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La bourse et l’avis

Publié le 29 mai 2008 par Argoul

Article repris sur Medium4You. 

Nous sommes dans une tendance baissière qui va durer encore au moins un an sur les marchés boursiers.

   1. La crise immobilière a entraîné la crise financière et le choc de confiance des crédits bancaires. Cette première phase s’est terminée lorsque la Fed et la Banque d’Angleterre ont décidé de « faire un prix » sur les banques en faillite Northern Rock et Bear Stearns. La queue de comète peut encore produire quelques provisionnements, mais le principal est fait.
   2. La seconde phase a bouleversé la géopolitique des capitaux dans le monde globalisé. Fuite des actifs crédits en dollar, crainte de l’inflation due à la chute du dollar, et préférence pour tout ce qui en protège : énergie, matières premières, produits agricole.
   3. Cette phase est en train de s’apaiser car va débuter la troisième phase : le rééquilibrage des économies par zone. Nul ne peut espérer que si le « consommateur en dernier ressort » (les ménages des Etats-Unis) voit son accès au crédit drastiquement barré et son pouvoir d’achat en devise diminuer, sa consommation va rester la même… D’où de moindres exportations de la Chine, du Japon et même de l’Inde vers les Etats-Unis.

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Les pays émergents n’ont pas une structure économique assez solide pour prendre le relai des exportations afin d’assurer leur développement. Leur classe moyenne, en plein essor, est encore trop peu nombreuse pour que la consommation interne suffise. Les filets sociaux (retraite, assurance santé, chômage) existent à peine pour qu’une épargne forte ne soit pas la première tentation. Les banques ne sont pas à la hauteur pour offrir des produits d’épargne attrayants, ce qui fait monter dangereusement les actions locales. Les besoins énormes en infrastructures (routes, centrales, ponts, transports) obligent à importer des biens qu’équipement et de la technologie. Tout ralentissement des exportations va inévitablement aggraver les tensions budgétaires et sociales (moins de devises pour acheter de l’équipement, plus de chômage dans les usines tournées vers l’exportation, recyclage de l’épargne vers une finance moins risquée qu’en bourse).

Le rééquilibrage économique mondial signifie une contraction américaine, une stagnation européenne et japonaise, et un ralentissement de la croissance des émergents.

Ce qui explique pourquoi, sur nos marchés développés, les secteurs à haut pouvoir d’imposer les prix et qui sont refuges contre inflation (matières premières, pétrole et gaz, chimie, matériaux de construction, alimentation) sont demandés. Au détriment des financières, survendues en raison de la forte baisse des anticipations de bénéfices et peut-être des surprises négatives en provisionnement de risques. Loisirs, transports, media, banques, automobile, équipement de la maison – tout ce qui est consommation cyclique – restent des secteurs en berne. Avec raison, comme nous l’avons vu.

L’innovation financière a permis aux Américains de vivre à crédit des années. L’échec de la géopolitique de la canonnière, en Irak notamment, a fait chuter le dollar et renchéri le pétrole. Le krach des subprimes a asséché l’appétit de crédit privé américain à l’étranger. Une longue cure de redressement domestique se prépare aux Etats-Unis :

   * soit elle est conjoncturelle et la réactivité du pays va redresser la confiance ;
   * soit elle est structurelle et les capitaux internationaux (y compris américains) vont s’intéresser à d’autres zones économiques plus rentables et différemment risquées : l’Asie, l’Europe de l’est, l’Amérique latine émergente.

Le taux d’épargne des ménages américains doit augmenter, le déficit budgétaire doit diminuer. Les ressources hors activités destinées à la demande intérieure devront se réorienter vers la production exportatrice. L’accès au crédit sera plus difficile, induisant une baisse du niveau de vie mais poussant à réagir.

Mais le poids de l’économie américaine et les liens financiers de l’Amérique avec le reste du monde ne vont probablement pas entraîner un bouleversement rapide et brutal. Il s’agit d’une tendance lourde - mais lente. Les capitaux du Golfe, issus des ventes de pétrole, s’investissent encore aux Etats-Unis – mais sur des actions. Il faudra surveiller les fonds souverains pour en apprécier la puissance.

Quelques hypothèses de marchés :

  • Euro/dollar : trend haussier de l’euro contre dollar à échéance printemps ou été 2009, peut-être vers 1.90 dollar pour 1 euro. Nous sommes actuellement dans un rebond provisoire du dollar qui accompagne le rebond boursier, de 1.60 à 1.53 à échéance 1ère quinzaine de juin 2008.
    CAC40 : trend baisser été 2009 vers 4290. Rebond intermédiaire en cours maxi 5290 début juillet 2008.

Alain Sueur, Le Blog Boursier


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