Année : 2015
Genre : Tranche de vie, Romance
Synopsis : Amélie est née au Japon, mais à ses cinq ans, ses parents prennent la décision de rentrer en Belgique. Des années plus tard, Amélie a désormais vingt ans et est de retour dans le pays de son enfance avec cette fois la ferme intention d'y rester. Elle souhaite savourer son indépendance et cette liberté qu'elle a tant recherché en s'ouvrant à la culture japonaise. Elle décide alors de donner des cours de français qui vont lui permettre de rencontrer son premier étudiant : Rinri.
Mon avis : Tokyo Fiancée est un film adapté d'un roman d'Amélie Nothomb : Ni d’Ève ni d'Adam. Il se déroule parallèlement à une autre de ses histoires, Stupeur et Tremblements, qui raconte l'expérience de l'auteure dans une entreprise japonaise, et qui a aussi été adapté au cinéma en 2003.
Je ne connais absolument pas cette écrivaine, hormis de par sa réputation d'être une amoureuse du Japon. J'ai gagné une place de cinéma grâce à l'ATMPJ, une association sur Toulouse en relation avec le pays du soleil levant (où je prends d'ailleurs des cours de japonais), alors par le hasard de la vie je me suis retrouvée dans une salle obscure...
Bienvenue à Tokyo, où l'on rencontre la jeune Amélie interprétée par la douce Pauline Etienne. Elle nous raconte que le rêve de sa vie, c'est d'écrire, mais pas n'importe où. C'est dans ce pays si étrange car si différent qu'elle souhaite s'imposer. Elle veut être l'égale d'une japonaise de souche et satisfaire son besoin de découvrir le pays en même temps. A la suite de son annonce pour des cours de français, elle va rencontrer Rinri sous les traits de Taichi Inoue, un inconnu de l'écran jusque là, qui joue cela dit avec une sincérité touchante.
C'est donnant-donnant : Amélie apprend le français à Rinri et ce dernier lui apprend la ville, le pays, le manger, le boire, le acheter, le comprendre... du point du vue japonais.
- La culture avec un grand cul.
- ... Tout en finesse, mais en gros c'est ça.
Il lui montre la vraie vie au Japon, celle que l'on ne voit pas à la télé ou dans les livres, mais celle que l'on apprend en étant un natif, qui se transmet dans les gènes depuis des années et ... qu'il est très difficile d'intégrer et d'assimiler dans sa singularité quand on n'est pas du coin.
On apprend que Rinri de son côté est un amoureux de la France. On devine qu'Amélie et Rinri voient en l'autre la personnification de leur amour pour une culture qu'ils chérissent. Seulement ils n'en connaissent chacun que ce qu'ils ont appris par eux-même, la résultante de tout ce qui a réussi à traverser leurs frontières... Autrement dit un faible pourcentage, une vague idée, un sentiment.
Aborder une nouvelle culture, c'est un peu abandonner une part de la sienne. Or les us et coutumes de notre pays sont des acteurs de ce qui nous a façonné dès le plus jeune âge. Abandonner notre culture, c'est un peu oublier notre histoire et ce qui fait que nous somme nous, aujourd'hui. Et ça, aucun des deux n'est vraiment prêt à le faire. Même l'amour ne parvient pas à les faire passer outre les différences qui subsistent entre eux.
Les deux jeunes souhaitent faire partie de la culture de l'autre mais ils rencontrent inévitablement la barrière que leur impose la leur. Un barrage qui semble insurmontable.
Pour Amélie, c'est la manière qu'à Rinri d'envisager le couple et le mariage.
Pour Rinri, c'est la personnalité peu conventionnelle d'Amélie dans ce pays qui n'est pas le sien.
En fait, l'idée que je retiens particulièrement, c'est que l'on peut aimer un pays de toute notre âme, il nous arrive des fois de ne pas le comprendre.
Si j'ai aimé ce film, c'est surtout car je me suis reconnue dans cette Amélie de 20 ans, dans ses envies, dans ses besoins et dans ses rêves. Je suis aussi cette amoureuse du Japon un peu naïve, qui n'en connait finalement que la surface. Si je suppose la culture nippone plus profonde et plus ardue à appréhender, l'idée est pour moi très subjective et elle le restera tant que je n'y serais pas directement confrontée. Ce besoin d'indépendance et de liberté est de plus inhérent à toute personne du même âge. Le choc des cultures que l'on observe est en soi un moyen de se rapprocher de l'étranger mais est aussi ce qui irrémédiablement nous éloigne de lui.
Je suis cela dit incapable de dire si ce film aura le même impact chez quelqu'un qui n'a pas le même genre de sentiment vis-à-vis de la culture japonaise. La part d'identification à joué beaucoup dans mon cas et la fin n'en fut que des plus émouvantes ! Tokyo Fiancée est au final léger, pétillant et drôle, et saura forcément ravir les fiancés du Japon que nous sommes...
Ma note : 16/20