C’est encore à Victoria Pynchon et à son blog Settle It Now! que je dois cette nouvelle: une émission de TV en direct qui va proposer de vivre des médiations. C’est aux Etats-Unis, bien entendu. Mais cela aurait-il du sens chez nous ?
Lorsqu’il s’agit de promouvoir la médiation, la question de savoir si tous les moyens sont bons doit être posée. Pour Jerry Lazar, médiateur à Los Angeles, la réponse permet en tout cas d’aller jusqu’à amener des clients et leur problème sur un plateau de télévision et à les faire participer à une médiation en direct. Autant pour la confidentialité des débats…
Daprès l’article publié par Victoria, le numéro 0 de la série a été tourné avec des acteurs, mais la série proprement dite devrait faire appel aux personnes qui sont réellement dans le conflit. L’émission commence par une présentation formelle du processus de médiation, suivie de la médiation proprement dite.
Cela me rappelle furieusement le succès de “Ca va se savoir”, la version francophone de “The Jerry Springer Show”. Pour rappel, le principe de la version originale est de faire venir sur un plateau, “à l’insu les uns des autres”, les protagonistes d’un drame (le plus souvent familial) le plus sordide possible. Au plus les protagonistes rejoignent le plateau, au plus le caractère sordide de la situation apparait, et au plus les acteurs se retrouvent en confrontation. Dans la version française, ce sont des acteurs qui prennent des rôles qui ne viennent pas de la réalité, mais ont été inventés par des scénaristes professionnels.
Dans quelle mesure une telle approche peut-elle aider à promouvoir notre métier de médiateur? Un apport important d’une telle approche est qu’elle donne une meilleure vue aux médiés potentiels de certains points qui sont aujourd’hui des freins à la médiation, comme par exemple que “la médiation est faite pour les gens qui veulent se réconcilier”, ou comme la magie du passage d’un combat de position à un travail de co-créativité. Par contre, la mise à mal du caractère confidentiel des débats me parait totalement inacceptable. Existe-t-il une “voie du milieu”, c’est sans doute à explorer.
Je vois par exemple deux possibilités de promouvoir dans les médias le processus de médiation: utiliser des cas proches de cas vécus, mais les faire jouer par des acteurs (ou mieux, par de bons improvisateurs), ou dans une approche plus “Pierre Bellemare”, faire un travail de conteur de médiations.
Voilà de quoi faire vibrer nos petites cellules grises.