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DIAGNOSTIC: Et si trop de technologie faisait la maladie – BMJ

Publié le 08 mars 2015 par Santelog @santelog

DIAGNOSTIC: Et si trop de technologie faisait la maladie  – BMJTrop de technologie, s’exclame cet expert norvégien dans le British Medical Journal. Surdiagnostics, surtraitements, l’excès de médecine n’est pas toujours bénéfique à la santé publique. En bref, l’auteur analyse les conséquences de cette mise en œuvre excessive de la technologie dans nos systèmes de santé et appelle à mieux réfléchir à ses applications. Un débat de fond et ancien, auquel il contribue avec cette analyse, qui incite à réfléchir.

La techno pèse pour la moitié de l’augmentation des dépenses de santé : Bjørn Morten est chercheur à l’University College of Gjøvik et à l’Université d’Oslo. Il rappelle le poids de ce facteur qu’est la technologie certes sur la connaissance médicale, de l’invention du stéthoscope en 1816 au séquençage du génome, mais également sur la croissance des dépenses de santé. Sur ce chapitre, la technologie pèse bien plus lourd que les autres facteurs que sont le vieillissement de la population, la croissance de la demande des usagers de santé, la croissance des revenus, la hausse des prix, et, écrit-il, une efficience des systèmes réduite. Ainsi, la techno pèserait pour la moitié de l’augmentation des coûts globaux des soins de santé.

Le concept de boucle diagnostique perpétuelle : La technologie médicale est une pierre angulaire dans la réduction des maladies et l’amélioration de la santé. Cependant parfois  » elle nous rend malade  » et l’outil diagnostique ou ses résultats deviennent des objectifs en soi. L’auteur parle ainsi de  » Self perpetuating loop of diagnostics  » ou boucle diagnostique perpétuelle (Voir schéma ci-contre). En bref,l‘utilisation généralisée de la technologie conduit à sa propre amélioration, c’est-à-dire une précision accrue, en termes de sensibilité et de spécificité, donc à un plus grand nombre de cas diagnostiqués donc à plus d’examens et à plus de traitements de cas moins sévères (milder).

En fin de compte, la technologie a changé la prévalence de la maladie.

L’utilisation de la technologie n’est pas forcément  » réfléchie « . L’expert cite les différents facteurs qui induisent son utilisation, et en premier lieu l’offre ou la disponibilité d’un équipement comme un scanner IRM qui étant là va être utilisé. L’auteur cite des exemples d’utilisations inefficaces voire dangereuses. Bref, la technologie donne envie de s’investir même avec peu de preuves. La technologie réassure, les professionnels comme les patients, elle  » apporte le pouvoir et le prestige, la notion d’expertise  » et de  » spécialité  »  » et elle est même parfois une arme dans la concurrence entre établissements.

DIAGNOSTIC: Et si trop de technologie faisait la maladie  – BMJ
Il existe une  » foi  » en la technologie : La dernière technologie est forcément plus performante, une techno sophistiquée plus précise qu’un simple test, savoir est mieux que ne pas savoir et détecter précocément est mieux que tardivement…La technologie est son propre moteur, elle est  » devenue un acteur de santé indépendant et puissant qui va bien au-delà de ses objectifs initiaux (…) Nous sommes devenus les serviteurs de la technologie que nous concevons, produisons, mettons en œuvre et utilisons « .

Comment la technologie modifie notre conception de la maladie : A 3 niveaux, analyse l’auteur.

·   Elle fournit les données qui définissent la maladie.

·   Elle oriente et structure notre connaissance de la maladie.

·   Elle fait la pratique médicale en nous permettant de mesurer ou de manipuler tel ou tel facteur.

Ses conséquences sont parfois délétères : Parmi les effets collatéraux d’un excès de technologie,

-   Des sauts de  » croyance  » ou de connaissance parfois injustifiés,

-   la baisse de signification des  » bons  » tests, qui, trop largement pratiqués, n’apportent plus d’améliorations cliniques,

-   détecter plus de cas ne signifie pas forcément plus de vies sauvées (surdiagnostic, surtraitement),

-   trop diagnostiquer génère des découvertes fortuites ou  » incidentalomes  » (ex. Cancer de la thyroïde) qui ne seront pas suivies d’une réduction des symptômes ou des décès,

-   détecter  » sans arrêt  » c’est aussi augmenter l’anxiété, et finalement stimuler encore plus le dépistage et le traitement

-   c’est aussi une perte de confiance des usagers avec un sentiment d’excès et de dévalorisation des soins de santé,

-   c’est aussi une augmentation élevée des coûts de santé…

Bref, s’il est important de stimuler l’innovation, conclut l’auteur, nous devons mieux maîtriser sa mise en œuvre. Seule la technologie qui montre un réel bénéfice ou un rapport bénéfice-risque positif devrait être mise en pratique de routine clinique. Ainsi, l’évaluation de la technologie doit être non seulement renforcée mais transparente. Pour cela, précise l’auteur, nous ne devons pas aller aussi vite qu’elle, ou nous laisser emporter. Il convient de réfléchir et de prendre son temps.

Source: BMJ 2015; 350: H705 16 Février 2015 Too much technology


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