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Critique Ciné : Inherent Vice, amour psychédélique

Publié le 19 mars 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Inherent Vice // De Paul Thomas Anderson. Avec Joaquin Phoenix, Josh Brolin et Owen Wilson.


J’ai beau être ouvert d’esprit et plutôt curieux à l’idée de voir des films originaux à la construction étrange mais il ne faut pas déconner. Malgré un style désuet, donnant parfois l’impression de voir un film des années 70-80, Inherent Vice n’était malheureusement pas à la hauteur de mes attentes. On retrouve ce qui fait le charme du cinéma de Paul Thomas Anderson dans la mise en scène mais cela s’arrête plus ou moins là alors que le film devient très rapidement bavard, confus et ennuyeux. Il faut dire que sa durée, 2h30, m’avait effrayé, mais la bande annonce mystérieuse m’avait rendu curieux. Après avoir enfin trouvé le temps de regarder ce film, je me rends compte que je n’ai pas vraiment vu ce que je voulais voir. La fantaisie a souvent du bon, notamment au cinéma avec des sujets comme celui-ci. Inherent Vice nage alors entre plusieurs reprises, celui du film noir à celui d’une comédie plus fantaisiste mais l’on ne sait jamais trop sur quel pied danser. C’est indéniablement un film qui fascine par sa capacité à nous ouvrir à quelque chose de différent mais Paul Thomas Anderson semble un peu trop pris par son idée de faire une sorte de chef d’oeuvre et échoue lamentablement.

L'ex-petite amie du détective privé Doc Sportello surgit un beau jour, en lui racontant qu'elle est tombée amoureuse d'un promoteur immobilier milliardaire : elle craint que l'épouse de ce dernier et son amant ne conspirent tous les deux pour faire interner le milliardaire… Mais ce n'est pas si simple…
C'est la toute fin des psychédéliques années 60, et la paranoïa règne en maître. Doc sait bien que, tout comme "trip" ou "démentiel", "amour" est l'un de ces mots galvaudés à force d'être utilisés – sauf que celui-là n'attire que les ennuis.

Le souci vient du scénario. Le scénario est long, très long, trop long. Au bout de 2h30 de film on n’a finalement pas tout compris (et j’aimerais bien que l’on vienne m’expliquer le film à nouveau). C’est aussi un film extrêmement bavard. Ca dialogue dans tous les sens et bien souvent, étant donné que c’est assez peu cohérent, on ne comprend rien et le spectateur que je suis n’a eu qu’une seule envie : fuir comme la peste. Malgré ma lâche envie de partir, je suis tout de même resté car je me suis dit que je ne peux pas abandonner un film de Paul Thomas Anderson de qui j’ai adoré There Will Be Blood et accessoirement The Master. Mais à vouloir tout faire, ce film devient rapidement pompeux. Il représente tout ce que je peux détester au cinéma car j’ai déjà pu adorer des films de 2h avec de long plan séquences contemplatifs sauf que Inherent Vice n’est même pas un film contemplatif. Il se contente d’être explicatif, de dégorger du verbe jusqu’à ce que cette logorrhée devienne tout simplement indigeste. Basé sur le livre de Thomas Pynchon (que je ne connais pas du tout), je me demande si Inherent Vice est aussi pompeux à l’écrit qu’à l’écran. Pour les fans du livre, apparemment cette adaptation serait particulièrement fidèle (ce qui ne me donne pas envie de me pencher sur le livre, malheureusement).

Heureusement pour moi, le scénario est la seule chose complètement ratée dans Inherent Vice. La mise en scène de Paul Thomas Anderson est tout simplement brillante. Une fois de plus il n’y a que lui pour avoir ce charme désuet, pour mettre en scène ses personnages comme à une époque résolue. Au fond, Inherent Vice me fait un peu penser à du David Lynch en termes de mise en scène et le tout a même fini par me faire écho à Mullholland Drive (qui pour le coup est un film réussi en tout points pour moi, même sur le scénario). La photographie du film est quant à elle magnifique, léchant chaque recoin de la prestation des acteurs. Au casting, on retrouve donc Joaquin Phoenix que Paul Thomas Anderson avait déjà dirigé dans The Master. Il reste un excellent acteur, brillant par sa capacité à se fondre dans les rôles qu’il incarne. C’est probablement pour ça que cet acteur est aussi peu présent mais que dès qu’il apparaît, il brille, tout simplement. Complété par un Josh Brolin et un Owen Wilson en très bonne forme, Inherent Vice n’est donc qu’un demi-échec mais malheureusement, le plaisir ne peut pas être pris comme je le souhaitais à cause d’une histoire qui manque cruellement de force.

Note : 4/10. En bref, déception pour joli film.


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