La FED à pour le moment utilisée presque la moitié de son bilan dans son effort de sauvetage. Elle à accepter toutes sortes de valeur mobilière dont les flux sont basés sur des portefeuilles d'emprunts immobiliers ou automobiles, de paiements de cartes bancaires, de créances commerciales et les a échangées contre ses propres Bon du trésor US. Les banques se retrouvent donc avec des actifs stables et relativement surs ou du moins qui valent encore quelques chose. En revanche, la FED se retrouve avec des produits hybrides à haut risque dont la valeur est très difficile à déterminer. Dans ce processus le pourcentage de bon du trésor dans son bilan est passé de 92% à 57% en un an (voir graphe ci-dessous).
En substance, la Fed fournis - à titre gracieux, je me dois d'ajouter - une option de vente (un put) qui a été immédiatement exercé par des entreprises commerciales et les banques d'investissement. Cette option de vente deviendra sans doute connue sous le nom du « Bernanke put » dans quelques temps. Donc les actions sans précédents (et je pèse mes mots) de la FED ont stoppé net ce qui devait être un des plus grands bouleversements de l'histoire du système bancaire – Mais à quel cout ?
Le résultat immédiat est que les billets de la réserve fédérale américaine (Le Dollars) sont désormais amplement garantis par des produits au prix et la qualité très obscurs, qui ont été émis par les banques, brokers et autres entités financières. Ce n'est clairement pas un petit problème et ne doit pas être négliger, mais ce n'est pas le plus grave.
Plus grave, à notre avis, est l'effet possible sur la psychologie du marché si un autre incident similaire à celui de Bear Stearns se produit. Cela devient de plus en plus probable car le marché immobilier continue de se détériorer et le sentiment ainsi que le comportement du consommateur restent négatifs. Par exemple, Nouriel Roubini estime que Bank of America a peu de chances de reprendre CountryWide et beaucoup d'analystes recommandent à BoA de laisser tomber le deal avec CountryWide. Ils ont certes déjà perdus $1.3 Mds sur les 2 Mds investis dans CountryWide mais un rachat leur ferait perdre bien plus selon la majorité des analystes. Aussi inquiétant, 47% des actifs des banques US sont en relation avec le marché de l'immobilier, et 67% pour les plus petites banques régionales. Une poursuite de la baisse des prix de la pierre serait un grave coup porté à ces institutions et les probabilités de faillites multiples (surtout pour les petites institutions) seraient très fortes.
Si un tel événement (abandon du deal Boa/CW, faillite de banque…) devait se produire, les investisseurs penseront immédiatement :
- Oups ! Peut importe ce que la FED à fait, ça n'a pas vraiment marché. C'est reparti !
- Oh regardez ! Ils ont beaucoup moins de marge de manœuvre sur leur bilan qu'il y a quelques mois.
- Alors, qu'est ce qu'ils vont faire maintenant ?! Qu'est ce qu'ils peuvent faire ?
A ce moment, tous les investisseurs, traders et spéculateur devront décider quoi faire. Compte tenu de la diminution des moyens financiers de la Fed, les chances d'une attitude type « vends d'abord, et pose toi les questions après" sont élevés et cela infligerait de grosses souffrances au marché pouvant même aller jusqu'au crack boursier. En d'autres termes, la vaste utilisation du « Bernanke put » a augmenté les dégâts probables d'un deuxième cycle de turbulences financières.
Ce discours un peu alarmiste n'a pour seul but de prendre conscience du risque qui pèse sur les marchés. On a tendance à l'oublier ce risque mais le marché reste fragile et la moindre nouvelle du type de faillite ou autre pourrait faire de gros dégâts, mieux vaut y être préparé.