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Critique Ciné : Le Chant de la Mer, sixième continent

Publié le 06 avril 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Le Chant de la Mer // de Tomm Moore. Avec la voix VO de David Rawle et Fionnula Flanagan.


Parfois les plus jolis films d’animation ne sont pas les plus grands. C’est ce que parvient à me prouver Le Chant de la Mer, très joli petit conte océanique de Tomm Moore (Brendan et le secret de Kells). La prouesse de Le Chant de la Mer ne tient pas que dans son histoire mais également dans son visuel. Le visuel de ce film est différent des autres et n’est pas sans me rappeler le cinéma d’animation de Sylvain Chomet (qui n’a jamais réussi à se faire aux films lives) mais avec une vision assez différente et beaucoup plus lumineuse (les couleurs ne sont pas aussi jaunes ici que dans Les Triplettes de Belleville par exemple). C’est avec cette belle histoire que Tomm Moore parvient à nous démontrer qu’il n’est pas dénuée de talent et surtout qu’il a une vraie personnalité dans ce qu’il cherche à nous raconter entre musiques à l’ambiance celtique et ces images rayonnantes. C’est un film visuellement très riche qui de ce fait pourrait bien séduire tout le monde, des plus petits (conseillé à part de 6 ans) aux plus grands. Ce qui embarque tout de suite le spectateur c’est cette poésie qu’il y a dans l’innocence de Maïna (et accessoirement Ben).

Ben et Maïna vivent avec leur père tout en haut d'un phare sur une petite île. Pour les protéger des dangers de la mer, leur grand-mère les emmène vivre à la ville. Ben découvre alors que sa petite soeur est une selkie, une fée de la mer dont le chant peut délivrer les êtres magiques du sort que leur a jeté la Sorcière aux hiboux. Au cours d'un fantastique voyage, Ben et Maïna vont devoir affronter peurs et dangers, et combattre la sorcière pour aider les êtres magiques à retrouver leur pouvoir.

L’innocence d’un enfant est souvent ce qu’il y a de plus beau dans un film d’animation et c’est ce que Le Chant de la Mer vient nous démontrer. Par ailleurs, ce film est également doté d’une certaine forme de tristesse, celle de la solitude et de l’envie de s’évader pour oublier ses peines et ses peurs. La façon dont le film met tout cela en scène est tout simplement brillant car du début à la fin on retrouve tout simplement ce qu’il y a de plus baux dans la mythologie celtique et de toutes ses belles histoires. C’est une histoire triste mais ce n’est pas grave car la beauté du reste fait que l’on a simplement envie d’oublier la tristesse du scénario. Le scénario est d’ailleurs lui aussi très réussi, oscillant entre mélancolie et poésie frénétique. Du début à la fin on en prend tout simplement plein les mirettes des aventures de ce frère et de cette soeur qui n’ont pas du tout la même vision des choses. La soeur est la grande rêveuse, celle qui est capable d’aller en mer en pleine nuit afin de danser dans l’eau et le frère celui qui est peut-être un peu plus terre à terre mais qui est surtout déçu à l’idée de quitter leur père et ce phare en haut d’une petite île. Ce qu’il y a également de très intéressant dans Le Chant de la Mer c’est le fait que le film n’a pas qu’une seule vision des choses.

Tomm Moore nous offre alors un film qui a une vision pour les grands et pour les petits. Les petits seront émerveillés par les chants, par la petite histoire rigolote et émerveillés par la poésie. Les adultes verront le côté le plus émotionnel et donc le plus triste de cette histoire. Le Chant de la Mer n’est pas dénué d’humour non plus (même si ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus important dans ce film). Il y a également un peu de ce que l’on voit chez les japonais en termes d’animation pour la poésie rayonnante de ce film, entre tristesse, musique et espoir. Bien entendu, tout le monde n’appréciera pas forcément Le Chant de la Mer, notamment car ce n’est pas le film le plus accessible du monde mais une fois que l’on est charmé, on l’est jusqu’au bout. Tomm Moore a réellement su capturer l’attention d’un large public avec quelque chose qui n’est jamais niais, jamais ennuyeux et toujours plein de petites trouvailles en tout genre. C’est aussi la preuve que le cinéma d’animation européen n’est pas mort (après l’excellent Paddington, autre prouesse européenne dans un registre complètement différent).

Note : 9/10. En bref, un magnifique film d’animation, poétique et si touchant.

Date de sortie : 10 décembre 2014


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