Magazine Science

La vérité sur les jumelles de la terre, Ciel & Espace, février 2012

Publié le 20 janvier 2012 par Cieletespace

Editorial

Le hasard nous ressemble*

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Parfois le hasard est facétieux. C’est le cas pour cette mère de famille de Draveil, dans l’Essonne, au nom prédestiné, Martine Comette, chez qui fut découverte une météorite. Fichée dans le toit du pavillon qu’elle loue, cette “chondrite” d’une centaine de grammes, provenant de la Ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter, fut découverte par un ouvrier venu changer des tuiles cassées… Alain Carion, collectionneur et vendeur de pierres tombées du ciel, regrettera que la tuile n’ait pas été conservée pour enrichir la qualité des expositions.

Peut-être ce même hasard est-il adepte de l’humour à répétitions quand il fit choir récemment, dans une petite ville de Sibérie, un élément du lanceur russe Soyouz près d’une maison située “rue du Cosmonaute” !

Mais il n’est plus qu’un facteur déclenchant quand, au cours de l’été dernier, en plein cœur de la journée, il attire l’attention des nomades sahariens sous la forme d’une boule de feu qui traverse le ciel. Et là, “quelque part” entre l’Algérie et le Maroc, sont collectées des roches dont un autre chasseur et vendeur de météorites français, Luc Labenne, reconnaîtra comme du matériau en provenance de Mars.

Au moins — pour le plus important morceau dévoilé — 28,5 g de shergottite, typique d’une roche arrachée à la planète rouge par un impact puissant. Potentiellement, la découverte est importante. Il s’agit de météorites “fraîches”, non altérées par un long séjour sur Terre, des débris qui n’ont pas eu le temps d’être érodés par l’eau, le vent, le sable et la poussière.

Il suffit de se souvenir de l’annonce faite par la Nasa, durant l’été 1996, de la “découverte” de traces de vie fossile au cœur d’une météorite martienne tombée 13 000 ans auparavant, et de la polémique qui s’ensuivit, pour apprécier l’absence de contamination bactérienne liée à un long séjour sur notre planète.

Si la place du hasard s’est fortement réduite, c’est qu’au fil des ans une chaîne de collecteurs s’est mise en place. Professionnalisée. Les premiers ont appris à reconnaître une croûte de fusion — typique d’une rentrée atmosphérique — et ratissent le terrain. Les seconds récupèrent les matériaux suspects, cèdent une partie de leur moisson aux laboratoires professionnels, en contrepartie d’une authentification, et fournissent autant la recherche que le marché des collectionneurs. Chacun y trouve son compte.

De même, en matière d’astronomie, le rôle et la place des amateurs dans le processus de découverte ne doivent plus grand-chose à la chance et au hasard. L’exemple de Claudine Rinner, la première Française à découvrir une comète depuis près de quinze ans, est édifiant.

Son histoire, que vous découvrirez dans ce numéro, est autant celle d’une passion que d’une méthode de recherche systématique couronnée de succès. En pilotant depuis la banlieue de Mulhouse un télescope automatique installé au sommet d’une montagne de l’Atlas marocain, elle illustre à merveille l’opportunité saisie par certains “amateurs”, bénéficiant de la révolution des technologies optiques, logicielles et numériques, de réaliser un travail de chercheur. Pour le plaisir, évidemment, mais aussi pour laisser au hasard la part qui lui revient : là où nous ne sommes pas encore allés…

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

* Georges Bernanos

 

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LA VERITE SUR LES JUMELLES DE LA TERRE


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