Magazine Culture

Critique Ciné : Dear White People, question de racisme

Publié le 02 avril 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Dear White People // De Justin Simien. Avec Tyler James Williams, Tessa Thompson et Kyle Gallner.


Prix spécial du jury lors du dernier festival de Sundance, Dear White People est surtout un film qui m’a surpris pour Tyler James Williams. Celui qui incarnait Chris dans Tout le monde Déteste Chris ou encore récemment Noah dans The Walking Dead subit une transformation extrême dans ce film ce qui m’a tout simplement permis de voir les choses différemment de ce que j’avais imaginé. J’ai adoré la façon dont Dear White People tente de faire évoluer l’histoire de ce personnage. Ce n’est pas le seul, mais c’est celui qui m’a le plus marqué, peut-être pour son côté un peu gauche. La singularité de ce film se vit au travers de la vision assez intéressante que Justin Simien (qui parler de son expérience dans ce film) a du monde qui l’entoure et notamment du point de vue des « blancs » face aux « noirs ». La confrontation des cultures, des races est quelque chose d’assez bien fait dans un film qui ne veut pas prendre de pincettes, aussi bien du point de vue des « noirs » ou encore des « blancs ». C’est même mis en scène de façon très originale avec une alliance de séquences musicales assez étonnantes et de scènes beaucoup plus classiques complètement différentes. La confrontation des deux donne un film énergique et à l’énergie communicative redoutable.

La vie de quatre étudiants noirs dans l‘une des plus prestigieuses facultés américaines, où une soirée à la fois populaire et scandaleuse organisée par des étudiants blancs va créer la polémique. Dear White People est une comédie satirique sur comment être noir dans un monde de blancs.

Ce que j’ai également apprécié c’est le fait que Justin Simien fasse un peu dans le Woody Allen de la confrontation entre noirs et blancs. La confrontation n’est pas forcément faite dans le mauvais sens mais peut justement se faire dans le bon sens, notamment du point de vue des relations amoureuses. Le but n’est pas de parler de racisme à toute berzingue. Non, le but précis de Dear White People est de nous raconter tout simplement comment une soirée réservée aux blancs sur un prestigieux campus américain peut créer une vraie discorde au sein même d’un groupe d’étudiants. C’est ingénieux dans la satire même si ce n’est pas toujours inspiré pour autant. En effet, Dear White People oscille entre des séquences assez cocasses, moquant le ridicule de cette soirée, et quelques séquences beaucoup plus intelligentes posant de vrais problèmes (le racisme, le rapport à l’actualité, etc.). Le film n’a pas peur de faire des parallèles, notamment avec le fait que Obama est un Président noir mais que le racisme reste toujours un sujet fort dans cette société. L’alliance de tout cela à de la musique classique fait de ce film un pamphlet souvent étonnant, qui sort du lot et qui sait comment surprendre. Justin Simien a cependant fait un film qui a un petit problème de construction.

La structure narrative de l’histoire manque peut-être d’un peu de structure. On passe alors souvent d’un personnage à l’autre sans que l’on ne comprenne forcément les liens qu’il y a entre l’histoire de l’un et l’histoire de l’autre. J’ai tout de même aimé que le film n’ait pas peur de parler de la difficulté d’être gay et noir (quelque chose que Empire a également soulevé dans le monde du hip-hop au sein d’une série afro américaine). Le film a donc quelques défauts d’un point de vue de son scénario. C’est probablement ce qu’il y a de plus dommage, surtout quand on voit que tout ce dont il traite est pourtant assez intéressant. Le rythme retombe par moment comme un soufflé alors que l’histoire tente d’aborder tous les sujets possibles et imaginables sauf que c’est peut-être un peu trop à la fois. Dear White People n’a donc pas toujours la volonté d’être original et d’être le film que l’on cherchait plus ou moins à nous présenter au premier abord. J’aurais aussi aimé que le film soit un peu plus politique incorrect. Il l’est mais pas suffisant, comme s’il hésitait à trop forcer sur l’idée de départ.

Note : 5.5/10. En bref, un film qui pose des questions intéressantes sous l’ère Obama où le racisme existe malheureusement toujours aux Etats-Unis.


Retour à La Une de Logo Paperblog