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Soeur Marie-Thérèse des Batignolles, T1 de Maëster

Publié le 29 mars 2015 par 7bd @7BD
Soeur Marie-Thérèse des Batignolles de Maëster, couverture pour chronique 7BD
Titre: Sœur Marie-Thérèse des Batignolles
Auteurs : Maëster (dessin et scénario)
Editeur : Fluide Glacial Année : 1989 Résumé : La vie simple et douce de la délicate Sœur Marie-Thérèse des Batignolles se résume aux plaisirs pieux de la vie: convaincre son mari Portugais Jésus de lui faire l'amour, rouler en paix son pétard, distribuer quelques taloches pour ramener un peu d'ordre autour d'elle, surtout quand il s'agit de petits enfants mal élevés à remettre au pas... Mon avis : Au programme de ce recueil d'humour noir, dix petites nouvelles dessinées qui vous feront sourire plus ou moins jaune. Mais n'est-ce pas là le principe de l'humour noir ? Sœur Marie-Thérèse ne cherche finalement qu'un peu de tranquillité. Mais il fait bon ne pas être celui qui la dérange, car ses réactions sont souvent rapides et puissantes. Avec elle, tout le monde en prend pour son grade: Les enfants, les parents, les homos, les infirmes, la sainte trinité, les forces de l'ordre, le clergé, les jeunes, les vieux, les prostituées et même Elvis. Nul n'échappe à la plume satirique de Maëster et c'est tant mieux. Le leitmotiv de l'histoire est bien sûr Sœur Marie-Thérèse dont on ne sait jamais quelle surprise elle va nous préparer pour l'histoire suivante. Même si la caractérisation du personnage fonctionne bien, ces décisions restent parfois surprenantes. Reconnaissons que les obstacles qui peuvent l'arrêter ne sont pas légion... Mais les résolutions et les chutes sont vraiment drôles et comme les histoires sont assez courtes, six pages maximum, on n'a guère le temps de se lasser. L'entourage récurrent de Sœur Marie-thérèse se limite à Jésus, son petit mari évoqué plus haut et bien sûr, ses collègues de couvent. Ces dernières en tiennent une sacrée couche. Si elles ne sont pas aussi expéditives que Sœur Marie-Thérèse, elles n'en ont pas moins parfois un petit grain petit bien planté ! Mais pour le peu qu'on les voit, on les aime bien quand même. Notons aussi la présence du père Honet (ou Honay selon l'histoire) qui tente désespérément de sauver les âmes perdues afin de les ramener vers l'église.
Autour de tous ces gens, l'humour règne même dans les petits détails de la vie quotidienne. Prenez le temps de vous arrêter sur tout ce qui se passe autour de l'action centrale de chaque histoire et vous aurez de belles surprises comme les couvertures de livres, la croix de Sœur Marie-Thérèse et tant d'autres gags discrètement disséminés ici et là. Graphiquement, j'ai eu l'impression qu'au fil des histoires, le trait de Maëster se fait de plus en plus précis. Si ces visages sont caricaturaux, ils se basent sur une accentuation de la morphologie et sont néanmoins empreints de réalisme. Il faut reconnaître que les têtes des bonne sœurs de Maëster tiennent plus des vieux commandos à la retraite que des jolis minois candides et innocents. Pour marquer l'exagération, Maëster n'hésite pas à dynamiter la cohérence pour partir vers la caricature, pains explosifs à la Tex Avery, visage déformé en monstre diabolique pour marquer l'énervement, cœur qui manque de sortir des poitrines pour montrer la frayeur. Et ce contraste entre ce trait assuré et ces exagérations folles fonctionnent merveilleusement bien. Les décors, eux aussi réalistes, recèlent quelques bonnes surprises pour l'œil qui s'attardera quelques instants sur les cases. Pas de couleur dans le monde de Marie-Therèse car tout est en noir et blanc ! Mais vu l'ambiance, ce n'est pas plus mal. Le découpage repose majoritairement sur deux à trois bandes de deux à trois cases. Dans certaines scènes de dialogues assis, Maëster rompt ce système pour dédoubler ses cases, transformant une case en deux plus petites posées l'une sur l'autre par exemple. Il joue aussi allègrement sur la taille de ses cases, ce qui entraîne parfois que certaines bandes peuvent perdre le lecteur. Maëster, pas si méchant que ça, place quelques petites flèches pour indiquer le sens de lecture quand cela se complexifie trop. Les angles de vues offrent de belles perspectives, voir la contre plongée sur Marie-Therèse qui va abattre son poing vengeur est un régal. On peut même repérer quelques petits effets Fisheye. Maëster ne se prive de rien pour varier sa mise en scène, et ce pour notre plus grand plaisir. Sœur Marie-Thérèse est à l'encontre de l'héroïne classique. Elle est même une véritable anti-héroïne des temps modernes. Fut-elle la première ? Je ne m'avancerais pas jusque là. Mais son apparence peu aguichante, ses nerfs à fleur de peau, son je-m'en-foutisme notoire font d'elle la première ! Car on aurait tendance à oublier rapidement un élément essentiel, si ces traits de caractères sont encore plus choquants, c'est parce que Marie-Thérèse est une bonne sœur ! Sa descendante télévisée, Sœur Thérèse, a perdu la pêche et le cynisme de sa vénérable ancêtre mais on ne lui en voudra pas, chaîne privée grand public oblige – non, je n'ai pas cité TF1 - ! Il n'est pas étonnant que ce soit aux éditions Fluide glacial que Sœur Marie-Thérèse ait trouvé un véritable espace d'expression, car qui se ressemble... Trois autres tomes suivirent cette entrée fracassante de Marie-Thérèse dans le monde de la BD. Mais avant de vous y plonger, je vous recommande ce petit retour aux sources. Redécouvrez donc les débuts de cette religieuse – vraiment – pas comme les autres à dévorer sans retenue. Quand Zéda croise le chemin de Marie-Thérèse... Soeur Marie-Thérèse des Batignolles, T1 de Maëster David

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