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A Oléron, la possibilité d’une île sans McDo

Publié le 16 mars 2015 par Blanchemanche
#fastfood #malbouffe
A Oléron, la possibilité d'une île sans McDo
(Le centre-ville de Dolus-d'Oléron. Crédit photo : Claire Baudiffier)

Uniformisation du territoire, emplois précaires, contre-modèle agricole… Une partie des habitants de Dolus-d'Oléron s'opposent à l'installation d'un fast-food de l'enseigne sur leur commune. Mais le combat n'est pas gagné d'avance.

Dans les villes, les campagnes, les montagnes, sur les autoroutes. En France, McDonald’s est partout. Partout ? Non ! Il reste quelques territoires qui résistent encore à l’envahisseur. Les îles métropolitaines. De la Corse à Oléron, de Ré à Belle-Ile, pas de fast-food vert et jaune en vue. Du moins pour le moment… A Dolus-d’Oléron (Charente-Maritime), un projet est en cours, mais ne fait pas l’unanimité. L’histoire commence il y a un peu plus d’un an. Quelques jours avant les élections municipales de mars 2014, une pétition contre l’installation d’un McDocircule sur Internet et recueille plus de 3 500 signatures (la commune compte 3 200 habitants). Un collectif anonyme se créé et dénonce cette – potentielle – implantation, alors non connue des habitants. Dans le viseur notamment des opposants, un élu municipal, Philippe Villa, candidat aux élections pour l’équipe sortante, dont la famille détient le terrain qui accueillerait le futur fast-food. Des affiches sont placardées avec ce slogan : « Votez Ronald ». Le 23 mars, la liste divers gauche emmenée par Grégory Gendre (1) crée la surprise et l’emporte avec 56% des suffrages face à celle de la municipalité en place.


Retour en arrière. En février 2014, un mois avant les élections, le géant du burger dépose un permis de construire pour un restaurant à Dolus-d’Oléron, sur une zone d’activités économiques.« Cela s’est fait après des semaines et des semaines de discussion, explique Manuel Rama, ancien adjoint chargé de l’urbanisme. On leur a cassé les pieds avec l’aspect architectural, en exigeant, par exemple, un toit avec des tuiles, et non un toit plat. » Le permis allait donc être signé, mais la nouvelle équipe arrivée aux manettes de la ville – ainsi que la communauté de communes de l’Ile d’Oléron – émet un avis défavorable pour un problème de gestion des déchets. Quelques mois plus tard, en octobre, une nouvelle demande de permis est déposée.
« Quelle image va-t-on donner ? »
« Pendant ces six mois pour instruire le permis, explique Grégory Gendre, l’actuel maire, l’idée était de débattre, de se poser la question : “Qu’est-ce qu’on veut manger ? Qu’est-ce qu’on ne veut pas ?” Derrière cette implantation, c’est tout un système que l’on souhaite, ou non, cautionner », rajoute cet ancien de Greenpeace, dont la commune est impliquée depuis peu dans l’association Un plus bio, qui plaide pour plus de bio dans la restauration collective.
Sur Internet, chez les commerçants, entre eux, les habitants discutent du projet, avec souvent un avis très tranché. Jean-Michel Arnaud, gérant du bowling de Dolus-d’Oléron à côté duquel devrait s’installer l’enseigne, « ne conçoit pas que l’on puisse interdire aux gens de manger ce qu’ils veulent ». Léa Deraedt, 22 ans et un projet pour devenir maraîchère en tête sous le bras, a créé la page Facebook Pas de McDo sur l’île d’Oléron : « Leur nourriture est pleine de cochonneries, d’huiles… Nous n’avons pas besoin de ça. » Séverine, 36 ans, coiffeuse, : « Je ne vois pas l’intérêt pour un citadin de venir sur l’île pour manger la même merde qu’il peut manger chez lui. Quelle image va-t-on donner d’Oléron ? »
Est-ce la peine d’avoir un McDonald’s, comme partout ailleurs en France ? Telle est la question qui revient souvent dans la bouche des Oléronais. « L’architecture des McDo banalise les territoires, c’est dommage, c’est hideux et grotesque », estime Monique Vidalenc, présidente de la Société de protection des paysages de l’Ile d’Oléron. « C’est surtout une locomotive pour les commerces alentour », s’exaspère de son côté Philippe Villa, l’élu municipal d’opposition visé l’an passé par les opposants. L’homme, particulièrement remonté, brandit également l’argument de l’emploi : « Il y en a cinquante à la clé ! Lorsque McDo avait organisé un forum de rencontres à Pôle emploi, il y avait une file d’attente jusque dehors ! »
Circuits courts contre gros céréaliers
« Des créations d’emploi, oui… et après ? On ne parle jamais de la pérennité de ce genre de postes qui ne sont pas des temps complets. Qui peut vivre avec un mi-temps ? », répond Jean-Pierre Bouron, de l’association des commerçants du pays Marennes-Oléron, résolument opposée au projet. Christine Nadreau, présidente du Groupe d’échanges, de développement et d’animation rurale (Gedar), association qui vient de se regrouper avec cinq autres pour fonder le Collectif d’associations contre l’implantation de McDonald’s (Cacimado) est, quant à elle, « chagrinée » :« En tant qu’agriculteurs, nous cherchons au maximum à développer les circuits courts sur l’île, sur les marchés, dans les petits magasins… Voir arriver McDo, qui soutient l’agriculture industrielle, n’a que des contrats avec des gros céréaliers et des centrales d’achats, ne me réjouit pas et va à l’encontre de nos projets de territoire. » Malheureusement, la multinationale, contactée à de multiples reprises, n’a pas souhaité s’exprimer sur ce dossier. « Un registre où chacun peut exprimer son opinion a été déposé en mairie avant une soirée-débat publique en avril. Nous suivrons alors les avis pour délivrer, ou non, le permis de construire », précise Grégory Gendre, le maire de Dolus-d’Oléron. Dans l’histoire, un seul restaurant McDonald’s n’est pas sorti de terre après une mobilisation citoyenne. C’était à Paris, dans le IIe arrondissement, en décembre 2013.
(1) Grégory Gendre est actionnaire minoritaire de la SAS Terra Economica, maison éditrice deTerra eco
Par
CLAIRE BAUDIFFIER 16-03-2015
http://www.terraeco.net/McDonald-s-Oleron-McDo-Gendre,58974.html

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