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Mônica Passos : une voix en or pour porter les luttes des peuples

Publié le 15 janvier 2015 par Asse @ass69014555
Après une semaine si bouleversante Mônica Passos était sur scène le mercredi 14 janvier au Studio de l'Ermitage à Paris pour un nouveau Vermelhinho : une histoire de la lutte des peuples pour la Liberté. Pour panser nos blessures avec de l'Amour, seul Solvant Universel, et protester contre la récupération politicienne de notre douleur par les fronts haine.
A l'entracte, sur scène, Jean-Baptiste Eyraud, président du DAL et Sylvie Lhoste d'Entraides-Citoyennes présentaient leurs actions.

" Mônica " pasionaria " Passos, je la connais depuis 30 ans ", dit Sylvie, présidente d'Entraides-Citoyennes. " Elle a toujours été comme ça : une voix en or, un cœur gros comme ça, des yeux grands ouverts sur le Monde, une solidarité à toute épreuve avec les démunis, le tout sans jamais se prendre au sérieux ! Dans les années 80 nous avons fait connaissance sur le réseau social de l'époque : le minitel ! Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître mais qui permettait avant internet de communiquer par écrit et de se transmettre des fichiers via des Réseau Téléphonique Commuté avec la terre entière pour le prix d'une communication téléphonique. Elle était alors déjà la Carmencita del Tralala que je porte toujours dans mon cœur : une femme pleine d'humour, engagée, solidaire, combative et drôle. Vous en connaissez beaucoup d'autres qui défendent les droits de l'homme sous les applaudissements d'une salle, vous ? "

Native de São Paulo, Mônica Passos vit en France depuis 1980. Musicienne, chanteuse, auteure-compositrice, elle est aussi une comédienne née, une diva sans complexe ni fausse modestie, à l'aplomb débridé, à la gouaille explosive. Sur scène, elle en impose autant par la virtuosité de ses improvisations que par la drôlerie de certains récits et confidences.

Depuis 1989, Mônica Passos a sorti une demi-douzaine d'albums à son nom et travaillé avec de célèbres jazzmen comme Archie Shepp, Emmanuel Bex, Bernard Lubat, Aldo Romano ou, plus récemment, Baptiste Trotignon.

" Vermelhinho ", véritable coup de gueule anticapitaliste, et un hommage au poète brésilien Vinicius de Moraes, dont 2013 marquait le centenaire de la naissance.

Extraits du concert de Mônica Passos au Studio de l'Ermitage le 19 décembre 2012,
avec Daniel Beaussier (saxophones), Hervé Morisot (guitare 7 cordes), Miguel Fernandez (cajón),
Edmundo Carneiro (percussions), Jean-Baptiste Marino (guitare flamenca)
Vermelhinho est donc né de l'urgence de s'engager, de passer un message. Comment avez-vous constitué votre répertoire ?

Avec " Vermelhinho ", toute de rouge vêtue, jusqu'aux fleurs dans ses cheveux, la chanteuse ravit le public du Studio de l'Ermitage. Entre concert et happening, chaque soirée réserve son lot de surprises, d'invités inattendus, d'instants d'émotion contenue, de minutes truculentes. Mônica Passos s'entoure sur scène d'un groupe pouvant compter jusqu'à six musiciens.

Il y a aussi quelques chansons brésiliennes, mais elles ne sont pas majoritaires.

Le répertoire se compose de chants révolutionnaires français, sud-américains ou espagnols, de chansons célèbres - d' Hasta Siempre à Avec le temps, en passant par le sublime Alfonsina y el Mar - réarrangés dans des rythmes latinos, flamenco ou bossa nova, et de surprises.

Avez-vous réalisé les arrangements des chansons de " Vermelhinho ", ou est-ce un travail partagé avec les musiciens qui vous accompagnent ?

Je suis une transmetteuse et j'ai envie de communiquer des choses à la nouvelle génération. Au Brésil, les grands artistes sont au service d'une tradition de transmission. En France, c'est le contraire. N'importe quel petit merdeux se sent supérieur dès qu'il fait sa petite composition ! Je trouve plus important de parler de Vinícius de Moraes que de parler de moi. Je n'ai pas besoin de parler de moi. Je suis quelqu'un de libre qui vient de la théologie de la libération (courant de pensée sud-américain, ndlr), des cathos marxistes. On est destiné à ne pas gagner d'argent, à ne dépendre d'aucune chose de la vie matérielle, à avoir les meilleurs amis du monde, à rigoler et à s'entraider.

(Propos recueillis par A.Y. le 23 mars 2014)
Mônica Passos : une voix en or pour porter les luttes des peuples

J'ai commencé par des titres obligatoires pour cette thématique. D'abord, La Marseillaise, avec de nouvelles paroles écrites par Francis Marmande (écrivain, critique musical, musicien, ndlr). Puis le morceau russe Podmoskovniye Vetchera, que je chantais dans sa version portugaise, Noites de Moscou, quand j'étais petite. Rat de bibliothèque, j'étais éperdue d'amour pour Tolstoï. Ensuite, Bella Ciao, un chant qui peut être associé aux anarchistes. J'aurais voulu parler des anars, mais je crois en un État fort, mais dans la mesure où l'État, c'est toi, c'est moi, c'est tout le monde, et pas un apparatchik.

J'ai voulu ajouter des choses qui m'ont donné l'envie de vivre à un moment où, pendant la dictature militaire au Brésil (1964-1985, ndlr), tout le monde était en train de disparaître. Il y avait une espèce de plaque de plomb. Or, il y avait des civils qui s'en foutaient. Ça m'avait fait horreur. Je suis partie du Brésil fâchée avec le peuple brésilien, la classe moyenne brésilienne. Je chante quatre morceaux en portugais, dont deux de Geraldo Vandré, Arueira et Caminhando, une chanson qui a failli lui coûter la vie. Ces titres ont marqué mon enfance. J'ai mis surtout des chansons de l'Amérique du Sud hispanophone. J'ajoute aussi que quand j'ai fait ce spectacle, la première chose que j'ai voulu faire, c'est demander pardon au peuple du Paraguay en tant que Brésilienne. Au Brésil, on a fait des guerres horrifiantes. Le Paraguay a été démantelé par l'Argentine, le Brésil...

J'ai fait les arrangements de " Vermelhinho " à quelques exceptions près. J'ai confié à Marc Madoré (bassiste, guitariste, arrangeur, ndlr) l'arrangement de La Marseillaise que nous interprétons avec les nouvelles paroles. J'ai aussi demandé à Marc de composer une mélodie très française, puisqu'il porte cet héritage, sur un poème de Louise Michel.


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