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français au CSA

Publié le 18 mars 2015 par Malesherbes

J’entendais ce lundi un membre du CSA expliquer que l’influence de la radio et de la télévision sur la langue française n’était pas aussi importante qu’on le disait. Je ne partage absolument pas cette conviction. C’est par l’oreille que l’on apprend une langue, que l’on soit bébé ou « étranger ». Les accents locaux se perpétuent parce que enfants et nouveaux arrivants se trouvent baignés dans un flux oral imprégné de l’accent local et, sans même s'en rendre compte, ils se trouvent influencés par ce dernier. Les nombreuses heures d’écoute des stations radio et des chaînes télé exercent ainsi une influence certaine sur leurs audiences.

On est généralement sensible à l’introduction en français de mots  étrangers, principalement anglais. À mon sens, ce n’est pas le plus critiquable. Ce qui identifie le mieux une langue, c’est sa musique, son rythme, en un mot sa prosodie. C’est elle qui, dans une conversation entendue, nous permet parfois de deviner la langue employée, sans même être capable d’en reconnaître un mot.

Parler en français consiste à émettre un flot continu de sons, à peine marqué par quelques légers accents toniques dont l’un à la fin des mots. On  distingue aisément le français, par exemple de l’italien, qui lui, appuie sur l’avant-dernière syllabe des mots. Pour assurer la continuité de ce flot, le français ne supporte pas les hiatus et pratique les liaisons. C’est ce qui, pendant des siècles, nous a conduits à parler d’un bel enfant plutôt que d’un beau enfant ou à signaler une véritable activité et non une vraie activité. Inutile de préciser que cet évitement du hiatus avec l’adjectif vrai est régulièrement négligé par des personnes s’exprimant sur les ondes. Le respect de cette fluidité du langage a même été porté plus loin puisque l’on va jusqu’à dire mon armoire alors que l’accord de l’adjectif possessif avec la chose possédée aurait imposé de dire ma armoire.

Si vous y prêtez un peu d’attention, vous pourrez remarquer que bien souvent les personnes qui s’adressent à nous, et en particulier la plupart de celles qui nous annoncent des nouvelles, ont contracté cette habitude, selon moi, détestable, d’accentuer la première syllabe des mots. Comme si ainsi ils pouvaient davantage accrocher l’attention de leurs auditeurs et imprimer les mots dans leur esprit. À mon sens, le pire représentant de cette catégorie est la charmante Élise Lucet, qui officie pour le journal de 13 heures sur France 2. Cette pratique fait apparaître les liaisons comme totalement incongrues. Si l’on pouvait apprécier l’harmonie des affairezétrangères, des affaire…..trangères semble particulièrement choquant d’où ce trop fréquent abandon des liaisons. Et, à mon goût, cet oubli des liaisons abîme gravement notre langue.

L’exercice de toute profession implique de disposer de certaines compétences. Serait-ce vraiment extravagant d’exiger de ceux qui nous parlent de le faire en un français correct ? 


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