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Phoenix

Publié le 24 février 2015 par Dukefleed
PhoenixRatage scénaristique
1945, Berlin, Nelly, survivante de l’holocauste retourne chez elle sous une nouvelle identité en espérant retrouver son mari. Espoir qui l’a aidé à tenir durant sa détention à Auschwitz.Petzold reforme de couple de son majestueux précédent film, « Barbara ». Retrouver ce trio qui m’avait tant enchanté deux auparavant constituait déjà une promesse en soit. Surtout qu’après s’être attaqué à un des grands traumas germaniques du XXème siècle avec « Barbara » et la partition tragique du pays, Petzold traite ici du nazisme et de son retour de bâton. Mais le film ne tient pas sa promesse car son scénario ne tient sérieusement pas la route. Les dérapages scénaristiques incontrôlés conduisant à la sortie de route démarre dès la genèse de l’histoire et ne font que s’empiler jusqu’au terme d’un mélodrame improbable et pesant :-   une reconstruction de visage parfaite et ce à partir de photos flous de la victime, quand on connaît ce que sont les « gueules cassées » ; -   Johnny, t’es aveugle ou quoi ? Tout le monde la reconnaît très vite (les tenanciers collabos de l’hôtel par exemple), mais pas son propre mari qui ne voie qu’une légère ressemblance. Pire encore, une fois maquillée et habillée comme sa femme, il ne la reconnaît toujours pas ;-   Johnny, t’es sourd ou quoi ? Il ne reconnait la voix de sa femme que dans les derniers instants lorsqu’elle chante avec tout le talent qui faisait d’elle une chanteuse connue et reconnue… éloquent…-   Johnny, en fait est un déficient intellectuel profond certainement. Sa femme l’interpelle dès la première scène par son véritable prénom qu’il n’utilise pas, il se retourne, croise son regard et s’arrête là sans faire le rapprochement… Waoww et c’est pas fini, sa femme lui glisse à l’oreille le titre de leur morceau fétiche dans la scène finale ; comment peut-elle le connaître ?-   Johnny demande aussi à Nelly d’imiter l’écriture de sa femme à partir d’une petite liste de course, elle y arrive rapidement. Bon pourquoi pas, la fille est peut être une faussaire. Mais juste après sous la dictée, elle rédige une lettre copiée collée de l’originale… et pour couronner la séquence, elle imite la signature au premier regard… -   Et puis il y a aussi tout le discours sur le retour des camps. Trop drôle. Elle simule son retour des camps pour rendre le change à l’entourage ; habillée en parisienne, pas amaigrie. Petzold n’a pas regardé de documentaires sur la libération des camps !!! Johnny lui dit aussi qu’elle n’a rien à craindre, personne ne va l’interroger sur les camps. Elle invente en direct à ce moment là une histoire hyper crédible ; normale, elle l’a vécu, et lui toujours pareil, il trouve çà logique. Et pour finir, la grande scène du tatouage. Johnny à quelques jours de son simulacre de retour, il souhaite qu’elle fasse un tatouage pour rendre l’histoire crédible. Il ne sait pas si elle fait ou non ce tatouage, mais par contre dans le final, lorsqu’il voie le tatouage sur le bras, il se rend compte qu’il s’agit de sa femme. En clair, on prend le spectateur pour un simple d’esprit à l’image de Johnny ; l’hypothèse du jeu de dupe réciproque ne tient pas. L’autre hypothèse d’un film parlant de la reconstruction personnelle ; une sorte de phénix renaissant de ses cendres au travers de cette histoire. Hypothèse crétine, on ne peut que la ressentir encore plus brisée au terme du film ; j’avais même peur d’entendre un coup de revolver au loin juste avant le mot fin.Reste que ce film possède tout de même quelques atouts mais qui ne permettent tellement pas de passer outre la fantaisie scénaristique. Un des intérêts majeurs réside en fait dans la relation entre Nelly et Lene, car elle pose une question très intéressante qui aurait mérité d’être creusée : peut-on revenir vivre sur les lieux de son rapt au milieu des collaborateurs actifs ou passifs lorsque l’on a été victime de l’Holocauste ? Et puis, il y a aussi l’interprétation toute en nuance de Nina Hoss qui tenait déjà bien la barque dans le rôle de « Barbara ».Là où Almodovar ou Tourneur choisissait l’angle du fantastique et du thriller pour exploiter leur sujet ; l’absence de cohérence participait au récit ; ancrer dans la réalité, les mêmes incohérences condamnent le film.
Sorti en 2015

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