Le ministre de l’industrie et des mines : « Le partenariat public-privé est aujourd’hui un impératif »

Publié le 28 février 2015 par Ouadayazid1

«C’est certainement la fin du tutorat sur les entreprises publiques.» Une affirmation du ministre de l’Industrie et des Mines, pour annoncer l’entame d’une ère de gestion nouvelle au niveau de l’activité industrielle, à la faveur de la reconfiguration du secteur public marchand.

«C’est la réforme elle-même qui l’organise puisqu’aujourd’hui, le groupe industriel, contrairement aux holdings et aux SGP, n’a aucun intermédiaire entre lui et l’Etat propriétaire », d’autant plus qu’il est « conforté dans sa position, à travers, un conseil d’administration qui, là non plus, ne comporte plus de représentants de fonctionnaires, mais seulement, des banquiers et des experts ». Cette réforme stipule qu’entre le propriétaire et le groupe, un contrat de performance sera identifié et signé, sur la base d’objectifs annuels confiés à ce groupe, avec une évaluation trimestrielle. M. Abdesselam Bouchouareb qui était, jeudi dernier, l’invité de la rédaction de la Chaîne III de la radio nationale, à l’occasion d’une émission consacrée à « la nouvelle stratégie de relance de l’industrie nationale », a précisé « qu’à la différence des autres systèmes d’organisation, la configuration actuelle va projeter les groupes au cœur de l’activité économique, « sans aucune liaison et aucune contrainte ».

En fait, chaque période économique et sociale qu’a connue notre pays a été marquée par un système de fonctionnement du secteur économique public. Aussi, « depuis 2002, les SGP étaient venus à un moment où l’Etat avait décidé d’aller vers les privatisations, et l’ouverture de capitaux. Par conséquent, « ils ne pouvaient pas être des acteurs pour le développement des filières dans lesquels ils étaient ». Dans le même ordre d’idées, le ministre a affirmé qu’on a opéré « les changements qu’il faut », pour faire part de l’achèvement d’une étude « d’évaluation et de recensement sur tous les produits industriels importés depuis les quinze dernières années ». Ainsi, trois grandes filières, dont la sidérurgie, la métallurgie, la mécanique, mais aussi, les produits manufacturés, dont les textiles, et cuirs, et tout ce qui va avec ces grandes filières génèrent 30 milliards de dollars d’importations. « Nous avons décidé, une fois que les groupes détermineront leur périmètre et établiront leur plan d’action, d’ici fin juin, de réorienter les groupes et les secteurs privés car, aujourd’hui, on ne fait aucune différence entre, les deux, et même, dans certaines situations, on appellera à des partenariats directs ». Dans le cadre de cette configuration nouvelle, « on va réorienter les investissements vers les filières identifiées pour, non seulement, diminuer la facture de l’importation, mais surtout, donner, grâce aux marchés garantis à ces entreprises, la chance à ces groupes d’augmenter en taille, en capacité, et en compétitivité pour qu’ils puissent concurrencer les entreprises étrangères ».
« Le dossier du foncier est en phase de finalisation »
Et de préciser que le choix est porté sur les industries sidérurgique, métallurgique, mécanique, entre autres, qui à elles seules, comptabilisent à peu près à 7 milliards de dollars d’importation. Les industries manufacturières, les cuirs et textiles sont aussi inclus dans ce plan, la production nationale arrivant à peine à couvrir 20% des besoins de notre pays. « Les groupes industriels ont les moyens financiers pour se développer, d’aller vers des partenariats ». A ce titre, « nous avons au niveau du ministère la mission de coordonner un groupe interministériel avec les partenaires sociaux pour améliorer le climat des affaires et l’environnement de l’entreprise » et « nous agissons dans le même sens avec le groupe « Doing business » que nous présidons ». Un rapport mensuel est envoyé au Premier ministre, et tous les secteurs, sous la conduite du Premier ministre lui-même, sont adossés à une série de mesures claires à exécuter avant le 31 mars par des textes. « Le registre du commerce électronique, le dédouanement en huit jours, le permis de construire en vingt jours, ce n’est pas une vue de l’esprit. C’est une voie parallèle sur laquelle le gouvernement insiste pour que les choses avancent », a-t-il affirmé. Pour le foncier, le ministre a fait part d’un travail de recensement, pour évaluer les excédents et le résiduel. « Nous sommes en train de finaliser le dossier », a-t-il souligné. Ce potentiel foncier important devra permettre, a indiqué le ministre, « de réorienter, en priorité, les investissements qui, rentrent dans l’import-substitution, dans le cadre de partenariats ou d’IDE ». M. Abdesselam Bouchouareb a déclaré, qu’à fin mars, 23 parcs industriels démarreront alors que 20 ou 22 autres suivront en septembre. D’ici la fin de l’année, les 23 parcs seront réceptionnés, le reste le sera à fin mars 2016. Quant à la gestion de ces espaces, le ministre a déclaré avoir proposé qu’elle soit prise en charge par les chambres de commerce et d’industrie, « les textes actuels ne permettant pas à une entreprise d’être aménageur comme le sont les promoteurs immobiliers ».
Dépénalisation de l’acte de gestion : « Lever la confusion »

Le ministre de l’Industrie et des Mines récuse le terme de dépénalisation de l’acte de gestion, il a insisté sur la nécessité de lever la confusion à ce niveau. En fait, « un acte délictuel relève du pénal, la prise de risque, non », a-t-il affirmé.
« Ce qu’on est en train de régler au niveau du gouvernement », consiste à établir « la différence entre l’acte délictuel qui, lui relève du pénal, même dans le code du commerce, et la prise de risque, qui elle, est un acte de gestion quotidien », ne devant pas relever du pénal. Pour le dossier de la dépénalisation de l’acte de gestion, le ministre parlera d’une seconde réunion du Conseil du gouvernement qui est attendue, et que, les choses devront être améliorées. « Les améliorations attendues seront à la hauteur des espérances », a-t-il rassuré. Dans ce contexte, le ministre annoncera la révision des salaires des managers du secteur public, « qui étaient ridicules ». « J’ai obtenu du CPE, l’autorisation de la révision des salaires, lesquels, admet-il, « sont à un niveau très bas par rapport à la mission et les enjeux ». Le ministre apportera cette précision que, les rémunérations des managers du secteur public seront « augmentés avec une variable qui sera importante » et seront ramenés « au même niveau que les autres groupes, à l’instar de Sonelgaz et Sonatrach ».
Et d’ajouter « qu’il est hors de question qu’un groupe qui gère 68 ou 70 entreprises se retrouve avec un salaire bas ». Quant à l’application des nouvelles augmentations, le ministre indiquera « qu’à fin juin, au plus tard, quant nous retournerons au CPE pour présenter les plans d’action des différents groupes industriels, nous proposerons aussi, les contrats de performance qui y seront adossés, et à ce moment-là, on saura régler ce problème. »
« Dépasser 7% de croissance d’ici 2019 »

L’objectif de 7% de croissance fixé dans le plan du gouvernement sera atteint et pourrait même être dépassé, selon le ministre de l’Industrie et des Mines. En effet, « la nouvelle donne est que lors de la dernière réunion du Conseil des ministres restreint, les instructions du Président de la République étaient très claires dans ce sens ». Autrement dit, « on priorise les investissements pour diminuer la facture des importations. L’étude qu’on a finalisée met en évidence les filières destinées à les accueillir ».

Et de rassurer que « le foncier industriel sera disponible et l’accompagnement bancaire garanti ». Aussi, le gouvernement « est prêt à accompagner, à aider les entreprises qui vont dans ce sens ». Dans sa lancée, il dira que « l’acte d’investir est souverain, et que nous ne pouvons qu’orienter l’investisseur vers des bassins naturellement forts ». Ecartant toute prétention quant à quantifier les emplois attendus de cette démarche, le ministre confirmera, par contre que, qu’il s’agit d’un « plan pluriannuel qui viendra apporter cette croissance économique, forte, durable et cumulable pour qu’elle puisse financer notre économie et sortir des financements par les hydrocarbures. »
« Le partenariat public-privé ne signifie pas privatisation »

Le secteur privé à son rôle et sa place dans la stratégie industrielle. « C’est une donnée qui est là et je fonde beaucoup d’espoir sur la participation du privé ». M. Abdesselam Bouchouareb souligne, à ce propos que « le ministère de l’Industrie n’est pas celui de l’entreprise publique, mais de l’entreprise publique et privée.

Je compte sur le savoir-faire et le dynamisme et même les financements des secteurs privés qui viendront en partenariat avec les entités publiques ».


En fait, « le partenariat public-privé est aujourd’hui un impératif », reconnaît le ministre. Même le Chef de l’Etat « vient d’insister sur cet aspect ». Le ministre apportera cet éclairage que le partenariat public-privé ne peut traduire une privatisation. « Dans mon projet de changement du code des investissements, j’ai supprimé un article qui parle de privatisation et substitué par ouverture du capital », a-t-il dit. Cette option reste motivée par un besoin de financement ou un transfert de technologie, a indiqué le ministre de l’Industrie et des Mines.
D. Akila
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