C'est une page qui se tourne au Burkina Faso ou le pays des hommes intègres. Blaise Compoaoré qui en était jusque-là le président a été évincé par une foule en furie, par de jeunes manifestants désirant que l'ordre constitutionnel soit enfin respecté. Un scénario que n'envisageaient sans doute pas M. Compaoré et ses députés godillots.
Car la morale de ces évènements politiques et tragiques est que l'opinion en Afrique n'est plus passive (et c'est cela que doivent comprendre tous les chefs d'Etat africains, qui très souvent, et sans vergogne, ont cette manie de s'accrocher au pouvoir en tripatouillant la loi fondamentale de leur pays respectif.) Elle est devenue plus scrupuleuse face à certaines attitudes transgressives, irresponsables, désinvoltes qui sonnent le glas du pacte républicain. Cette opinion, c'est également celle de la génération Facebook, Twitter, qui maîtrise si bien toutes les techniques redoutables et efficaces des réseaux sociaux, qui a vu le printemps arabe provoquer des convulsions politico-sociales majeures en Afrique du Nord.
Oui, une nouvelle Afrique est née à Ouagadougou. Cette Afrique-là fait de la démocratie non pas une affaire de rhétorique mais une affaire d'exigence, d'éthique de la responsabilité entre les citoyens et les élus. Elle est prête à échapper à la risée du monde pour que vive cette forme de régime, où sont proclamées la cohésion sociale et l'alternance.
Des vertus qu'ignorait le fringant et rusé Blaise Compaoré. Lequel sera resté 27 ans au pouvoir : il a défait le sankaraïsme lyrique et visionnaire, et aujourd'hui, c'est à lui que revient la tâche d'entonner le chant des déchus.
Guillaume Camara
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