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Droit à l’oubli pour quelques uns ou droit à l’assurance pour tous ?

Publié le 24 mars 2015 par Cathcerisey @cathcerisey

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L’actualité malheureuse de ces dernières heures va probablement contraindre les journalistes à passer sous silence la présentation d’une des mesures phares du plan cancer 3 : le droit à l’oubli. Quant à moi ces derniers évènements de la planète cancer me font sortir du silence pour ne pas dire de mes gonds !

Ce matin, en effet, Monsieur François Hollande, Président de la République, s’est rendu au siège de la Ligue contre le cancer et a enfin dévoilé les modalités d’accès à ce désormais fameux droit.

Petite explication : jusqu’à aujourd’hui, pour les malades atteints de cancer (ou de maladies chroniques), obtenir une assurance – ce qui est obligatoire- pour contracter un prêt ressemblait à un nouveau parcours du combattant. Ils pouvaient, néanmoins, en cas de refus de la banque chez qui ils voulaient faire cet emprunt, faire appel à la convention AERAS (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé), dispositif méconnu, qui malgré plusieurs remaniements, n’a pas permis à beaucoup d’entre eux de s’assurer sans payer des surprimes exorbitantes.

Le droit à l’oubli, comme l’avait promis Monsieur Hollande, devait permettre à tous les malades guéris d’un cancer de ne pas déclarer leurs antécédents médicaux relatifs à cette pathologie puisque leur risque de rechute est nul.

Ce n’est pas exactement ce que nous avons entendu ce matin !

En effet, ce droit concernera uniquement les enfants qui ont été diagnostiqués avant leurs 15 ans dès lors qu’ils attendent 5 ans après leur protocole de soins ; quant aux adultes il faudra attendre 15 ans après la fin des traitements pour pouvoir « oublier » de déclarer leur cancer. Enfin les malades atteints de certains ( ?) cancers dont les traitements sont finis depuis un certain nombre d’années ( ?), pourront s’assurer sans surprime avant ces 15 ans selon une grille qui sera actualisée par un groupe de travail rattaché à la Commission des études et des recherches. *

Est-il normal de pénaliser les ados de plus de 15 ans et jeunes adultes qui ont une vie à construire ? Est-il légitime de demander d’attendre 15 ans alors que pour certains cancers la guérison survient bien avant. Quid des autres malades qui sont contraints de se soigner à vie? Quid des autres malades chroniques qui n’ont aucun espoir de guérison ?

Enfin, nous ne sommes pas dans le monde des bisounours, et il est clair que les assureurs – qui s’en sortent plutôt pas mal – récupèreront ailleurs ce qu’ils ont perdu ici !

Dès sa conception, ce droit à l’oubli, terme éminemment symbolique qui n’a pas plus à tous (dont je suis), était synonyme d’exclusion et stigmatisait de façon encore plus prégnante les malades. Il présuppose, en effet, que nous ne sommes pas les égaux des citoyens qui ont la chance de ne pas être touchés et que dès lors que la maladie grave ou chronique survient il est finalement normal que l’on nous refuse la possibilité de faire des projets!

Ce droit à l’oubli pour quelques-uns laissent sur le bord de la route quelques millions de malades chroniques et même si l’INCa et la Ligue nous promettent un élargissement à terme du dispositif nous savons tous qu’il faudra au mieux attendre des années pour obtenir une modification si minime soit-elle.

Des amis patients et moi-même avons donc décidé de nous mobiliser et avons écrit une tribune à l’attention de Monsieur Hollande publiée sur l’express.fr afin de lui faire part de notre déception concernant cette mesure qui n’apporte pas de réelles solutions pour tous ! Vous pouvez la lire en suivant ce lien. N’hésitez pas à la partager sur vos réseaux.

Catherine Cerisey


* Source : INCa 


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