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Cheryl Strayed et son célèbre teeshirt Bob Morley
Le PCT (Pacific Crest Trail) est un chemin qui longe les crêtes des massifs montagneux de la côte ouest américaine. L’emprunter, c’est s’engager dans une randonnée abrupte et sauvage tout du long des Sierra Nevada et de la chaîne des Cascades, entre Mexique et Canada. 1700 kilomètres et des dénivelés impressionnants. Mais des paysages à couper le souffle. J’en sais quelque chose, non pour les avoir parcouru à pied, mais en moto et par la route. (Je relate cela ici).
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Bare Necessities (2002) d’Antti Laitinen
On est bien loin du récit de voyage. Et ne comptons pas sur le livre pour jouer au guide touristique, sauf peut-être le passage où l’auteur découvre le merveilleux site du Crater Lake.
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Cheryl Strayed devant Crater Lake
La route commence au col de Téhachapi, au nord de Los Angelès au Pont des Dieux sur le fleuve Columbia. D’un paysage aride parsemé de quelques chaparrals, sauges et manzanitas à la Haute Sierra, la splendide « chaîne de lumière » comme l’immortalisa John Muir. Puis le Lassen Park, premier sommet de la chaîne des Cascades, et l’arrêt à Burney Falls, un site magnifique présentant les chutes au plus fort débit de Californie. La frondaison des ponderosas, des pins de Balfour et des sapins de Douglas cachent désormais les couleurs des cieux. Puis Crater lake produit cette commotion visuelle que j’ai vécue : « Je ressentais la puissance du lac. Il arrivait tel un choc au milieu de ce paysage grandiose : inviolable, seul et détaché, comme s’il avait toujours été là et y resterait toujours, absorbant toutes les couleurs du spectre, à l’exception du bleu ». Les pruches ont maintenant envahi les combes. Les majestueux monts Saint-helens, Rainier et Adams apparaissent lorsque le chemin de randonnée surplombe la forêt dense ponctuée de lacs. Et c’est enfin, Cascade Locks et le Pont des Dieux.
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Statue de Sacagawea à Cascade Locks
J’ai pris un vif plaisir à la lecture de « Wild » même si Cheryl Strayed n’est pas, au sens strict, un « Nature Writer ». Aussi lorsque le film du Québécois Jean-Marc Vallée est sorti, je m’y suis précipité.
Nombre de photos de cette notule sont d’ailleurs issues de son film.
Un hymne plus complaisant envers Reese Witherspoon, l’actrice qui joue le rôle de Cheryl, qu’à la beauté de la nature. En cela il est d’ailleurs respectueux de l’œuvre originale. Après tout, cette talentueuse actrice le mérite aussi. Mais pour ceux qui attendait un « survival », bernique ! Ce n’est visiblement pas le propos du réalisateur.
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Le PCT[2] fut à l’origine une idée de Catherine Montgoméry, une institutrice à la retraite de Bellingham dans l’état de Washington. Elle en parla à Joseph T. Hazard, un écrivain montagnard inconnu en France mais célèbre aux États-Unis dans la première partie du XXe siècle.
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Catherine Montgoméry
C’est ce dernier qui portera le projet à Clinton Churchill Clarke, un richissime pétrolier qui vivait à Pasadena et connaissait nombre de sommités du gouvernement fédéral. Il nomma un jeune homme du YMCA de Californie, Warren Rogers, pour y faire les relevés, puis le tracé des possibles chemins sur les crêtes montagneuses de la côte ouest. Clarke décèdera avant que le PCT voit le jour. Rogers vécut assez longtemps pour assister à sa naissance officielle par un acte du Congrès mais décéda en 1992, un an avant sa réelle ouverture.
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Pour finir, je ne peux que penser à ma propre mère, disparue, elle aussi, bien trop jeune. Les morts de de l’auteur je les fais miens.
« Cet amour qu’elle considérait comme sa plus belle réussite, sur lequel elle avait misé quand elle avait réalisé qu’elle allait mourir, car c’était la seule chose qui rendait à peu près supportable l’idée de nous abandonner, Leif, Karen et moi.
- Je vous ai tout donné, répétait-elle, sans cesse les derniers jours.
- oui
C’était vrai. Elle nous avait tout, absolument tout donné. Elle avait braqué sur nous toute la puissance de son amour maternel. Elle n’avait lésiné sur rien, pas économisé la moindre goutte.
- Je serai toujours avec vous, quoi qu’il arrive ».
Le récit de Cheryl Strayed est disponible aux éditions 10/18
[1] Que l’on peut difficilement traduire par Vie en plein air. Ou mieux, en anglais, Free Air Life.
[2] le PCT est moins connu que l’AT (l’Appalachian National Scenic Trail) de la côte est, car plus long et bien moins aménagé. Au contraire du PCT, l’AT possède de nombreux refuges où les randonneurs peuvent dormir. De plus, il pénètre au cœur de petites villes alors que le PCT ne propose –rarement – que de simples relais de poste, accompagnés parfois de petits bars proposant quelques épiceries. ces deux sentiers ont été déclarés sentiers nationaux en 1968. L’AT parcourt 3 510 kilomètres, reliant le mont Springer, dans la forêt nationale de Chattahoochee-Oconee, en Géorgie, au mont Katahdin dans le parc d’État Baxter, dans le Maine, traversant en plus de ces états, la Caroline du Nord, le Tennessee, la Virginie, la Virginie-Occidentale, le Maryland, le New Jersey, l’État de New York, le Connecticut, le Massachusetts, le Vermont et le New Hampshire. Il franchit la frontière du Canada par le sentier international des Appalaches, long de presqu’autant de kilomètre, du mont Katahdin pour rejoindre Belle Isle au nord de Terre-Neuve, sur les rives de l’océan Atlantique.