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Des migrants en survie dans le 18e arrondissement de Paris

Publié le 09 mars 2015 par Asse @ass69014555

Des migrants en survie dans le 18e arrondissement de Paris" C'est par un froid glacial, battu par le vent et quelques flocons de neige, qu'Omar, d'origine nigérienne et vivait à Tripoli, en Libye, raconte son histoire " expliquait dans un article Laura Mousset de TV5 monde le 12 février dernier. P arti parce que " c'est la guerre là-bas " il explique que " depuis son arrivée en France en janvier il (sur)vit sous le pont de la Chapelle avec quelque 150 autres réfugiés. Quelques associations leur viennent en aide, fournissant parfois des tentes et surtout des vivres. "

Entraides-Citoyennes en croise souvent depuis l'automne sur ses points de distribution du Nord de Paris. " Ils ont faim et demandent souvent des vêtements chauds ". Hier, l'association Share leur a rendu visite : " là bas il n'y a des hommes, environ 80... Ils ont besoin de tout, surtout de nourriture. Nous avons distribué 30 kits d'hygiènes et une cinquantaine de paires de chaussette. Beaucoup on réclamé chaussures, pantalons et manteaux ".

C'est tous ensemble que les citoyens doivent se mobiliser pour améliorer les conditions de survie d'humains en demande d'asile indignes de notre république !

Des migrants en survie dans le 18e arrondissement de Paris
Qui sont les migrants ?

Adam fait partie des 800 Soudanais qui font une demande d'asile en France chaque année. Il a fui le Soudan car il y était menacé. Pourtant, il possédait une entreprise et vivait aisément. Mais son activisme politique et sa critique du pouvoir l'ont obligé à partir. " J'avais un blog où j'écrivais ce que je pensais du pouvoir et de la dictature " , raconte-t-il à Laura Mousset. Il avait notamment soutenu Meriam, la jeune soudanaise condamnée à mort pour apostasie en mai 2014. " J'ai fait de la prison pour avoir dit ce que je pense. J'ai même été condamné à la peine de mort " , assure Adam. Aujourd'hui, il se sent en sécurité en France et il compte recommencer une vie ici.

" Pour arriver ici, ils ont traversé le Sahara en passant par la Lybie, ont atteint Lampedusa, puis l'Italie et enfin direction la France ", écrivait Victor Nicolas en janvier dernier dans un article de . " Ils racontent avoir vu leurs compagnons de route se faire tuer sous leurs yeux, attaqués par des pilleurs dans le désert, et eux-mêmes disent avoir beaucoup perdu dans ce voyage. Ces migrants n'ont plus rien ou presque, pas d'argent et peu de biens personnels. Leur objectif après avoir fui leur contrée, c'est de rester en France, voire pour certains de rejoindre d'autres pays comme la Belgique, ou l'Angleterre. En cela, le campement de La Chapelle est l'antichambre de Calais ".

Pour Mohamed Majidi, responsable de l'établissement de l'association France Terre d'Asile : " Tous ceux qui arrivent à Calais sont passés par La Chapelle. Signe que l'endroit devient un lieu de passage incontournable, un grand nombre de Soudanais connaîtraient ce campement de La Chapelle. "

Abdalla, hébergé par la paroisse Saint-Bernard, s'estime chanceux. " J'ai encore plein d'amis qui dorment sous le pont " . Ce Soudanais de 42 ans est arrivé en France en octobre dernier. Il a quitté son pays car là-bas, " les conditions de vie sont très difficiles. Il y a beaucoup de problèmes politiques " , raconte-t-il. Il a donc fui la guerre et la famine comme de nombreux autres soudanais, en laissant toute une famille derrière lui. Comme lui, Ibrahim, rêve de revoir rapidement sa femme et son enfant. Cet Erythréen de 40 ans, a fui son pays à cause des problèmes liés au service militaire à durée illimitée, comme plus de 330 Erythréens en 2013. En 2011, ils étaient près de trois fois plus à faire leur demande d'asile en France. Pour venir en France, Ibrahim est passé par l'Italie, comme un bon nombre de réfugiés provenant du même pays. " Je veux rester en France, les gens sont moins racistes ici qu'en Italie, " assure-t-il. Cela fait deux mois qu'Ibrahim vient à la paroisse Saint Bernard pour dormir. A 8h30 le matin, il doit avoir quitté les lieux avec ses camarades. " Je veux commencer une nouvelle vie" , dit-il, souriant. Et pour cela, il s'est rendu de nombreuses fois à la préfecture pour obtenir une carte de séjour mais " c'est très long ".

En marge de ce petit camp, on voit aussi de petits groupes d'hommes originaires du Maghreb, Algériens et Tunisiens ; qui ne demandent pas l'asile mais sont " en galère ", témoigne Jamel. Lui vit en France depuis 2003, sans papiers... Il s'est retrouvé à la rue il y a six mois et depuis, habite lui aussi sous le pont de la Chapelle... Ici, presque tout le monde se connaît et la solidarité est bien présente. Malgré leur situation difficile, tous essaient de rester propres et présentables s'efforçant de se laver sur les points d'eau potable. Christian, un Camerounais arrivé il y a peu de temps, confie : " D'habitude je n'aime pas me laisser pousser la barbe. Je n'ai pas les moyens d'acheter un rasoir mais dès que je pourrai, je vais la couper " .

Qu'espèrent-ils ?

Des migrants en survie dans le 18e arrondissement de Paris
Pour certains, un dossier de demande d'asile est en cours. " J'attends que l'on me donne un rendez-vous à l'Opra " , confie l'un d'entre eux. La dernière étape avant la délivrance (ou non...) d'une carte de séjour. Gervais regarde les voitures passer. Il semble perdu dans ses pensées. Cet Ivoirien de 25 ans a quitté son pays en août 2013, à " cause de la crise politique et économique" . Il est ensuite allé au Mali avant de rejoindre l'Espagne où il a sauté les fameux murs et barbelés de Mellila. Il est à Paris depuis deux mois. Le jeune homme compte faire une demande d'asile. En attendant, il vit avec tous les autres, sous le pont. Mais il a du mal à s'y faire. " Les gens pensent que nous sommes des clochards mais ce n'est pas ça. Certains s'arrêtent en voiture pour regarder, s'étonne-t-il... Moi j'ai fais des études, j'ai une licence. ".

Selon Laura Mousset, " plusieurs associations viennent en aide à ces réfugiés : Médecins du monde, Emmaüs ... elles fournissent un certain nombre de denrées alimentaires, de sacs de couchages, de tentes et autres besoins élémentaires. Elles prennent également en charge les gens les plus vulnérables comme les femmes, les malades ou les personnes âgées. "

La mairie du 18e arrondissement est un peu " dépassée " par la situation reconnaît le maire Eric Lejoindre. " L'hébergement et l'asile, ce n'est pas du ressort de la ville, explique-t-il. Mais on ne ferme pas les yeux " sur ce camp installé dans le quartier de la Chapelle. Chaque semaine, un service de nettoyage est effectué dans le camp. " Cela se passe bien, les réfugiés enlèvent leurs affaires le temps que les équipes fassent leur travail. "

La paroisse Saint-Bernard propose également un hébergement pour huit ou neuf réfugiés. L'abri a rouvert le 1er décembre dernier. Les migrants qui y dorment ont d'abord dû passer un entretien avec " sœur Marie-Jo " qui s'occupe du suivi de ces personnes. " Nous en accueillons seulement huit pour pouvoir les suivre jusqu'au bout, jusqu'à la fin de la procédure de demande d'asile. Le but est qu'ils ne retournent plus dehors" , explique-t-elle. Pour Eric Lejoindre, maire du 18ème arrondissement : " Il faut faire du cas par cas car la réponse pour chacun d'entre eux est différente " .

Pour déposer une demande d'asile, l'étranger non-européen doit se trouver en France, ce qui est le cas de la plupart des migrants du Pont de la Chapelle. La plupart ne connaissent pas le fonctionnement de l'administration française. " Une des actions de France Terre d'Asile a été de les informer sur leurs droits" , affirme Pierre Henry, directeur général de l'association. " La procédure pour un demandeur d'asile arrivant en France est la suivante : il doit d'abord s'enregistrer à la préfecture en obtenant un rendez-vous. Cela peut prendre plusieurs mois. Une fois enregistré, la préfecture lui délivre une autorisation provisoire de séjour (APS). Il bénéficie ensuite de 21 jours maximum pour déposer une demande d'asile auprès de l'Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (Opra). Une fois la demande étudiée, il sera reçu en entretien par un officier de protection, parfois accompagné d'un interprète, chargé d'instruire le dossier. A l'issu de la rencontre, si la réponse de l'Opra est favorable, le réfugié obtient une carte de séjour temporaire d'un an renouvelable dans le cadre d'une protection subsidiaire ou bien le statut de réfugié accompagné d'une carte de résident de dix ans. Si la demande est refusée, il peut avoir recours à la Cour nationale du droit d'asile. "

En attendant le droit d'asile, ne reste que la débrouille pour survivre

Vu la lenteur des démarches, les demandeurs d'asile ne bénéficient à leur arrivée d'aucune autre aide que celle des associations qui leur apportent un peu de réconfort, une aide dans les dédales de l'administration, de chaleur et d'alimentation...

Pour les soins d'urgence, celles-ci les orientent dans certains hôpitaux proposant une permanence d'accès aux soins de santé (PASS) où consultation et médicaments peuvent être délivrés gratuitement ; auprès de certaines associations qui proposent des permanences d'accès aux soins dentaires, ophtalmologiques, ou psychologiques ; auprès des services de protection maternelle et infantile (PMI), chargés du suivi régulier des enfants de 0 à 6 ans et de leur vaccination sans aucune demande de sécurité sociale.

Quand la demande est enregistrée à l'OFRPRA, si le demandeur d'asile détient une preuve de rendez-vous ou une convocation de la préfecture ou un document provisoire de séjour (autorisation provisoire de séjour (APS) ou récépissé de l'OFPRA) et une attestation de domiciliation, il peut bénéficier de la CMU... Il peut obtenir une aide financière - allocation temporaire d'attente (ATA) - s'il ne peut être hébergés en centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) alors qu'il en a accepté l'offre présentée lors de son admission au séjour. Cette offre ne lui permet pas de se loger (11,35 € par jour, soit 340,50 € pour un mois de 30 jours) et de se loger... La gestion de l'ATA (y compris les décisions d'attribution et de rejet) est confiée à Pôle emploi : une démarche qui allonge encore son éventuelle obtention...

Une fois que le demandeur d'asile entre dans le centre, c'est l'allocation mensuelle de subsistance versée par le CADA qui succède à l'ATA. Son montant, compris entre 91 et 718 € par mois, varie selon les prestations fournies par le CADA et la composition familiale du demandeur. Pour en bénéficier, la personne hébergée dans un CADA doit justifier de ressources inférieures aux montants de l'allocation précisés ci-dessus.

Passé un délai d'un an de procédure devant l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) ou si un recours a été formé devant la Cour nationale du droit d'asile (CNDA), les demandeurs d'asile peuvent accéder au marché du travail, pendant la période d'instruction de leur dossier, conformément " aux règles du droit commun applicables aux travailleurs étrangers pour la délivrance d'une autorisation de travail, la situation de l'emploi leur étant opposable ". Le préfet du département où réside le demandeur d'asile fait alors autorité compétente pour délivrer l'autorisation de travail, après l'instruction du dossier par les services de la main d'œuvre étrangère. Il peut prendre en compte, pour accorder ou refuser le titre de travail, certains éléments d'appréciation telle que " la situation de l'emploi présente et à venir dans la profession demandée par le travailleur étranger et dans la zone géographique où il compte exercer cette profession ". Autant dire que cette possibilité d'accéder au travail légal est quasi inexistante...

En France, si l'enfant d'un demandeur d'asile a la faculté, avec l'accord de l'école maternelle (qui n'est pas obligatoire), d'être scolarisé dès l'âge de 3 ans, il a en revanche l'obligation, aux termes d'être scolarisé entre 6 et 16 ans. Bien qu'aucun texte du code de l'éducation ne vise le cas particulier des enfants de demandeurs d'asile, ceux-ci sont soumis à l'obligation scolaire dès lors qu'ils se trouvent dans cette tranche dans les mêmes conditions que n'importe quel enfant étranger.

Il appartient à l'équipe du CADA d'apporter de l'aide aux familles pour accomplir les démarches liées à la scolarisation obligatoire des enfants et de faciliter, le cas échéant, leur transport entre le centre et l'établissement scolaire. L'équipe peut également rechercher les moyens de soutien scolaire avec la collaboration des services de l'éducation nationale ou des associations locales. C'est surtout à ces dernière qu'incombe le rôle d'aider à la scolarité des enfants, comme nous avons déjà eu l'occasion d'en témoigner dans nos colonnes... Le cas échéant, la plate-forme d'accueil des demandeurs d'asile territorialement compétente peut apporter aux demandeurs d'asile une aide pour scolariser leurs enfants. Reste à définir ce que représente " le cas échéant "...

Des procédures à accélérer coûte que coûte

" Je veux accélérer les procédures" , affirme le directeur général de France terre d'asile. Il a récemment alerté Ofpra de la situation des réfugiés du pont de la Chapelle pour que l'organisme intervienne directement sur le camp. " J'ai alerté les pouvoirs publics, maintenant l'Etat doit faire le nécessaire pour ces personnes " , s'indigne-t-il.

Un projet de loi à la réforme de l'asile " est en cours " rappelle le maire du 18ème arrondissement. Il a déjà été adopté en première lecture à l'Assemblée nationale le 16 décembre dernier. Cette loi doit permettre d' " ouvrir de nouvelles garanties aux demandeurs d'asile et de renforcer l'efficacité du dispositif, réduire les délais de traitement des demandes mais également de limiter le recours à la procédure pour des fins qui lui sont étrangères, " peut-on lire dans un communiqué de presse du Ministère de l'Intérieur.

Aujourd'hui, le temps nécessaire à l'examen d'un dossier est d'environ deux ans depuis l'inscription en préfecture jusqu'au recours devant la Cour nationale du droit d'asile. Pendant ce temps, les réfugiés sont livrés à eux-mêmes et les tentes fleurissent sous le pont de la chapelle... Voila pourquoi les association telles que la notre en appellent aux citoyens pour soutenir leurs actions !

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Des migrants en survie dans le 18e arrondissement de Paris
Entraides-Citoyennes apporte une aide inconditionnelle aux sans-abris, sdf et exclus. Nous ne leur demandons pas d'où ils viennent. Nous ne leur demandons pas leur nom. Les personnes qui viennent à nous ou celles auprès de qui nous nous arrêtons ne nous confient d'elles même que ce qu'elles veulent, si elles le souhaitent, quand elles le souhaitent. Avec le temps, nous apprenons à mieux les connaître et elles apprennent à nous accorder leur confiance en retour. Nous savons que nous distribuons à des demandeurs d'asiles, à des sans-papiers. Et nous sommes fiers de pouvoir leur apporter cette aide immédiate dans un rapport libre, d'humain à humain.

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