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French Bashing vu de Londres : Jamais mieux trahi que par les siens

Publié le 15 octobre 2014 par Michael Vincent @0vinz

Le “French Bashing” serait à la mode ? Il faut plutôt y voir l’éternelle querelle entre la France et le Royaume-Uni, deux pays à l’histoire forte et entremêlée, que l’on aime à charrier, à châtier, comme ce cousin lointain que l’on ne croise qu’une fois par an mais qu’on apprécie au fond, même avec ses défauts. En témoignent les nombreux retraités britanniques rejoignant les pâturages normands et maisons de campagne du sud-ouest, ou encore les jeunes entrepreneurs quittant Paris pour Londres histoire de voir si l’herbe est plus verte en perfide Albion.

Ce sont ces derniers qui nous intéressent ici. Attribuer le discours décliniste sur la France aux seuls Britanniques serait cependant réducteur et injuste. Si les critiques sont régulières du côté anglais, au hasard fin 2014 – au sujet des 35 heures « obsession française » – les Français ne sont pas en reste.

Pas une semaine ne passe sans un témoignage dans la presse d’expatriés français revenant sur les raisons de leur départ. Il n’est pas rare d’entendre ça et là, dans les rues de Londres, des entrepreneurs français s’étendre sur le bien fondé d’un départ outre-Manche, sur la pression fiscale exercée dans l’Hexagone, sur la lenteur et la lourdeur des démarches… Bien entendu, il y a le pour et le contre, et l’on peut s’attendre légitimement à entendre quelques critiques dans la bouche d’un chef d’entreprise qui aura réussi en Angleterre ce qu’il n’a pas pu concrétiser en France.

Rien de bien grave, me direz-vous ? Il s’agit pourtant d’un phénomène à prendre au sérieux puisque même nos élus s’y mettent – à droite notamment. S’il est salutaire pour le bien du débat que des élus dénoncent le manque de compétitivité de la France, en être partie prenante pose un tout autre problème, celui du patriotisme économique.

En 2012 par exemple, Olivier Cadic, candidat malheureux aux législatives en Europe du Nord, décrivait au journal Le Monde le phénomène de transfert des entrepreneurs vers le Royaume-Uni et faisait le constat du manque de compétitivité français. Loin d’être le seul conscient du problème, à gauche aussi le gouvernement essaie, avec un succès discutable, de lutter contre ce fléau et aide les entreprises à être plus compétitives, à grand renfort de pacte de compétitivité et de CICE. Devant ces entrepreneurs, Manuel Valls, en visite en Octobre 2014 à la City, assurait le service après-vente et clamait être “pro-business” – quitte à froisser sur sa gauche.

Du simple commentateur au complice, il n’y a qu’un pas : fraîchement élu sénateur des Français de l’étranger, Cadic est un acteur actif de cette fuite des cerveaux. Plutôt que de contribuer à la solution, le sénateur joue et marque contre son camp. Prenant au pied de la lettre la citation désormais célèbre de David Cameron, incitant les Français à venir s’installer au Royaume-Uni expliquant qu’il était prêt à leur dérouler le tapis rouge, mi-Octobre 2014 a eu lieu la deuxième édition du “Red Carpet Day” organisée par l’élu expatrié. L’initiative du sénateur a de quoi surprendre : comme son nom l’indique, il s’agit bien d’encourager et faciliter l’installation de nos entrepreneurs français en Grande-Bretagne. Si une telle initiative venait de nos cousins anglais, on la qualifierait sûrement de peu fair-play ; de la part d’un élu français, encourager l’exil de notre force entrepreuneuriale à l’étranger n’est pas du même acabit et n’est assurément pas digne d’un représentant de la nation.



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