Titre: Naja (Intégrale)
Auteurs: Jean David Morvan (scénario) et Bengal (dessin)
Année : 2012
Éditeur : Dargaud
Nombres de volumes: 1 intégrale ou 5 tomes (série terminée)
Naja est une jeune fille, en forme, pleine de vigueur. Seulement, d'aussi loin qu'elle s'en souvienne, Naja ne ressent rien: pas de douleur, pas de sentiment. D'ailleurs Naja n'est pas son vrai nom, car elle est tueuse professionnelle.
Naja est forte, une des meilleures dans son métier, mais pas la meilleure. Elle n'est que la numéro 3 de l'organisation dirigée par celui qu'on appelle "Zéro".
Un jour qu'elle rentre de mission et malgré toutes les précautions, à son réveil elle sera surprise par un jeune homme. "Il" est venu la prévenir, que le numéro 1, croyant qu'elle voulait sa place, voudra la supprimer.
D'ailleurs "il" a réussi à maîtriser Naja assez facilement, ce qui la déconcerte. Mais elle n'a pas de temps à perdre, si le meilleur tueur de l'organisation est à ses trousses, il va falloir qu'elle le devance pour sauver sa peau.
Où toute cette histoire va t-elle la mener?
Qui est "il"?
Pourquoi a t-il avertit Naja qu'elle était en danger?
Je présente ici la version intégrale de la BD. Elle regroupe les 5 tomes de la série, dans un volume de 248 pages. La couverture cartonnée est souple, avec des rabats, sur lesquels nous trouvons une courte biographie des auteurs.
Cette version intégrale propose aussi un épilogue inédit de quatre pages, en fin de l'ouvrage.
Le scénario proposé par Jean David Morvan met en scène la manipulation de trois tueurs à gage, dans un seul but: qu'ils s'entre-tuent. Le personnage principal est une jeune femme qui ne ressent plus rien, mais l'auteur va se servir de cette particularité et va jouer avec le côté sentimental et familial.
Il va jouer aussi énormément sur l'identité des personnages. Leurs noms de tueurs sont des numéros, mais leurs vrais noms sont inconnus. Ainsi Naja se nomme "BIIIIIIIPP" alors que son ami d'enfance s'appelle "PIIIIIIIBB", comme si leur identité était censurée.
L'autre particularité de cette BD est la narration. En effet, il y a très peu de dialogues entre les personnages et toute l'histoire est narrée. On suit ainsi les protagonistes d'un point de vue extérieur. Et nous ne connaîtrons l'identité du narrateur que tard dans le récit. Ceci est un peu déconcertant au début et puis on s'y fait, au fil des pages.
Dans cette version intégrale, chaque chapitre correspond à un des tomes. Chacun sera consacré à un des tueurs, que l'on découvrira par une illustration pleine page, du personnage. Il faudra bien sûr attendre le dernier chapitre pour connaitre le fin mot de l'histoire, l'origine de la manipulation, le passé de Naja et surtout un dénouement invraisemblable, auquel on ne s'attend absolument pas!
Naja nous permettra aussi de voir du pays. Dans ses aventures, elle va parcourir le monde et nous fera visiter Paris, la Colombie, ou encore l'Islande, l'Angleterre et Tokyo.
C'est donc Bengal qui s'est chargé de nous faire visiter tous ces pays en image. Son dessin oscille entre le style comics et presque manga par moment, au niveau du design des personnages.
L'histoire mettant en scène des tueurs à gage, le dessin est parfois violent et sanglant. Ainsi dans une des toutes premières scènes, un homme se fait abattre d'une balle dans la tête, par Naja. Le style et le ton de la BD sont donc très vite donnés.
Le découpage des cases est lui plutôt carré, dans le style BD, mais le dynamisme du trait et le rythme du scénario sont très fluides.
La mise en couleur est ensuite assez variée, en fonction des situations et des pays où nous nous trouvons. Parfois l'ambiance sera plutôt légère avec des couleurs fraîches, à d'autres moment le ton s'assombrit, allant jusqu'à certaines scènes de souvenirs en sépia.
On ressent parfois l'influence du jeu vidéo dans certaines scènes, et Bengal aime à jouer avec les ombres et lumières, donnant ainsi une vraie ambiance à cette BD.
On peut d'ailleurs voir tout son talent dès la couverture de cette intégrale, où il nous présente Naja ainsi que trois autres personnages sous un ciel étoilé et avec une magnifique mise en couleur, en peinture digitale.
Vous l'aurez compris, Naja est une histoire comme on les aime, un peu sadique, machiavélique, parfois sanguinolente avec ce qu'il faut de complot et des personnages mystérieux et forts, le tout servi par un très bon dessin et une mise en couleur efficace.
Juju Gribouille.