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L’Innocente (Récit complet)

Publié le 03 mars 2015 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « L’Innocente »

Scénario de Eric Warnauts, dessin de Guy Raives et Eric Warnauts, couleurs de Guy Raives,

Style : Aventure, Historique

Public conseillé : Adultes / Adolescents + 12 ans
Paru aux éditions Le Lombard, le 13 février 2015, 80 pages couleurs, 14,99 euros
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L’histoire

Le Troisième Reich s’épuise mais continue son travail de propagande près de jeunes femmes embrigadées dans des centres de formation de la future élite nationale-socialiste. A l’abri des grandes villes pilonnées par l’aviation alliée, Nina Reuber y apprend le décès de ses grands-parents lors du dernier bombardement de Köln. Désemparée, elle décide de fuir l’Ordensburg Vogelgang pour rejoindre sa tante à Berlin. Pour cela, elle devra se déguiser en garçon pour se faufiler dans un pays aux abois. Réquisitionnée par des soldats américains comme « traducteur », son dangereux périple lui fera toucher du doigt la cruauté des lois de la guerre, celles des « plus forts » qui avilissent les vaincus puis l’énormité des exactions commises par les nazis. Jeune, belle, à l’esprit indépendant, elle aura beaucoup de mal à conserver cette innocence qui l’habite encore lorsque débute ce récit marqué par l’Histoire.

L’Innocente (Récit complet)
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Fin d’une guerre, dépeçage de Berlin…

Comme pour beaucoup de leurs ouvrages, Warnauts et Raives ont convié la Grande Histoire pour jalonner leur récit. Mars 1945, l’Allemagne s’écroule, enfoncée à l’Ouest par les Américains et les Britanniques, à l’Est par les Soviétiques. Avec Nina, nous suivons l’avancée des Américains, libérant des villes exangues, presque totalement détruites et vidées de leurs habitants.

« L’Innocente » découvre toutes les facettes du théâtre de la guerre. Les humiliations, les violences bestiales des militaires, la fragilité d’être femme parmi des militaires en campagne…. Premier accroc sérieux à son Innocence.
Ensuite, ce sera la course au partage de Berlin, les enjeux phénoménaux de pouvoir et, la grande claque, le procès de Nuremberg qu’elle découvre en accompagnant une journaliste française. Découvrant les crimes contre l’Humanité commis par les Nazis, son écœurement absolu  s’accompagne d’une honte d’avoir vécu parmi eux, sans doute d’avoir cru en eux (on ne sait pas si Nina était volontaire pour être dans les jeunesse hitlériennes)… L’Innocence vacille et s’effondre.
Avec beaucoup de sensibilité, les deux auteurs dressent le portrait d’une jeune fille dont l’humanité est violemment confrontée à la monstruosité. Autour d’une cavale amoureuse, désabusée, la jeune allemande découvre avec mépris le cynisme froid des enjeux politiques, les trafics ignobles et les petits arrangements entre ennemis d’hier et complices d’aujourd’hui. Elle rêvait de jours nouveaux… Fin de l’Innocence.

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L’Innocente rejoint Signé

Warnauts et Raines ont trouvé un angle passionnant pour aborder cette page complexe de la fin du second conflit mondial. Vous l’avez compris, l’Histoire est le moteur principal de cette bande dessinée, lourde, dramatique. Sans cesse, elle s’oppose à la petite musique humaine qui  swingue sur des musiques américaines dans une irrésistible envie de liberté, sans doute pour oublier passé et angoisses venant de l’Est. Sous le trait élégant et réaliste, la sensibilité des images et la finesse narrative sont là, même si elles laissent en suspens nombre questionnements que beaucoup de lecteurs se poseront.  Nina est belle, c’est un magnifique personnage, mais j’aurais aimé mieux la connaître et ne pas la quitter si rapidement… Ce n’est pas un défaut, juste un regret, preuve que ce voyage m’a séduit et fortement intéressé. Et le graphisme à quatre mains de Warnauts et Raives est vraiment magnifique.
Publiée en 1991 chez Casterman, « L’Innocente » rejoint aujourd’hui la collection Signé au Lombard, près des deux diptyques « Après-guerre » et « Les Temps nouveaux ». Quelques jolis fleurons d’une magnifique collection.

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