La France découvre le mécanisme des primaires, importé des États-Unis et qui s'impose progressivement comme une évidence.
Cette innovation est à double tranchant.
Démocratisation : Pour les partis, les primaires sont l'occasion d'un élargissement de leur base militante quand ce sont des primaires ouvertes à tous les électeurs, ou à ceux qui acceptent de signer une charte de valeurs. C'est ce que le PS s'apprête à organiser. A l'heure d'internet, des blogues, forums et vidéos, les structures des partis pourraient sembler vite sclérosées et fermées si elles ne changeaient pas leurs méthodes. L'enjeu est ni plus ni moins de coller à la population qui s'exprime beaucoup plus largement et directement qu'à l'époque de la presse écrite. Les primaires permettent de faire participer la population à l'un des enjeux les plus importants : La désignation des candidats aux élections.
Le revers de la médaille, c'est la perte de pouvoir des partis. Les investitures sont une de leurs principales prérogatives. Si cette désignation leur échappe, comme pour le PS en 2006 avec Ségolène Royal, ils se retrouvent à devoir soutenir un candidat qui n'était pas leur préféré. Pour 2012, il semble que le PS ait décidé de contourner l'obstacle par un accord préalable entre les principaux candidats. Cet artifice permet de garder l'illusion de la désignation démocratique alors que la décision importante, le choix du "gros" candidat aux primaires, échappe aux électeurs.
Légitimité : Un objectif des primaires est de légitimer la désignation des candidats. La décision ne venant plus d'en haut, elle n'est plus contestable par la base.
Le problème, c'est si la campagne des primaires structure le parti en deux camps qui s'opposent à un tel point qu'ils ne peuvent plus ensuite se rassembler derrière le vainqueur.
Personnalisation : La démocratisation semble être l'effet principal recherché par les partis de gauche. Mais les partis de droite y voient un autre avantage : la personnalisation. Un candidat désigné par un parti est le candidat d'un parti. Alors qu'un candidat désigné par primaire est plus indépendant de son parti. Sa légitimité ne vient pas des arcanes obscures des partis. Sa personnalité est plus importante que son étiquette.
Ce phénomène, en tous cas dans un premier temps, risque de favoriser la droite face à la gauche. Les hommes politiques de droite s'affichent clairement ambitieux, voulant surpasser leurs concurrents. Les politiques de gauche sont censés être plus collectifs. La gauche a moins la culture du chef, ce qui la handicape déjà régulièrement aux élections présidentielles depuis la Ve République. Les primaires risquent d'amplifier ce handicap de la gauche.