VIA CRUCIS
Madrid , ce dimanche des Rameaux, avait mis un peu d’été dans son printemps, un temps idéal pour un combat annoncé.
La Plaza de toros de Las Ventas s’était habillée d’un no hay billetes. L’on pouvait croiser des toréros, des éleveurs, des aficionados d’Espagne, de France, de bien ailleurs et même des touristes asiatiques étrangers et perdus dans ce monde si particulier.
Les gradins attendaient, espéraient et souhaitaient à Ivan Fadino la réussite promise mais le rendez-vous orchestré à l’excès a claqué comme un échec.
Les dieux des arènes ont laissé le sable s’infiltrer dans nos veines. Les sifflets se sont montrés plus présents, l’après-midi s’est diluée dans la déception.
Le héros annoncé a été trahi.
Trahi par les toros dont aucun, à l’exception du quatrième Curioso I de José Escolar, ne fit illusion.
Faibles, mansos, décastés.
Trahi par les piques, mal placées et peut être la cause de la faiblesse de l’arrière train de Bonito.
Trahi par l’épée qui n’a jamais été concluante.
Trahi par cette hubris qui a conduit Ivan Fandino a demander plus que ce que chaque exemplaire de ces élevages pouvait donner et lui en retirer.
Trahi par l’enjeu.
La descente aux enfers a scellé l’après-midi.
Madrid est exigeante, Madrid n’est pas une place aux succès faciles.
Alors Madrid a grondé.
Et pourtant comment oublier ce site au centre d’Azafato, la muleta parallèle au corps, cette mise en suerte toujours au centre de l’arène de Curioso I , ce maniement du capote et ces véroniques, le travail de Javier Ambel et le salut des banderilleros.
Comment oublier cette volonté farouche de vouloir imposer une tauromachie de verdad avec des toros de combat ?
Comment ne pas se signer devant un torero qui a pris le risque de l’échec en affrontant seul ce que d’autres refusent ?
Comment ne pas revenir pour saluer et porter le Maestro ?
A.R alias El BIGOTES

