Avec ses quêtes nombreuses et variées bien que très classiques, le contenu PVE d'Age of Conan essuie peu de reproches et, des missions Fedex qui vous feront artificiellement voir du pays aux longues instances réservées aux groupes, le titre a de quoi occuper tranquillement tous ceux qui aiment "soloter" et monter tranquillement leur personnage. Comme les autres joueurs, ils découvriront toutefois les limites d'un terrain de jeu terriblement découpé, puisque l'Hyborie - contrairement au monde de World of Warcraft ou du Seigneur des Anneaux On-line - est extrêmement instancier, ce qui oblige à supporter des temps de chargement dès que l'on quitte une ville, une région, ou un bâtiment. D'un côté, ce découpage permet de mieux travailler chaque zone et de l'enrichir, aussi bien visuellement que du point de vue du contenu. On se promène ainsi dans des villages aux maisons dévastées par la guerre, dans les décombres fumants des champs de bataille, ou dans des villes aux architectures complexes. De l'autre, l'exploration est très limitée, surtout qu'avec ses aires confinées et réservées aux aventuriers d'un niveau prédéfini, Age of Conan donne l'impression d'avoir un terrain de jeu sacrément réduit par rapport à ses concurrents. Passer d'une région à l'autre via un simple un écran de chargement (pas de longues balades à cheval ou à dos de griffon dans Age of Conan), forcément, ça tue un peu l'enthousiasme...
Le jeu souffre aussi des défauts typiques du MMORPG, avec un monde trop statique où l'on croise bien quelques PNJ qui se promènent et où l'on peut interagir de manière parfois intéressante avec le décor - que cela soit en brûlant une maison pour les besoins d'une quête ou en développant sa compétence pour grimper aux échelles mais le sentiment de vie est globalement trop artificiel. Les instances diminuent encore plus la sensation d'appartenir à un univers unifié et crédible, surtout que les ambiances changent parfois du tout au tout d'une aire de jeu à l'autre, passant de l'architecture méditerranéenne de Tarantia aux montagnes enneigées de Conarch ou aux décors arabisants de Khemi. Le jeu affiche même parfois un certain manque d'ambition, que ce soit avec ces bons vieux points d'exclamation ou d'interrogation au-dessus de la tête des PNJ dispensateurs de quêtes, l'absence de gestion de la durabilité des objets, en passant par ces objets génériques et sans saveur qui frustreront les fanas du Power Gaming. L'artisanat, réservé aux joueurs de niveau 40 et plus (on commence toutefois à collecter des matières premières dès le niveau 20), s'annonce également des plus classiques, mais devrait en théorie compenser la qualité douteuse des items du jeu avec des objets un peu plus valables, du moins on l'espère. En tout cas, avec un équipement aussi peu enthousiasmant, l'argent est rarement un problème dans le jeu, en tout cas à bas niveau, tant il n'y a rien à acheter chez les vendeurs ou même à la maison des ventes.
Une offre PVP extrêmement alléchante et très complète donc, toutefois ternie par l'absence de certaines de ses fonctionnalités (les bastons de bar ou les primes sur les PK, entre autres), qui obligent une fois de plus à croire les développeurs sur parole. Des promesses, beaucoup de promesses, Age of Conan, comme beaucoup de MMORPG à leur sortie est donc un jeu qui demandera encore pas mal de travail pour s'épanouir et se révéler dans toutes ses richesses, et obligent autant à la prudence qu'à l'enthousiasme. L'enthousiasme parce que le système de combat est décidément excellent, l'atmosphère de certaines zones vraiment phénoménale, et que le contenu PVE est à la fois riche et travaillé. La prudence parce qu'en l'état, Age of Conan reste extrêmement imparfait, avec des traductions incomplètes, des quêtes qui ne fonctionnent pas, et toutes sortes de bugs, de collision ou autres, qui pourrissent l'expérience.
Et si l'on compte évidemment sur les futures mises à jour pour corriger petit à petit ces
problèmes, étoffer encore le contenu notamment en termes d'arènes PVP ou de zones et instances PVE, voire tout simplement pour implémenter ce qui était promis à l'origine, Age of Conan est en
l'état un titre extrêmement convaincant sur certains points mais plus décevant sur d'autres, avec notamment un système de quêtes sympathique mais usé jusqu'à la corde et un fond qui reste on ne
peut plus classique. Comme toujours dans le cas des jeux massivement multijoueurs, certains feront donc d'emblée un pari sur l'avenir, et à ce titre, si Age of Conan est sans conteste beaucoup
mieux loti que d'autres, on espère toutefois que ses développeurs sauront rapidement concrétiser leurs promesses et assurer le suivi nécessaire non seulement à son succès, mais aussi à sa survie
à long terme.
La Configuration de test : Intel Core 2 Q6750 @ 2.66Ghz, 2 Go de RAM, GeForce 8800 GTS 512.