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Politique : l’heure de la relève ?

Publié le 25 mars 2015 par Délis

Cet article a été publié sur le site du Figaro.fr

Et, si ce sentiment de « déjà vu » n’était que de façade ?

Et si  2017 n’avait rien à voir avec le match retour de 2012 ?  Si  la bataille entre Sarkozy, Hollande, Marine Le Pen en faiseur de roi et Alain Juppé en invité surprise ne relevait que d’un manque criant d’imagination ?  Car, au delà des couvertures des journaux et derrière les chiffres souvent tronqués des sondages qui sacrent tour à tour l’un de vieux barons de la vie politique, nos compatriotes revendiquent un changement d’ère. Face au manque de résultats, l’aspiration à une nouvelle offre politique se fait de plus en plus sourde.

Les déconvenues de la  gauche au pouvoir, n’ont pas permis à la droite d’incarner une alternative crédible. Pour une grande majorité de Français, l’UMP ne ferait pas mieux que la gauche si elle était aux manettes demain.

Ce manque d’envie, la droite l’a longtemps mise sur le compte d’absence de leaderhip. Après la guerre des chefs, l’élection d’un vrai patron allait enfin ranimer le désir d’alternance. Las. Le retour de Nicolas Sarkozy se résume en un long chemin de croix pour unifier sa famille.  Crédité de 35% de confiance cet été encore[1], le Président de l’UMP ne cesse de dégringoler depuis.  Et même si l’ancien Président continue de faire la course en tête auprès de son cœur de cible, des traits d’image décisifs vacillent selon Harris Interactive. Décrochage sévère constaté sur  les items  liés à la confiance , baisse de plus de 10 points sur la crédibilité , doutes grandissants sur la capacité de l’ancien Président à tenir ses engagements : plus Nicolas Sarkozy s’expose dans les médias moins les Français souhaitent qu’il soit candidat. Selon BVA, seuls un cinquième y sont favorables. Soit le même niveau que François Hollande.

Et, il est fort probable que la frugalité médiatique de son grand concurrent, Alain Juppé, son souhait de révéler le plus tard possible son programme, ne dissimulent en réalité le même mal : déjà usés par des années de pouvoir, soupçonnés de ne pouvoir réaliser demain ce qu’ils ont échoué à transformer hier,  les hommes politiques en sont réduits à tout miser sur la « Blitzkrieg », seule stratégie  capable de conjuguer sur-exposition médiatique sans démonétiser leur parole.

Face aux déconvenues de la classe politique, la conclusion habituelle est bien-sûr de désigner   le FN comme grand vainqueur.  Un constat à nuancer : les succès électoraux passés et à venir, notamment lors des départementales ne doivent pas masquer le risque d’enlisement d’un parti menacé « d’embourgeoisement » .

A cet égard, la dernière enquête TNS  Sofres, qui livre chaque année un tableau de bord précis sur l’évolution du parti,  témoigne de signaux faibles incontestables.  Recul de l’attractivité du parti, érosion de la proximité perçue de ses leaders, incapacité  du FN à apparaître comme une alternative crédible : le FN semble toucher un second plafond de verre, à mesure qu’il s’institutionnalise.

Et si le parti des Le Pen prospère dans les urnes, c’est avant tout grâce à la sur-mobilisation d’un cœur de cible toujours plus extrémisé et  déterminé, combiné à l’abstention croissante de la majorité.

Le cancer de la politique, n’est pas tant le FN, que les leaders de droite et de gauche s’évertuent constamment à mettre au centre du jeu au motif de le combattre, que l’indifférence d’une opinion publique bien lasse de ses acteurs politiques. Qu’ils soient  de gauche, de  droite ou du FN.

Dans ce contexte, et alors que l’abstention culmine à près de 60%,   le plus étrange est que l’offre politique ne s’enrichisse pas de nouveaux partis aux destins fulgurants. En Espagne,  en Grèce, en Italie, les Podemos,  Syriza  ou autre Beppe Grillo réussissent le temps d’une élection à crever le plafond des urnes.

Bien-sûr, le contexte est différent en France : mais le remarquable conservatisme des partis interpelle. Et la redéfinition de l’offre politique constitue au fond la voie la plus probable. Sous quelle forme ? Plusieurs hypothèses peuvent s’échafauder.

Il y aurait d’abord une reconfiguration des partis plus conforme aux lignes idéologiques qui se dessinent depuis 2012. Cette dernière sous-tendrait l’explosion du PS entre frondeurs et sociaux-démocrates d’une part et scission de l’UMP entre la chapelle identitaire plus proche du FN et la chapelle européenne & centro-compatible.

A cette option institutionnelle qui verrait les partis opérer leur mue, pourrait se substituer un autre scénario : celui d’un nouveau mouvement, porté par une personnalité issue de la société civile.

Sur le modèle d’un Beppe Grillo ou d’un Coluche en son temps, cette figure trans-partisane viendrait chambouler le jeu politique établi, se faisant le porte-étendard d’une cause aux caisses de résonnance protéiformes. Coagulant les frustrations de la France des perdants, cette personnalité pourrait facilement s’appuyer sur les réseaux sociaux pour pallier l’absence de  maillage territorial.

Sans fin, l’imagination pourrait générer de nouveaux scénarios. Qui peuvent sembler à priori irréalistes. Mais la plus grande fiction n’est-elle pas de croire que l’insatisfaction aigue de nos compatriotes se contentera longtemps d’un statut quo ? L’hibernation de la classe politique ne pourra durer sans fin. Avis aux ambitieux : le printemps des peuples est probablement pour demain.

[1] Baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion


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