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Rue du Faubourg Saint-Honoré

Publié le 19 mars 2014 par Paniervolant

Je venais de quitter l'Italie, un brin nostalgique, mais complètement soulagée de la situation dans laquelle je m'étais involontairement retrouvée.
Il fallait bien se rendre à l'évidence, je n'avais accompli aucune formalité administrative qui aurait pu me permettre de m'y installer, quant à Luigi ou sa famille, personne n'avait tenté de m'aider dans cette situation irrégulière.
Je n'avais donc aucun remord et me sentais déterminée à accomplir ma destinée professionnelle sans l'aide de qui que ce soit désormais.
Dès mon arrivée à Paris, j'allais consulter ma situation bancaire, puis les sociétés d'intérim afin de me trouver un job alimentaire, en attendant des jours meilleurs, et je m'installais à l'hôtel.
J'avais retrouvé quelques-uns de mes amis, mais au lieu de passer mes soirées avec eux en discothèque j'avais résolu de m'établir un programme bien précis.
La journée je faisais du secrétariat, et je consacrais mes soirées à la création de dessins de tissus que je réalisais avec beaucoup de soin et d'attention, afin de me préparer un dossier professionnel.
Cette solitude m'apaisait énormément et finalement était très favorable au développement de mon imagination pour mes créations, encore meilleures que celles réalisées au Lac de Côme que Luigi avait gardées.
Il fallut un mois pour en arriver à me constituer ce précieux dossier.
Lorsque je fus prête, il restait l'ultime épreuve à accomplir.
Je m'apprêtais avec beaucoup d'attention pour la coiffure et le maquillage, et soignais ma présentation vestimentaire bien que vintage et avec un peu d'audace, mon dossier de dessins sous le bras, je décidais de faire la tournée des maisons de haute-couture situées rue du Faubourg Saint-Honoré......
J'eus la bonne idée de commencer, sans complexe, par me rendre chez Lanvin, sans avoir pris rendez-vous. C'est le directeur artistique de la maison, Jules François Crahay.qui me reçut.
Cette première visite s'annonça très bien. Mon dossier lui plut, il recherchait une personne pour dessiner les silhouettes de la dernière collection de haute-couture en exemplaires multiples.
En y réfléchissant bien, cela me rappelait mon premier job bêtifiant de dactylo, où il fallait taper la même lettre à raison d'une quarantaine minimum dans la journée. Alors je refusais avec beaucoup de courtoisie cette proposition qui n'avait rien de créatif, et bien que douée en dessin, je n'avais jamais eu l'expérience de dessiner des silhouettes rapidement.

Il me laissa néanmoins réfléchir à cette proposition, à laquelle je n'allais pas donner suite.
Mon second choix se porta sur la maison Castillo, où le couturier me reçut avec beaucoup de courtoisie, mes dessins l'intéressaient et nous devions reparler ultérieurement d'un engagement dans cette maison.
Je n'ai jamais donné suite et heureusement pour moi puisque la maison Castillo fermait quelque temps plus tard.
Je m'arrêtais ensuite chez un troisième couturier dont on parlait beaucoup à cette époque, puisqu'il était également un des pionniers du prêt-à-porter, Louis Féraud.
Louis Féraud me reçut avec gentillesse et simplicité, il avait gardé une pointe d'accent qui sentait la Provence.
Mon dossier lui plut réellement et mes dessins de tissus l'intéressaient, alors il me fit une proposition assez originale, puisqu'il avait également besoin d'une secrétaire.
Finalement j'acceptais sa proposition, sachant que si je ne faisais pas mes preuves en qualité de styliste, j'avais au moins l'opportunité et une issue de secours par le biais du secrétariat pour faire mon entrée dans une maison de Haute-Couture.

J'étais folle de joie, et j'allais enfin faire mes premiers pas dans cet univers très fermé de la haute-couture parisienne.


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