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La faillite de la pensée managériale

Publié le 07 avril 2015 par Emmanuel S. @auxangesetc

C'est peu dire que la lecture du livre de François Dupuy " La faillite de la pensée managériale " a suscité mon enthousiasme. Tout ce que j'ai toujours voulu comprendre sur les problèmes du manager " intermédiaire " est tout entier contenu dans les 233 pages de ce bouquin, écrites en gros en plus, par un sociologue des organisations. Un sociologue qui parle rédige pense terrain. Un vrai cowboy de la pensée managériale qui flingue à tout va, l e top management, les business schools, l'inculture ambiante, la communauté réduite aux acquêts chiffrés, les consultants vendeurs de PowerPoint, la logorrhée du changement et du management de projet (clic), bref tout ce verbiage et ce parasitisme de l'action auxquels on est habitué quand on est cadre et auxquels on ne peut pas déroger.

Sous peine de sortir du cadre. Et réussir là où tout le monde échoue. Les vrais succès sont mal vus dans le consensus ambiant, ça grippe la mécanique du monde qui tourne à l'envers.

Le manager intermédiaire c'est celui qui est coincé entre le marteau, les dirigeants, et les enclumes, les managés. Ohé c'est bon on a le droit de rire aussi, hein. C'est celui qu'on condamne quand ça foire parce qu'il n'a pas su accompagner ses équipes, donner du sens, susciter l'adhésion dans un grand éclat de joie, jouer de son leadership, important le leadership, en avoir ou pas telle est la question, y répondre naturellement te permet d'intégrer les viviers de hauts potentiels. Tout en atteignant son objectif de vente, époussetant tous les bureaux après la fermeture, vidant les poubelles des esprits chagrins pour éviter les burn-out et en éteignant les lumières vers 23h pour la RSE (responsabilité sociétale de l'entreprise).

Les pages consacrées aux boîtes de consulting, à leur modèle économique fondé sur la reproduction de schémas amortis, donc margés un max, stéréotypés et inefficaces, avec intervention de pléthore de juniors, et qui leur interdit toute novation dans l'approche des problèmes de l'entreprise sont frappés au coin du bon sens près de chez vous.

Chez moi aussi.

Parce que oui, c'est complexe le concret, n'en déplaise aux fanatiques du toujours plus simple, plus tu veux être concret dans une entreprise plus tu dois connaître les interactions entre services, entre les vrais gens, leurs motivations, tout un tas de relations qui demandent du temps pour être comprises, du temps que les entreprises ne veulent pas perdre et qu'elles préfèrent payer en recettes toutes simples vendues par des vendeurs de soupe.

Plutôt que de réfléchir aux acquis des sciences sociales.

Tout plutôt que de prendre un risque, faire comme les autres même si ça ne fonctionne pas, au moins pas de risque pour la carrière du top manager.

Avec " La faillite de la pensée managériale" j'ai redécouvert les concepts de Michel Crozier (clic), en particulier le système d'action concret, quand les acteurs ne veulent pas faire ce n'est pas parce qu'ils sont plus cons que moi ou mal nés par rapport aux aptitudes à changer, c'est juste qu'ils n'y ont pas intérêt, et qu'ils arbitrent entre les PLUS et les MOINS. La différence entre l'organisation, celle des organigrammes, et la structure, celle du fonctionnement réel de l'entreprise, dans les échanges au quotidien. Ces dirigeants qui pensent qu'il suffit de décider pour agir et de parler pour être entendu et compris. La difficulté n'est pas de décider mais d'appliquer la décision...

" Le raisonnement financier a occulté toute autre forme de raisonnement " pour François Dupuy. Je plussoie dans mon petit costume.

Des passages intéressants aussi sur le contrat social, l'importance de l'entreprise au centre de la relation sociale au XXIème siècle, une entreprise autrefois protectrice, celle des années 60/70, aujourd'hui portes et fenêtres grandes ouvertes sur la concurrence, le monde et l'insécurité permanente, et qui s'étonne pourtant du manque d'investissement des collaborateurs. Malgré 5 millions de chômeurs en France.

Une réflexion sur les valeurs encore, celles promues par les entreprises qui remplacent toute forme de pensée complexe pour se contenter d'un discours creux, lénifiant et auquel personne n'adhère tant le décalage est énorme avec la réalité vécue.

Un rappel enfin, l'importance de la culture, de la lecture, de l'analyse, de la réflexion et... du temps, dans la compréhension des mécanismes qui sont à l'oeuvre dans toute société humaine.

" La faillite de la pensée managériale " est la suite de " Lost in management " du même François Dupuy, j'ai commencé par la suite mais je vais très vite acheter le tome 1. Vraiment facile et agréable à lire, easy à comprendre même sans maîtriser les concepts de la sociologie des organisations, ce n'est pas le moindre des mérites de François Dupuy.

LA FAILLITE DE LA PENSÉE MANAGÉRIALE

François Dupuy

Editions Le Seuil

20€

La faillite de la pensée managériale
A acheter chez votre libraire, pas chez AMAZON. Merci pour lui.

Une critique du livre à lire ici (clic) ou à écouter sur YOUTUBE, installez-vous pour 10 petites minutes simplissimes chez MOLLAT de Bordeaux...


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