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« Il y a un acteur de trop dans la construction nucléaire »

Publié le 12 mars 2015 par Vincentpaes
« Il y a un acteur de trop dans la construction nucléaire » Éric Bonnel : Les causes de la situation très difficile que vit aujourd’hui Areva sont à rechercher avant tout dans la gestion de la société et les relations avec son actionnaire plutôt que dans la crise que traverse le secteur nucléaire. Pour rappel les entreprises du secteur pétrolier ont pu se développer et même prospérer avec un baril de brut oscillant entre 9$ et 20$ pendant toute la décennie des années 1990 c’est-à-dire 50 % de moins que le prix de la décennie précédente.

La crise d’Areva s’explique d’abord par le fait de vouloir passer du statut de prestataires de service nucléaires (Mines, Activités Aval et Amont de traitement des produits nucléaires et fourniture de quelques pièces essentielles du réacteur d’une centrale), à un statut de constructeur de centrales. Or non seulement sur ce secteur Areva n’est pas seule, mais c’est cette partie du cycle qui concentre le plus de risques financiers avec la plus grande consommation de capitaux. É. B. : L’état a voulu avoir deux champions de la construction nucléaire en France et manifestement il y en a un de trop. A ce jour l’Etat est obligé d’intervenir pour recapitaliser la société dont les pertes de valeur comptable sont supérieures à la valeur boursière. Le bilan d’Areva aujourd’hui ne lui permet plus de se financer. Or l’Etat actionnaire doit protéger son capital et Areva est un vrai actif si l’on sait donner une direction claire au management et aux salariés de la société. Autres articles É. B. : Il faut opérer un recentrage sur l’activité de service aux sociétés de production d’électricité nucléaire. En outre la société ne pourra économiser un plan d’amélioration de la productivité pour augmenter la rentabilité de celle-ci. Les excédents bruts d’exploitation se situent entre 15% et 20% sur les cycles amont et aval et à 35% sur les mines. Il y a donc des pôles de compétence à développer et à renforcer. La société devra en revanche savoir sortir définitivement de la construction de réacteur nucléaire. É. B. : Il faudra oser profiter des opportunités ouvertes par la crise pour investir intelligemment sur certains secteurs qui seront très rentables quand le cycle d’activités se retournera. L’uranium a baissé de 35% depuis 2 ans, le cycle est bas, les entreprises se désengagent du secteur, mais quelle meilleure opportunité que d’investir à bas coûts pour racheter des actifs et consolider une position de leader.

Et surtout, il ne doit pas y avoir de fusion avec EDF, car évidemment la valeur d’Areva dans EDF disparaitrait et ce serait pour l’actionnaire une erreur monumentale. Aucun autre producteur d’électricité nucléaire dans le monde ne verrait d’un bon œil l’achat de services de maintenance critique auprès d’un de ses concurrents présents ou futurs.

Si Areva fusionne, elle cessera de pouvoir prétendre au titre de leader de la prestations de services pour les 430 réacteurs en service dans le monde et les 60 en cours de construction et ne deviendra plus qu’une simple business unit d’EDF dont l’horizon sera de faire fonctionner les 58 réacteurs actuellement en service ainsi qu’un unique réacteur en cours de construction.

Propos recueillis par Vincent Paes.

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