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Feuilles d'automne

Publié le 13 octobre 2010 par Clairef

Feuilles d'automne

Bonjour chers amis,

L'arrivée de l'automne me semble le moment propice pour que nous parlions de feuilles.

Pas de celles tournoyantes, racornies, jaunissantes, rougissantes et frémissantes qui virevoltent et sèment jardins et trottoirs de leur tapis élastique et bruissant.

Plutôt de celles, tournées, cornées, dévorées, gorgées d'encre noire et parsemées de caractères comme de petits insectes endormis, qui attendent patiemment le mouvement sec du doigt, un brin de vent malicieux ou un sage marque-page avant la nuit.

Feuille après feuille, au pied des arbres ou à leur ombre, se sont mêlées feuilles sêches et feuilles planes, cousines de nature, aux cycles succesifs, elles se rejoindront un jour en un humus généreux.

Nature et Lecture étant de la même famille, abordons maintenant les livres que je voudrais partager avec vous, puisqu'ils m'ont touchée cet automne...

1. Vivement l'Avenir, de Marie-Sabine Roger

Feuilles d'automne

L'histoire se passe dans un petit coin perdu et sans intérêt, entre la nationale, le ciel bas, le canal et le poulailler industriel. Les gens qui s'y croisent oscillent entre le chomage, le bistrot, le travail, les rêves et le temps qui passe avec ses illusions. On se croirait dans un Zola moderne, sans le style ni les descriptions.

Comme dans son premier opus, La Tête en Friche, Marie-Sabine Roger aime là encore susciter les rencontres improbables, caricaturer et montrer du doigt mauvaises intentions et bas instinct, croquer mesquineries et méchancetés, et faire parler les nerfs de ses personnages écorchés.

Le ton est vif, l'humour est noir, mordant, les mots incisifs et l'émotion au bord des yeux.

Car les personnages sont incroyablement attachants dans leur insignifiance apparente.

L'histoire, une lecon incroyable d'humanité et d'optimisme.

L'espoir retrouvé par le partage de détresse et d'amitié entre une jeune fille errante et solitaire, qui se cache pour mieux s'enfuir, ou s'enfuit pour mieux se cacher, et un handicapé physique et mental. A ce duo improbable et claudiquant, se joindront ensuite le déprimé de service et son copain alcoolo au coeur tendre...

Et comme en mathématiques, moins et moins, font plus... Grâce à celui que tous prennent pour un monstre, trois paumés, prisonniers d'un quotidien sans issue retrouvent sens, dignité et but à leur vie. Tous les quatre deviendront les héros d'un avenir plein de rires.

2. Quand blanchit le Monde, de Kamila Shamsie

Feuilles d'automne

Rien que la couverture vous emmène en voyage...

... Avant de comprendre que ces oiseaux migrateurs survolant cette femme noyée dans ses secrets ont plusieurs sens.

Tout commencera avec les ailes noires de la bombe de Nagasaki qui ont foudroyé le destin d'Hiroko, une jeune japonaise amoureuse, en se posant pour toujours dans son dos.

Les migrations entrecroisées de deux familles, au-delà des guerres, des nationalités, des classes sociales et des conflits, des époques et des pays: entre le Japon, l'Inde, le Pakistan, l'Angleterre et les Etats-Unis.

Les ailes des mots, qui voyagent entre les langues et ont le pouvoir ou le courage de tout comprendre, tout traduire, tout expliquer, tout justifier, sauf la violence insupportable des hommes.

Les oiseaux multicolores des jardins de paradis, les oiseaux insouciants des guerres de religions ou de territoire, le monde n'est qu'un long envol vers le soleil blanc qui l'absorbe et lui donne sagesse.

Sur trois générations, tragédies, bonheurs et espérances se poursuivent, comme des anges gardiens au-dessus des personnages de ce roman fleuve que l'on quitte à regret.

Premier roman d'une pakistanaise dont j'attends déjà les prochains manuscrits, remarquablement bien écrit, et traduit, la justesse des images et des personnages ne cesse de me hanter. Je voudrais connaître chacun d'entre eux, pour les remercier, Hiroko pour sa force gracile, Konrad pour sa poésie, Sajjad pour son ambition lucide, Ilse pour son humour, Raza pour sa fragilité, Kim pour sa tendresse solitaire et Harry pour sa clairvoyance.

3. Trois fois Septembre, de Nancy Huston

Feuilles d'automne

A la bibliothèque, le titre, de saison, m'avait plu, et l'auteur de surcroît ne m'avait jamais décue mais plutôt toujours comblée: ce petit roman me semblait donc déjà la cerise sur le gâteau lorsque je le découvrais pour une fois en rayon.

Impossible de m'arrêter, je l'ai lu presque d'une traite, comme il s'écrit d'ailleurs.

Une mère et sa fille passent ensemble un long week-end à lire les carnets secrets de la meilleure amie de la jeune fille, rencontrée deux ans auparavant. Le lecteur ne comprend pas pourquoi cette dernière est si bouleversée à l'idée d'ouvrir la boîte de Pandore renfermant l'intimité de son amie... et est donc suspendu au rythme de la lecture-découverte.

Et peu à peu, nous entrons dans l'histoire, au fil des feuillets manuscrits et des lettres retracant les amours, amitiés et le quotidien des personnages, ponctuées des réactions et émotions de la mère et de sa fille ...

Haletant, évidemment, comme seule Nancy Huston sait le faire, avec un choix de mots tellement saisissant que l'on rêverait de savoir réciter certains passages par coeur.

Voilà, chers amis, trois livres sur un plateau... Si vous les avez lus, dites moi vite ce que vous avez ressenti !

A bientôt, au plaisir de vous lire tous,

Claire Fessart.

http://www.thebookedition.com/advanced_search_result.php?keywords=claire+fessart

Feuilles d'automne


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