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Paroles de bénévoles : Dalila accompagne Karim dans sa réinsertion

Publié le 19 janvier 2015 par Asse @ass69014555

Entraides-Citoyennes maraude tous les samedi soir à Paris. Outre la distribution de denrées alimentaires, de produits d'hygiène et de vêtements, nous discutons avec les personnes sans-abri ou sdf rencontrées qui ont surtout soif de contacts. Parfois, elles expriment un besoin particulier que les bénévoles de notre association cherchent à combler.

Il peut s'agir de scolariser un enfant, de se faire soigner, d'être hébergé quelques nuits ou, comme cela a été le cas pour Karim, 74 ans et des années de rue, retrouver ses droits pour [sur]vivre !

Karim* a 74 ans. Nous lui rendions visite bien avant la création de l'association, tous les samedis soirs depuis 3 ans. Et il était sûrement là avant que nous n'entreprenions nos maraudes... Il faisait partie des gens qui demandent à être réveillé lors de notre passage, quelque soit l'heure, pour discuter un petit peu... Il nous assurait systématiquement que " tout allait bien ! "... Tout ce temps, il n'a jamais formulé d'autre demande qu'une cravate, une chemise propre, un pantalon ou une veste... Car Karim est toujours parvenu à donner le change partout où il allait : toujours souriant, aimable et parvenant à demeurer propre et sur son 31 !

Mais voilà, son moral a soudain baissé après le vol de toutes ses affaires, la perte de ses papiers d'identité et de sa carte de séjour et une rage de dents douloureuse qui lui a gonflé le visage jusqu'aux yeux. C'est Dalila, l'une de nos bénévoles, qui a décidé de mener à bien la réinsertion du vieil homme !

La perte des papiers entraîne une absence de droits

Paroles de bénévoles : Dalila accompagne Karim dans sa réinsertion
" La première action a consisté à déclarer sa perte de papier auprès du commissariat du 7e. Puis Karim m'a orienté vers une assistance sociale de la mairie de 7e, qui avait suivi son dossier... il y a plus de 10 ans ! " Malheureusement, aucune archive de ses actions n'a été retrouvée. Il a fallu reprendre les démarches depuis le début !

" Nous avons écrit au frère de Karim, qui vit à Alger, que nous avons invité à prendre contact avec nous et à nous fournir l'extrait de naissance de Karim pour nous aider à refaire ses papiers. " Pour mener à bien cette démarche, il faut que l'intéressé bénéficie d'une domiciliation permettant à toute personne sans domicile stable ou fixe de disposer d'une adresse administrative où recevoir son courrier et faire valoir certains droits et prestations. Mais l'obtention de cette domiciliation n'est pas aisée sans carte de séjours ! Entraides-Citoyennes a rédigé une attestation témoignant de ses relations avec Karim depuis plus de deux ans pour établir sa présence sur la ville et témoigner de ses efforts de réinsertion.

" Le vieil homme est parvenu lui même à obtenir sa domiciliation auprès d'une antenne d'Emmaüs. Sa famille nous a envoyé le document et nous a mis en contact avec Kader, un ami de son village vivant en France, pour le soutenir dans les formalités administratives. Karim et Kader ont difficilement obtenu un rende-vous à la préfecture pour déposer le dossier de carte de séjour ". A suivre...

Une chaîne de solidarité

" Avec l'aide d'une autre bénévole, Nadia, Karim a obtenu gratuitement un bilan de santé et un bilan dentaire auprès des services sociaux des hôpitaux Saint Louis et la Salpêtrière. Ayant une bonne santé général, Karim nécessite tout de même de soins dentaires. Pendant ce temps, un ami de Kader, propriétaire d'une chambre d'hôtel en banlieue, y loge gratuitement Karim quelque temps.

Son dossier est également suivi par Emmaüs qui lui obtient une carte de soins, se charge de lui refaire ses lunettes, lui obtient enfin un hébergement dans un centre social et assure son suivi sanitaire et administratif. Aujourd'hui, Karim dispose d'une attestation de résidence à Paris, document essentiel pour la constitution de sa carte de séjour. Il se dit lui-même changé.

Tout n'est pas encore parfait... Pour le moment, il ne dispose pour se nourrir que des dons alimentaires que notre association lui livre chaque semaine. Il faut encore attendre que son dossier soit soumis en préfecture et qu'une réponse soit donnée ".

En attendant, si les choses avancent pour Karim qui est enfin au chaud, il reste à régler l'alimentation de Karim. Car tant que sa situation administrative ne sera pas réglée, la porte des associations qui pratiquent l'aide alimentaire lui demeure fermée. Alors nous le livrons chaque semaine pour qu'il puisse se nourrir...
Voilà comment l'entraide citoyenne peut aider ceux qui n'ont plus rien à se tourner vers l'avenir. Il suffit pour cela d'ouvrir les yeux sur les " invisibles de la rue " et de leur offrir un peu de temps.

* Le prénom de Karim a été modifié et sa photo floutée pour lui permettre de faire ce qu'il veut de son passé

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