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Une nouvelle restructuration de la dette grecque serait inacceptable

Publié le 10 mars 2015 par Vincentpaes

 
  Crédit : dette grecque par Shutterstock Crédit : dette grecque par Shutterstock Autres articles Sans l’adoption des réformes attendues, préalable au versement par la Troïka des 7,2 milliards d’euros de prêts gelés depuis septembre dernier, la Grèce voit se rapprocher le mur de la dette à grande vitesse. Les échéances de remboursement à court terme portent sur des tombées de dette d’un montant de 1,5 milliard d’euros, d’ici la fin du mois. D’autres tombées seront à honorer au début de l’été et c’est au total près de 15,5 milliards que le pays devra rembourser au FMI et à la BCE en 2015. Le risque de banqueroute de l’Etat ne doit pas ouvrir la voie à un nouvel allègement des créances, aussi minime soit-il.

L’idée d’une décote supplémentaire de la dette grecque serait une aberration, à plusieurs titres. Tout d’abord parce que l’effacement d’une partie de l’ardoise, semble bien illégitime au regard des dysfonctionnements flagrants de l’économie grecque. Ceux-ci sont à l’origine de l’endettement désastreux du pays. La plupart des institutions internationales et des économistes analysent le cas grec à partir d’indicateurs biaisés ̶ un ratio dette/PIB proche de 180%, entre un PIB à 183 milliards d’euros et une dette évaluée à 320 milliards.

Et pour cause : la fraude fiscale et l’activité souterraine sont des maux somme toute banaux, mais dont les proportions extraordinaires sont préjudiciables à l’économie hellène. La principale responsabilité de l’Etat est tout simplement de ne pas s’être assuré de la bonne collecte (et de l’encaissement effectif) de l’impôt, une fonction pourtant régalienne. Le gouvernement grec vient de reconnaître que le « trou » causé par ses difficultés à percevoir l’impôt, notamment auprès des entreprises, avoisinerait plusieurs milliards d’euros, tandis qu'au global, ce sont dix autres milliards en fraude fiscale qui échappent à l'Etat. Dans ces conditions, il est objectivement difficile de considérer la cure d’austérité budgétaire éprouvée par le pays, aussi rude ait-elle été, comme un « remède pire que le mal ». Après un véritable audit de la situation économique de la Grèce, c’est-à-dire au regard de données plus réalistes, nous constaterions probablement que l’austérité n’a pas produit le ralentissement que les détracteurs de la Troïka lui prêtent (le taux de croissance effectif, économie parallèle incluse, est bien supérieur aux chiffres affichés). Encore inachevées, les réformes et mesures d’économie ont représenté une contrepartie indispensable au sauvetage du pays par l’Union Européenne, la BCE et le FMI, et leur programme de refinancement.

N’oublions pas qu'en 2011, les créanciers du pays ont déjà fait l'amère expérience d'une restructuration de la dette. Une concession pour un succès absolument nul d'un point de vue économique, puisque cette opération n'a pas permis l'amélioration du solde grec : quatre ans après la décote de 60% de la valeur de sa dette, le pays affiche exactement le même ratio d'endettement, dont la gravité est de toute façon surestimée.

Plutôt qu’un nouvel abandon, même partiel, des remboursements, il faut envisager un aménagement de l’échéancier en remplaçant certains emprunts actuels à taux « élevés » par des emprunts plus longs à taux moindre, et permettre ainsi au pays un refinancement plus soutenable. Alors que la reprise économique de la zone euro est conditionnée au retour de la confiance, un ressort psychologique majeur, la Grèce, en tant qu’émetteur obligataire souverain, ne doit avoir d’autre choix que d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses partenaires européens !

A propos de l'auteur : Christian Jimenez est président de Diamant Bleu Gestion.

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