-écologie", a déclaré le samedi 21 février 2015 le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, en présence du Président de la République, à l'occasion de la reconnaissance des premiers GIEE situés en Rhône-Alpes

"Les agriculteurs se sont très rapidement investis dans ces GIEE pour concilier agriculture et écologie. C'est un bon instrument à la bonne échelle qui permet aux agriculteurs isolés d'investir ensemble dans l'agriculture et la transition écologique. La parole publique se concrétise sur le territoire" a également déclaré le premier ministre Manuel Valls le 23 février 2015, lors de la signature de la création des premiers GIEE de Champagne-Ardenne et de Poitou-Charentes.

Les six premiers GIEE reconnus en Rhône-Alpes :

Le GIEE " les Robins des Champs " développe une filière locale (blé-farine-pain). Ces sept agriculteurs travaillent ensemble à protéger la fertilité de leurs sols par des pratiques agricoles agro-écologiques.

Le GIEE Methabio 07 gère un projet collectif de méthanisation agricole (gestion des déchets, création d'énergie) pour leurs sept élevages en agriculture biologique et investit dans du matériel agricole pour réduire leurs intrants et gagner en autonomie.

Six céréaliers se sont regroupés dans le GIEE Agribiotech pour réduire les pesticides dans leurs exploitations, lancer une filière en circuit-court pour le maïs et optimiser leur consommation d'énergie par l'investissement dans une unité de méthanisation.

Le GIEE CBC de la Véore regroupe cinq exploitations productrices de maïs qui veulent réduire leur consommation en eau et en pesticides. Ils développent ensemble une filière locale de luzerne semence.

Le GIEE Plaine d'Avenir s'engage dans une démarche d'agro-écologie : Ses huit exploitations veulent réduire ses intrants, optimiser ses épandages, minimiser le travail du sol et diversifier ses assolements. Ils se lancent également dans la méthanisation et vont créer une banque de travail pour aller plus loin dans leur coopération...

Le GIEE Terragr'eau engage les agriculteurs vers des pratiques agro-écologiques, économes en intrants. Il développe en parallèle une unité de méthanisation pour valoriser les effluents d'élevage.

Les trois premiers GIEE reconnus en Poitou-Charentes :

GIEE Biolo PAM 17 : six exploitations de la Charente-Maritime ont pour objectif le développement de l'agriculture biologique sur le département et notamment sur les zones à enjeu eau au travers de la mise en culture de plantes à parfum aromatiques et médicinales biologiques.
GIEE Biogatine : dix-sept exploitations des Deux-Sèvres visent le développement et la structuration de la filière des fruits et légumes biologiques dans le département par la mutualisation des moyens et la valorisation du savoir-faire des agriculteurs.
GIEE Entente Viticulteurs Eleveurs 16 : vingt et une exploitations de la Charente se sont fédérées pour mettre en place un dispositif collectif. Les viticulteurs mettent à disposition une partie de leur parcellaire à des éleveurs qui implantent un fourrage à bas niveau d'intrants pour le valoriser ensuite sur leurs élevages respectifs.
Les deux premiers GIEE reconnus en Champagne-Ardenne :

GIEE de l'oasis : quinze exploitations de la Marne et de l'Aube engagent une transition de leurs pratiques vers l'agro-écologie notamment par la mise en place de systèmes économes en intrants.
GIEE Agriculture Porteuse d'Avenir dans le Barrois (APAB) : vingt et un agriculteurs de la Haute-Marne évoluent vers des systèmes de production basés sur les principes de l'agriculture de conservation et combinant diversification et autonomie.

Développer l'agroécologie... pour avancer doucement vers un monde plus bio

Il est difficile pour un ministre de l'Agriculture d'imposer brutalement aux agriculteurs de changer radicalement leurs modes de production, de leur demander de renoncer à des pratiques auxquelles ils recourent depuis des décennies, de renoncer à l'utilisation massive des pesticides (herbicides, insecticides, anti-fongiques) et des engrais chimiques qui, certes, permettent d'augmenter les rendements, mais épuisent aussi les sols, détruisent la biodiversité, polluent les nappes phréatiques... et nuisent au bout du compte à la santé et à l'environnement. Alors n'osant pas encore présenter l'agriculture biologique comme modèle de production pour préserver de façon durable notre environnement, et notre santé, Stéphane Le Foll a choisi la voie de la patience, de la sagesse et du bon sens paysan pour atteindre son objectif de réduire drastiquement la pollution agricole dans les prochaines années. Il a ainsi lancé son " Plan agro-écologique " en 2012,... et voici en 2015 les premiers GIEE officiellement créés. Stéphane Le Foll a ainsi réussi à inciter les agriculteurs à se convertir à de nouvelles pratiques plus écologiques. Un moyen d'avancer doucement vers le développement de l'agriculture biologique en France.

"On n'avancera pas si l'on ne réconcilie pas l'économie et l'écologie. Je souhaite que se diffusent les bonnes pratiques pour une agriculture compétitive tout en étant moins gourmande en énergies et en produits phytosanitaires" a déclaré François Hollande lors d'une interview pour l'agence de presse Actuagri le 16 février 2015.

Espérons maintenant que l'agriculture prenne réellement et de manière durable le chemin de l'écologie.

Mathilde Emery


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