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Le télécran dominos

Publié le 06 mars 2015 par Didier Vincent

Avant internet, avant les jeux vidéo et la micro informatique apparue dans les années 80 (les possesseurs de ZX 81 et d'Apple IIe s'en souviennent), avant l'artillerie technologique nomade que nous connaissons, il n'y avait rien. La terre était tohu bohu. A peine quelques flippers et les premières bornes d'arcade apparues dans les années 70 dans les bars. C'était la préhistoire de type Silex in the city. Les jeux étaient mécaniques.

Je fouille dans le coffre à jouets et retrouve le Télécran de mon enfance avec lequel j'ai fait mon apprentissage de la motricité fine et de la patience. Il fallait être agile à tourner les deux molettes pour obtenir un dessin à peu près potable. Pour tracer une ligne un tantinet droite, ou pire, un cercle ou une courbe régulière, il y fallait un doigté démoniaque. La moindre erreur était fatale et irrattrapable. Il fallait retourner la machine et la secouer énergiquement pour que les grains de poussière grise se replacent uniformément sur l'écran. On recommençait 1 000 fois pour un résultat souvent piteux. Quelle dextérité il fallait pour écrire son nom ! D'autant plus qu'on ne pouvait pas lever le crayon, la ligne était ininterrompue. Pour revenir à un autre endroit du dessin, il y fallait une habile marche arrière (jamais parfaite d'ailleurs) en suivant un trait déjà fait.

Et quand une fois, par un bienheureux hasard, on avait réalisé un chef d'œuvre (une maison avec un soleil, un bateau, une voiture, un personnage) il fallait, tel un mandala tibétain, l'effacer car, cet écran sournois, s'usait inéluctablement, gardant en mémoire les traces de vos dessins antérieurs en un palimpseste grisâtre de traits sur tout l'écran.

Bien sûr, au bout du compte, en fin de vie, le Télécran avait droit à son démontage en règle pour voir les mécanismes que la bête qui vous avait fait tant souffrir cachait. On était toujours déçu, les doigts gris de poussière aimantée par le côté rudimentaire, voire rustique de ces deux tiges de fer qui actionnaient un stylet via des petites crémaillères latérales.

Tag(s) : #Insolite.

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