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Geishas

Par Aelezig

Une geishaa[Note 1], (appelée geiko à Kyoto), est au Japon une artiste et une dame de compagnie, qui dédie sa vie à la pratique artistique raffinée des arts traditionnels japonais pour des prestations d'accompagnement et de divertissement, pour une clientèle très aisée : habillement, musique, danse, conversation, jeux, cérémonie du thé... Le mot geisha peut s’interpréter comme « femme qui excelle dans le métier de l'art ».

Les geishas étaient nombreuses aux XVIIIe et XIXe siècles. Elles existent encore dans le Japon contemporain bien que leur nombre soit en constante diminution : estimé à 17 000 dans les années 1980, il n'est plus que d'environ 200 de nos jours, principalement à Kyoto dans le quartier de Gion. L'institution multi-séculaire entretient un rapport étroit et complexe avec le phénomène de prostitution. Entre idéalisation de leur rôle et de leurs activités, et réalités historiques et sociales, la question fait toujours débat chez certains. Il est pourtant certain que l'octroi de faveurs sexuelles par la geisha à son client n'a jamais été entendu comme systématique ou allant de soi.

Grâce à une meilleure connaissance sur les activités des geishas grâce notamment à la télévision et Internet, le nombre d'apprenties geishas (maikos) a connu récemment une nette augmentation.

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 Histoire

L'ouverture des maisons de thé dans les quartiers de plaisirs en 1712 marque le début du métier de geisha. Les premiers geishas sont des hommes, dont le travail est principalement de divertir les clients par des chants et de la musique.

Au début de leur intégration, dans les années 1750, les femmes sont appelées onna geisha (littéralement : femme geisha), ou geiko à Kyōto. Elles deviennent rapidement plus nombreuses que les hommes ; à partir de 1800, toutes les geishas sont des femmes.

En 1779, le gouvernement japonais officialise le métier et crée un bureau d'enregistrement destiné à recenser les geishas et à faire respecter la loi. Celle-ci indique que seules les prostituées patentées peuvent avoir des relations sexuelles avec leurs clients, et pas les geishas.

Jusqu'au début du XXe siècle, les geishas sont considérées comme à la pointe de la mode, à tel point qu'avec l'occidentalisation du Japon dans les années 1920-1930, on voit apparaître des geishas s'habillant et dansant à l'occidentale. Mais beaucoup d'entre elles s'opposent à cette modernisation et se posent en gardiennes de la tradition japonaise, ce qui est toujours le cas actuellement.

En 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement fait fermer les quartiers de plaisir et envoit les geishas travailler en usine pour soutenir l'effort de guerre. Le 25 octobre 1945, les quartiers de plaisir rouvrent. L'interdiction totale de la prostitution en 1957 démarque définitivement les geishas des prostituées. À la même époque, de nouvelles lois sur le travail des enfants et la scolarité obligatoire interdisent aux filles de devenir maikos avant quinze ans.

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Kyoto est traditionnellement la ville des geishas, c'est dans cette ville que les premières geishas ont fait leur apparition. De nos jours, c'est aussi dans cette ville qu'elles sont les plus nombreuses.

Habillement

Le vêtement des geishas est un kimono de soie décolleté dans le dos, surnommé obebe dans le dialecte de Kyoto. Les couleurs du kimono se choisissent selon la saison, mais aussi selon l'âge de la porteuse : les jeunes femmes portent des couleurs vives tandis que les geishas de plus de trente ans choisissent des couleurs plus discrètes.

Le kimono est plus ou moins épais selon la saison : le kimono d'été, ro, est en simple gaze de soie ; le kimono d'automne ou hitoe est en soie non doublée. Enfin, le kimono d'hiver, awase, est doublé de crêpe.

Il est noué dans le dos par une large ceinture de soie, nommée obi, qui se noue différemment selon l'âge de la geisha : les femmes mûres le portent en « nœud de tambour » mais les maikos le portent « en traîne », avec un nœud qui remonte jusqu'aux omoplates, et le bout de l'obi traînant presque par terre. Ce nœud dans le dos distingue les geishas des prostituées, qui nouaient leur obi sur le devant pour pouvoir l'enlever et le remettre plusieurs fois au cours d'une soirée...

Enfiler un kimono et nouer un obi est une opération complexe, d'autant plus que, les kimonos étant tous de la même longueur quelle que soit la taille de la porteuse, il est généralement nécessaire de replier le tissu du kimono sous l'obi. C'est pourquoi les geishas font souvent appel aux services d'un « habilleur » professionnel.

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Les kimonos sont fabriqués et peints à la main, ce qui les rend très chers : entre 5000 et 6000 euros pour un vêtement de qualité. L'art de se vêtir du kimono s'appelle kitsuke.

En dehors des kimonos ordinaires, les geishas portent pour les cérémonies importantes un kimono appartenant à leur okiya (maison à laquelle elles appartiennent), noir avec cinq kamon (blasons) de l'okiya.

En guise de sous-vêtements, les geishas portent un koshimaki ou « couvre-hanches », une simple bande de tissu fin enroulée autour des hanches, puis une combinaison. Cette combinaison doit être en harmonie avec les couleurs du kimono, car elle apparaît en deux endroits : au niveau des chevilles quand la geisha relève son kimono pour marcher, et au niveau du col. Ce col est traditionnellement cousu chaque matin à la combinaison choisie par la geisha, puis décousu le soir pour être lavé... Il est rouge, couleur associée à l'enfance, pour les maikos, et blanc pour les geishas confirmées.

Les geishas portent aux pieds des chaussettes tabi et des sandales de bois (geta).

Maquillage

Le visage est entièrement fardé de blanc, par-dessus une couche d'huile appelée bintsuke-abura. Autrefois, ce maquillage contenait du plomb, si bien que beaucoup d'anciennes geishas souffraient de maladies et de problèmes de peau. De nos jours, il est à base de poudre de riz. La nuque est également maquillée de blanc, en laissant toutefois apparaître une partie de la peau. Les joues, les yeux et les lèvres sont maquillés de rose et de rouge. Les sourcils et le contour des yeux sont tracés avec un bâtonnet de charbon de paulownia, ou avec du khôl. La bouche peut être entièrement teintée de rouge, mais beaucoup de maikos maquillent uniquement leur lèvre inférieure, de façon à avoir un air boudeur.

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Au fur et à mesure de leur carrière, les geishas diminuent la quantité de maquillage ; les geishas de plus de trente ans ne portent quasiment plus de maquillage, sinon dans les grandes occasions.

Coiffure

Les coiffures des geishas sont des chignons traditionnels japonais. Elles sont faites chez un coiffeur spécialisé et doivent tenir une semaine. Afin de ne pas aplatir leur coiffure, les geishas doivent dormir sur un « repose-nuque », le takamakura.

Les chignons nécessitant de tirer beaucoup sur les cheveux au sommet du crâne, beaucoup d'anciennes geishas ont une calvitie. Cela tend à disparaître de nos jours, d'une part parce que les maikos débutent plus tard qu'avant, et d'autre part parce que certaines geishas utilisent des perruques.

La coiffure typique des maikos est dite en « pêche fendue » (momoware ou wareshimomo) ; il s'agit d'un chignon divisé en deux et au milieu duquel apparaît une étoffe de soie : d'abord imprimé de motif puis rouge une fois la virginité de la geisha perdue. Les chignons sont ornés de peignes, ainsi que d'épingles à cheveux nommées kanzashi.

Mode de vie et carrière

Les geishas vivent dans des quartiers réservés, nommés hanamachi. Les hanamachi les plus célèbres de Kyoto sont Gionn et Ponto-cho.

Elles sont toujours rattachées à une maison de geisha, une okiyaya, même si elles n'y vivent pas toujours. Les okiyas sont des maisons de femmes où très peu d'hommes sont autorisés à entrer. La structure d'une okiya s'apparente à une structure familiale, où la patronne est appelée okasan, « mère », et où les geishas plus âgées sont considérées comme les grandes sœurs des jeunes. Les okiyas percevaient alors la majeure partie de leur salaire, jusqu'au remboursement total de leur dette (éducation, vêtements, nourriture...).

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Une okiya se transmet par succession. L'une des geishas de la maison est désignée comme l'« héritière » (atotori) : il peut s'agir soit d'une fille de l'okasan, soit d'une geisha talentueuse. En tant qu'héritière, elle est censée devenir la prochaine okasan.

Les geishas, de nos jours, ont le choix entre deux modes de vie : soit elles vivent dans une okiya, qui leur fournit un logement et des kimonos mais perçoit une partie de leurs gains en échange, soit elles sont indépendantes (jimae) : elles vivent alors dans leur propre logement, et doivent financer elles-mêmes leurs vêtements et leur équipement, mais elles conservent la quasi-totalité de leurs gains. Elles restent cependant rattachées à l'okiya, qui leur sert d'« agence de rendez-vous » et qui perçoit une petite commission en échange.

Les geishas forment souvent de véritables « lignées ». En effet, chaque jeune fille désirant devenir geisha doit pour cela se trouver une « grande sœur » (oneesan), elle-même geisha et plus âgée qu'elle, qui lui enseigne le métier, l'emmène à ses rendez-vous, et touche en contrepartie un pourcentage des gains de sa « petite sœur » durant l'apprentissage. La « grande sœur » et la « petite sœur » se lient lors d'une cérémonie appelée san san ku do, au cours de laquelle elles boivent trois gorgées dans trois coupes de saké. La « petite sœur » se choisit à ce moment un nom de geisha, sur les conseils de son oneesan. Elle prend généralement un nom dont la racine est la même que celui de son oneesan : ainsi, la petite sœur d'une geisha nommée Ichiume pourra prendre le nom d'Ichigiku.

Une geisha, pour augmenter ses gains ou devenir indépendante, a besoin d'un protecteur, nommé danna, un homme riche qui lui fait divers cadeaux, ce qui ne le dispense pas de payer les prestations de la geisha au tarif normal. La geisha et son danna se lient au cours d'une cérémonie analogue au san san ku do. Autrefois, la notion de danna impliquait que la geisha ait des relations sexuelles avec son protecteur, même si ce n'était jamais dit officiellement ; le danna était d'ailleurs souvent choisi non pas par la geisha elle-même, mais par l'okiya, en fonction de sa richesse et de son prestige.

Il est possible qu'une geisha ait des relations plus ou moins suivies avec des hommes qu'elle a rencontrés, mais ces relations sont généralement discrètes, car la réputation d'une okiya pâtirait du mauvais comportement de ses geishas. Les geishas sont censées être célibataires, et celles qui se marient abandonnent leur métier.

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Les geishas qui mettent un terme à leur carrière organisent une cérémonie d'adieu, le hiki-iwai iki-i, au cours de laquelle elles offrent du riz bouilli à leur oneesan et à leur okāsan.

Formation

Les geishas étaient traditionnellement entraînées depuis leur petite enfance. Les jeunes filles étaient vendues par les familles pauvres aux okiyas, qui se chargeaient de les élever et d'assurer leur éducation.

Elles travaillaient comme bonnes, puis comme assistantes, avant de devenir apprenties. Elles continuaient cependant de servir les autres geishas pour assurer le remboursement de la dette contractée pour le coût de leur éducation. Cet entraînement dure plusieurs années.

Elles commencent dès leur plus jeune âge à pratiquer un vaste éventail d'arts. La formation inclut la pratique de plusieurs instruments de musique : le shamisen, instrument à trois cordes typique des geishas, mais aussi la flûte japonaise ainsi que différents tambours traditionnels : le tsutsumi qui se tient sur l'épaule, l'okawa sur les cuisses, et enfin le taiko, le plus grand, que la geisha pose à côté d'elle et frappe avec une baguette. À noter que les airs de shamisen ne sont généralement pas inscrits sur des partitions, et les geishas les apprennent à l'oreille. Elles étudient également le chanoyu (cérémonie du thé), l'ikebana (composition florale), la poésie et la littérature japonaise. La danse traditionnelle est étudiée par toutes les geishas afin d'obtenir un port gracieux et une démarche élégante, mais seules les geishas les plus belles et les plus douées sont encouragées à se spécialiser dans cet art.

Pour leur apprentissage, elles traversent une plus ou moins longue période (quelques mois de nos jours) au cours de laquelle elles suivent et observent leur « grande sœur ». Elles n'ont alors pas de client, mais participent aux fêtes le soir, et vont à l'école la journée. Cette période est appelée minarai. Les très jeunes filles sont alors appelées shikomiko, littéralement apprentie geisha.

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Différence de coiffure et obi entre maiko à gauche et geisha à droite.

La formation d'une geisha se termine officiellement lors de la cérémonie dite du « changement de col » (erikae), où elle remplace son col rouge de maiko par le col blanc des geishas confirmées.

La tradition veut que la maiko soit mise aux enchères lorsqu'elle est jugée digne de devenir une geisha à part entière. À l'époque Edo, leur virginité était vendue au plus offrant vers l'âge de 14 ans. Vers les années 1950, la pratique (mizuage) est toujours vivace mais les enchères ne commencent que lorsque la maiko a fêté ses 18 ans. Leur virginité n'a pas de prix et atteint souvent des sommes tellement importantes que seuls de grands industriels peuvent se les offrir. Souvent mariés par ailleurs, ils achètent, en fait, l'admiration de leurs pairs et n'ont pas toujours de relations sexuelles avec la maiko.

Aujourd'hui, les geishas n'entrent plus dans les maisons de geisha dès leur enfance. Devenir une geisha est désormais un acte entièrement volontaire, qui se fait souvent à dix-sept ou dix-huit ans. L'apprentissage reste néanmoins long et difficile ; cependant, les geishas étant de plus en plus difficiles à recruter, les apprenties sont souvent chouchoutées par leurs aînées, ce qui contraste avec l'époque où leur travail était volontairement difficile, voire épuisant, pour s'assurer de leur obéissance.

Le travail d'une geisha

Les geishas sont des hôtesses ou des dames de compagnie raffinées. Le travail principal des geishas est de participer aux banquets nommés zashiki. Ceux-ci ont généralement lieu dans les ochayas ou les restaurants traditionnels mais ils peuvent également se dérouler dans des salons privés ou chez des particuliers.

Les geishas ont pour rôle de divertir leurs clients ; selon le client et les circonstances, ce peut être en dansant et en jouant des airs traditionnels, ou simplement en discutant et en jouant à divers jeux de société.

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Les geishas danseuses se produisent lors de festivals de danse. Les geishas donnent des représentations de danse traditionnelle, mais aussi de théâtre kabuki.

Les geishas ne sont pas payées pour leurs représentations dans les festivals. Au contraire, elles dépensent souvent beaucoup pour les financer, et vont parfois même jusqu'à s'endetter. Cela est dû au fait que pour une odoriko (geisha danseuse), participer à un festival est une marque de prestige importante.

En décembre 2007, le quartier d’Asakusa de Tokyo a vu les débuts Sayuki, la première geisha occidentale dans l’histoire du Japon. Sayuki est une anthropologue australienne devenue geisha suite à un projet universitaire. En 2010, après le retrait de sa "mère geisha" (okā-san) pour cause de maladie, elle poursuit ses activités en tant que geisha indépendante dans le quartier de Yanaka à Tokyo où elle forme des apprenties geishas. Elle a également ouvert un geisha district à Niseko sur l'île d'Hokkaido et organise des banquets et des conférences afin de promouvoir la culture geisha au Japon et à l'international. Elle enseigne cette culture à l'université Keio et à l'université Waseda de Tokyo.

La question de la prostitution

Les geishas et prostituées étaient historiquement cloisonnées dans les mêmes quartiers. Au sein du karyukai, « monde des fleurs et des saules », qui désigne le quartier des plaisirs, ces deux catégories bien particulières de femmes se rencontraient et parfois même se côtoyaient au sein d'une même maison de thé. Au XIXe siècle il pouvait ainsi arriver qu'une maison de thé propose, en plus d'une mise à disposition de ses geishas pour un zashiki, les services nocturnes d'une prostituée, elle aussi rattachée à la maison. En période de crises, il n'était pas rare de voir des geishas de moindre classe se prostituer. Cependant cela n'était pas dénué de conséquence, et bien souvent la geisha ne pouvait espérer par la suite retrouver une position honorable, après avoir cédé ouvertement à la prostitution...

La méprise entre ces deux métiers, principalement en Occident, s'explique également par la relation particulière qu'entretiennent les geishas avec leur mécène. A l'instar des artistes occidentaux, pour subvenir aux besoins onéreux de leurs coiffures et kimonos, les geishas usent du mécénat. Le danna doit subvenir à l'ensemble de ses besoins, par le cadeaux d'onéreux costumes, l'achat si elle est danseuse de la majeure partie des billets de ses spectacles, la mise à disposition d'un logement et plus simplement d'une rente couvrant les frais de coiffures, autant que ceux de l'habilleur et de ses vêtements. Si être danna se révèle le plus onéreux des investissements, il apporte au porteur de ce statut une importance sociale et un prestige important auprès des siens. La geisha, en échange, lui accorde tout son attention, le privilégie dans le choix de ses zashiki et offrait, autrefois, à lui seul ses faveurs sexuelles.

Les geishas des villes thermales japonaises ou onsen, des lieux de détente où l'ambiance est globalement plus légère que dans les villes, étaient souvent plus sollicitées sexuellement, en particulier pour le jeu de la « petite rivière », où les danseuses relevaient progressivement leur kimono comme pour traverser une rivière de plus en plus profonde. Elles avaient ainsi moins bonne réputation. De nos jours, cette pratique a disparu. Avec l'ouverture du Japon au reste du monde au XIXe siècle, les Occidentaux au Japon découvrent ces femmes et se font parfois abuser par des prostituées maquillées en geisha, notamment dans les onsen. Le terme onsen geisha est ainsi utilisé comme euphémisme en japonais pour désigner ces prostituées se faisant passer pour des geishas.

D'après Wikipédia


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