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[Avis] Le vieil homme et la guerre, de John Scalzi

Publié le 06 mars 2015 par Hirototo

Mes amis, c’est sous la menace que je vous livre aujourd’hui cette critique. Un individu peu recommandable dont je tairai le nom par peur de représailles a juré qu’il m’enfoncerait du chorizo dans la gorge jusqu’à ce que mort s’ensuive si jamais je manquais à publier cet article. Et le bonhomme n’a rien d’un plaisantin. Pour vous dire, c’est un auvergnat intégriste. Un fou, un malade mental. Du genre à s’enduire les aisselles de truffade avant de se mettre au lit. Et en cet instant précis, je sens son regard assassin peser sur ma frêle petite nuque, et jamais, jamais auparavant, je n’avais senti la proximité de la mort avec autant d’acuité. De fait, j’ai toutes les peines du monde à contrôler les tremblements qui secouent mes doigts graciles.

Ainsi donc, on me force la main, on assassine mon esprit, on piétine ma liberté de penser (Pagny, si tu me lis…) et mon désir de rien foutre, mais au fond, on a sans doute raison de le faire. Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce que le roman dont je suis censé vous parler mérite amplement le détour. “Le vieil homme et la guerre” de John Scalzi est un pur bouquin de SF comme je les aime, avec des idées vertigineuses, un humour grinçant, un cynisme de bon aloi mais aussi des scènes épiques d’une grande force visuelle.

Le vieil homme et la guerre de John Scalzi

Résumé maison

Parce qu’une fois encore, je pense que le quatrième de couv’ en dit trop, je mets une fois encore mon incommensurable talent au service de votre plaisir. Et quoi de mieux pour vous mettre l’eau à la bouche (à défaut d’autre chose) que de vous livrer les premiers mots du héros, le pas très fringant John Perry ? Tiendez :

J’ai fait deux choses le jour de mon soixante-quinzième anniversaire. Je suis allé sur la tombe de ma femme et je me suis engagé.

Étrange et intrigant. Qu’est-ce que les Forces de Défense Coloniales vont bien pouvoir foutre d’un vieux croulant ? D’autant que John n’est pas un cas isolé. Nombreuses sont les personnes âgées que plus rien ne rattache à la Terre à faire cette démarche, seule possibilité de gagner les étoiles, de découvrir enfin l’univers, sans espoir de retour. Le voyage, on s’en doute (surtout vu le titre du bouquin), va plonger John Perry au coeur de la tourmente, dans une sorte de jungle à l’échelle de l’univers.

L’avouer me fait mal aux testicules, mais le résumé n’a quand même pas totalement tort en indiquant que le roman entretient de jolies ressemblances avec “Étoiles, garde-à-vous !” (plus connu chez nous sous le nom de “Starship Troopers”) de Robert Heinlein et avec “La Guerre éternelle” de Joe Haldeman. Et si le bouquin n’est sans doute pas de la même trempe (encore que), notons qu’avec lui, John Scalzi a tout de même été finaliste du prix Hugo et a obtenu le prix Campbell du meilleur nouvel auteur. C’est déjà mieux que les étiquettes “Elu produit de l’année” et “Elevé en plein air” qui ornent un produit sur deux dans tous les grands magasins.

En plus de pas écrire trop mal, John Scalzi est un beau gosse.

En plus de pas écrire trop mal, John Scalzi est un beau gosse.

Un t(h)on savoureux

Scalzi a de nombreux tours dans sa besace et de nombreuses qualités. Et la première d’entre elles, c’est de ne pas trop faire languir son lecteur. Les premières réponses arrivent en effet bien vite et ont le bon goût de ne pas désamorcer l’intrigue. C’est même tout le contraire. On appréhende ce que l’espace réserve et dissimule aux Terriens en même temps que John, à la fois jeune et vieille recrue. Et la découverte se fait avec d’autant plus de plaisir que Scalzi possède un style qui moi, me parle tout particulièrement. Un certain cynisme transparaît en permanence, ce qui sied bien entendu tout à fait à un personnage qui a déjà toute une vie derrière lui. Ajoutons à ça une bonne dose d’humour et on obtient un mélange tout à fait savoureux, où les répliques bien senties fusent avec autant de force que les bastos.

space_war

Dans l’espace, il n’y a (presque) que la guerre

Amis bourrins en mal d’action, sachez que “Le vieil homme et la guerre” vous réserve également de sacrées scènes d’action, qui là aussi, profitent pleinement du style enlevé de Scalzi. J’ai notamment en tête, sans trop en dévoiler, un crash de vaisseau extrêmement visuel, si bien qu’on a parfois l’impression que des bouts de tôle surchauffée vont nous sauter à la gueule au détour d’une page. A ce titre, on se dit qu’une adaptation cinématographique avec un budget conséquent pourrait vraiment faire des étincelles au box office.

Quoi qu’il en soit, vous avez compris, il ne serait guère judicieux d’en dire plus. Je risquerais en effet de vous gâcher la surprise. Il me faut toutefois vous dire que “Le vieil homme et la guerre” constitue pour moi l’une des meilleures lectures SF de ces derniers mois. Un plaisir dont j’espère qu’il sera prolongé par la suite, car le roman constitue en fait le premier segment d’un cycle de six livres (le dernier, « The End of All Things » – La fin de toutes choses  étant toujours attendu en anglais). Je croise furieusement les doigts maiScalzi va devoir faire fort pour rester au niveau de cette passionnante entame.

- L’image de chapeau est une illustration de Kat Harpin, que vous pourrez retrouver ici : http://www.katharpin.net/

- Je remercie tout particulièrement Cerbère15 pour cette découverte.


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