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Wait & Tsipras !

Publié le 25 février 2015 par Despasperdus

L'accord entre la Grèce et l'eurogroupe de la zone euro suscite interrogations, voire des cris d'indignation. Contrairement à ce qu'affirment des médias dominants aux mains du capital, Tsipras n'a pas trahi, il a gagné un compromis, lui permettant de préserver l'essentiel de ses engagements. Sauf que dans 4 mois, pourra-t-il en obtenir un autre sans tomber dans la compromission ?

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Avant d'instruire un procès contre lui, il faut mesurer les conséquences politiques des négociations qui ont abouti à l'accord.

Tout d'abord, le gouvernement grec a cassé l'unanimisme de façade de l'eurogroupe, sans parvenir toutefois à le diviser et à briser son encerclement.

Ce faisant, il a tout de même révélé le rôle central et dominateur de l'Allemagne dans la zone euro. Seule l'Allemagne, et certainement pas son peuple, profite d'un euro fort.

De plus, le gouvernement grec a montré combien l'euro est une absurdité, un carcan qui empêche l'exercice plein et entier de la démocratie, une arme aux mains de puissances extérieures qui se moquent de la volonté populaire exprimée lors des élections.

La monnaie est le reflet d'une économie et un instrument économique aux mains du gouvernement. Si les pays de la zone euro disposaient chacun de leur propre monnaie, la domination de l'économie allemande via le dumping social ne serait pas aussi importante. Il suffirait de dévaluer la monnaie à la fois pour assurer la compétitivité économique par rapport à l'Allemagne et pour réduire la dette publique...

Ensuite, le gouvernement grec a obtenu des concessions. Certes, il a du avaler la couleuvre des privatisations en cours et remettre à plus tard la hausse des pensions de retraite et du salaire minimum, mais il a tenu bon pour imposer des mesures d'urgence humanitaire relatives aux droits à l'alimentation et aux soins pour tous, ainsi que des mesures pour lutter contre la corruption et la fraude fiscale. Contrairement à ses prédécesseurs, Tsipras n'a pas les mains totalement liées, il a obtenu de maigres marges de manœuvre, ce qui constitue une avancée indéniable.

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Hé oui, en 5 ans, la Grèce est devenue un pays du Tiers-Monde grâce aux fameux plans dits d'aide de la Troïka : sacrée performance politique ! La population souffre de sous-alimentation et d'un manque d'accès aux soins. C'est en partie pour ça que la Grèce a dû batailler contre tous les pays de la zone euro.

Tsipras a obtenu quelques milliards d'euros et un répit de 4 mois durant lequel il pourra mettre en œuvre les mesures les plus urgentes de son programme.

Mais que se passera-t-il sitôt ce délai passé ?

A l'instar de l'économiste Jacques Sapir, j'estime qu'il serait judicieux que Tsipras et Syriza innovent et se préparent à toutes les éventualités, dont une sortie de l'euro, si le rapport de forces, notamment face à Allemagne de Merkel, demeure aussi défavorable.

Après tout, la vie en dehors de la zone euro n'est pas un enfer comme le démontrent bien des pays européens...


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