Teachers

Publié le 28 février 2015 par Polyphrene
I met a woman long agoHer hair the black that black can go,Are you a teacher of the heart?Soft she answered no.
I met a girl across the sea,Her hair the gold that gold can be,Are you a teacher of the heart?Yes, but not for thee.
I met a man who lost his mindIn some lost place I had to find,Follow me the wise man said,But he walked behind.
I walked into a hospitalWhere none was sick and none was well,When at night the nurses leftI could not walk at all.
Morning came and then came noon,Dinnertime, a scalpel bladeLay beside my silver spoon.
Some girls wander by mistakeInto the mess that scalpels make.Are you the teachers of my heart?We teach old hearts to break.
One morning I woke up alone,The hospital and the nurses gone.Have I carved enough my Lord?Child, you are a bone.
I ate and ate and ate,No I did not miss a plate, wellHow much do these suppers cost?We'll take it out in hate.
I spent my hatred everyplace,On every work on every face,Someone gave me wishesAnd I wished for an embrace.
Several girls embraced me, thenI was embraced by men,Is my passion perfect?No, do it once again.
I was handsome I was strong,I knew the words of every song.Did my singing please you?No, the words you sang were wrong.
Who is it whom I address,Who takes down what I confess?Are you the teachers of my heart?We teach old hearts to rest.
Oh teachers are my lessons done?I cannot do another one.They laughed and laughed and said, Well child,Are your lessons done?Are your lessons done?Are your lessons done?
Cet étrange poème aux rimes redoublées pourrait être lu comme l’éducation sentimentale chantée par Léonard Cohen sous forme de questions sans réponse. Si ce récit est, clairement, autobiographique, il réveille en chacun de nous le souvenir des errements de l’âme lorsque, pour la première fois le corps s’enflamme et le cœur s’emballe, lorsque l’on découvre, étonné, des pulsions qui ne prennent de sens qu’avec des sentiments, mais que l’on ne sait encore ni pourquoi, ni à qui, ni comment…La grâce d’un visage, les reflets de cheveux, l’élégance de courbes, la douceur d’une voix, la lumière d’un regard… tout fait battre le cœur, et fait monter la sève, et fait brûler la peau.Mais l’on ignore tout de ce qui peut permettre d’aller au fond du cœur, de voir au fond de l’âme car l’on ignore tout… de soi-même. Pour apprendre à aimer, apprendre à être aimé, qui écouter ? Qui suivre ?Quel étrange malaise s’empare de nous quand notre cœur ne trouve ni reflet ni écho à son trouble ? Quel remède trouver ? Faut-il souffrir encore, jeûne et abstinence, ascèse et solitude ?Et l’on pense mourir tant la vie nous appelle.Puis c’est le corps qui parle et le cœur qui se tait. Poussé par le désir, mais jamais rassasié, ne sachant pas encore ni aimer ni haïr, nous tentons d’accorder les sentiments confus qui se bousculent en nous en cherchant une issue. Nous voudrions offrir de nous ce qui est beau, mais que nul ne peut voir s’il n’aime pas déjà. Nous voudrions paraître ce que nous ne sommes pas, ou pas encore, ou pas tout à fait.Croyant avoir compris la profondeur du cœur, nous sommes encore blessés par le mépris épais qui glisse à sa surface. Et nous cherchons longtemps, avec un faible espoir, le regard qui enfin verra que nous voyons au delà du paraître. Mais, un jour, un regard, quelques mots, un silence, se frayent un chemin au plus profond de nous. Les couleurs, les reliefs apparaissent alors dans la chaude lumière qu’on appelle l’amour.On comprend que le cœur n’a point de professeur. Ni leçons ni devoirs ; un seul guide : l’espoir. L’amour ne s’apprend pas. On apprend à donner ; à recevoir, aussi. On apprend à parler, et à mieux écouter. On apprend la confiance, et la sincérité. On apprend la patience, et la ténacité. On apprend la douceur, on apprend la tendresse. En apprenant à vivre, on apprend le bonheur.A Hélène
Professeurs
J’ai rencontré une femme, jadisLes cheveux noirs comme la nuitEs-tu un professeur du cœur ?« Non », elle répondit
J’ai rencontré une fille, là-basCheveux dorés, fins comme soieEs-tu un professeur du cœur ?« Oui, mais pas pour toi »
J’ai rencontré un pauvre hèreDans un coin, je l’ai découvert« Suivez-moi », dit le vieux sageEn marchant derrière
Je rentrais dans un hôpitalNul n’allait bien, nul n’allait malAu départ des infirmièresJ’étais tout à fait bancal
L’aube vint, et, pour midiAvec ma cuillère d’argentJe trouvais un bistouri
Des filles entrèrent par erreurOù les bistouris font un malheurQu’enseignez-vous à mon cœur ?« La rupture aux vieux cœurs »
M’éveillant, un matin tôt,Plus d’infirmières, et plus hôpitauxAi-je assez tailladé, seigneur ?« Tu n’as plus que les os »
J’ai mangé, mangé, mangéPas un plat je n’ai négligéCombien coûte tout cela ?« En haine, on peut l’échanger »
J’ai donc haï en toute placeA tout travail, sur toute faceQuelqu’un m’offrit des vœuxJe fis vœu que l’on m’embrasse
Des filles m’ont embrassé d’abordEt des hommes l’ont fait alorsEst-ce une passion parfaite ?« Non, recommence encore »
J’étais fort, un ApollonSachant les paroles des chansonsMon chant vous-a-t’il plu ?« Les mots ne sont pas les bons »
A qui est-ce que je m’adresse ?Qui entend ce que je confesse ?Qu’enseignez-vous à mon cœur ?« Aux vieux cœurs, la sagesse »
Professeurs, ai-je fait mes devoirs ?En faire plus, je ne pense pas pouvoirIls rirent, et rirent, et dirent : « Petit,As tu fait tes devoirs ?As-tu fait tes devoirs ?As-tu fait tes devoirs ? »

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)