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Ils l'ont bien cherché (2)

Publié le 24 février 2015 par Malesherbes

Dans le numéro de cette semaine de Marianne,un article intitulé Les positions démissionnaires recense les réactions de plusieurs journalistes ou auteurs qui ne se reconnaissent pas comme Charlie : Delfeil de Ton, J.M.G Le Clézio, Virginie Despentes, Nancy Huston, Emmanuel Todd, Tariq Ramadan et Alain Badiou. Par une curieuse inversion, leurs propos visent à faire des victimes des massacres de janvier des coupables tandis que leurs assassins seraient des victimes de notre société.

Je cite ici des extraits d’un texte affiché par Virginie Despentes sur le site Internet des Inrocks : « J’ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. J’ai aimé aussi leur désespoir ». En quoi cette demande était-elle aimable, c’est-à-dire digne d’être aimée ? Et quelle était son utilité étant donné que ces assassins ont mitraillé indistinctement toutes les personnes présentes dans la pièce ? Peut-être voulaient-ils singer l’énoncé d’un verdict où l’on invite le prévenu à se lever pour écouter la sentence. Mais nul tribunal n’avait condamné ces journalistes, accusés d’avoir caricaturé le Prophète. Nul ne peut le caricaturer car personne ne connaît ses traits ! Et à la différence de ces journalistes condamnés par des terroristes, des nazis responsables de millions de morts ont cependant eu droit à un procès. Qu’est-ce qui autorisait les aimés de Virginie Despentes à administrer une peine de mort abolie par l’écrasante majorité des nations de la planète ?

Et Despentes poursuit : « Leur geste devenait aussi une déclaration d’amour –regarde-moi, prends-moi en compte. On ne tire pas sur ce qu’on ne voit pas ». C’est en effet préférable si l’on veut viser mais, en fait, il me semble qu’il doit être plus facile de tuer quand on ne voit pas sa victime. Heureusement pour Despentes, elle n’a jamais reçu de telles déclarations d’amour. Je gage que sa perception de la situation aurait été radicalement différente si elle s’était trouvée de l’autre côté de la kalachnikov.

Mais son amour est décidément sans limites : « Je les ai aimés dans leur maladresse - En effet, ces maladroits n’ont pas réussi à exterminer tous les présents - quand je les ai vus armes à la main semer la terreur en hurlant "on a vengé le Prophète" et ne pas trouver le ton juste pour le dire ». En réalité, elle se trompe, elle ne les a pas vus, elle n’était pas sur place. En direct, dans le feu de l’action, elle aurait sans doute éprouvé moins d’amour. De plus, j’ignorais qu’il y avait un ton juste pour hurler sa vengeance.

Après cette glorification des assassins, Virginie Despentes aurait sans doute du mal à encenser Amédy Coulibaly qui, lui, n’a pu appeler ses victimes par leur nom parce qu’il l’ignorait : il avait décidé de les tuer pour une seule raison : elles étaient juives.


 


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