Il n'est plus besoin d'exposer longuement ce qu'est le burn-out, ce syndrome d'épuisement professionnel lié à un stress excessif et durable. J'en ai déjà largement parlé il y a quelque temps dans cet article. Plus de 3 millions de personnes en souffriraient en France*.
Les médecins prennent désormais en compte son exact opposé, le bore-out - littéralement, le syndrome d'ennui au travail. Il touche des personnes sous-employées au regard de leurs compétences et de leur temps de travail. Elles ont soit trop peu d'activité (en quantité), soit des activités insuffisamment qualifiées, ou bien encore elles ont été "placardisées", dans l'espoir de les faire démissionner.
Les conséquences du bore-out sont quasiment identiques à celles du burn-out. Si la fatigue physique est moins présente, le risque dépressif est majeur, du fait d'une réelle souffrance psychique : le manque de reconnaissance entraîne de la dépréciation, la perte de confiance en soi et dans ses possibilités. Irritable, le travailleur en bore-out peut connaître des accès de colère ou de violence. Il peut aussi se replier sur lui, dans un silence coupable.
Les travailleurs victimes de bore-out se plaignent plus rarement, tant cette pathologie parait incongrue en période d'instabilité de l'emploi. Ils considèrent qu'ils doivent "s'estimer heureux" d'avoir un travail et taisent leur souffrance par culpabilité ou honte.
Bore-out et burn-out marquent ainsi deux jalons diamétralement opposés sur l'échelle de l'équilibre au travail. Le bien-être perçu au travail serait donc idéalement la médiane entre ces deux extrêmes.
Cette dichotomie n'est pas sans rappeler la courbe de Yerkes et Dodson, du nom de ces deux psychologues américains qui ont établi ces constatations au début du XXème siècle à partir de l’observation de souris.
Cette courbe permet d’établir que l’équilibre au travail se trouve pour chacun d’entre nous dans une marge personnelle qui combine le niveau de performance et l’attention que requiert une tâche.
Tout individu aura tendance à se désintéresser d’un travail à accomplir s’il n’a pas un certain niveau de stress. L’ennui et le manque de stimulation y contribuent et le résultat sera relativement médiocre. En revanche, on constate que la performance augmente avec le stress, car la stimulation s'accroît. Toutefois cette corrélation ne reste positive que jusqu’à un certain point – chacun ayant son seuil de tolérance au stress.
Au-delà d’un certain niveau d’implication pour l’individu, et dès lors que le seuil de tolérance est dépassé, la performance s’effondre et l’anxiété et le stress se développent. Le risque est donc de développer un sur-stress, voire un burn-out : un épuisement total qui laissera la personne encore plus incertaine sur ses capacités.
* d'après Le syndrome d'épuisement, une maladie professionnelle, étude Technologia, mai 2014