J'ai eu le privilège de rencontrer à plusieurs reprises sa majesté l'Ogooué, fleuve majuscule qui arrose généreusement le Gabon. Navigable depuis Ndjolé, ville qui vit mourir le grand résistant Samory Touré, le fleuve des fleuves s'étale et prend ses aises à l'aval de Lambaréné, ville qui vit prospérer le grand docteur Albert Schweitzer.
Ainsi, le reste du parcours de l'Ogooué est jalonné de lacs, jusqu'à son embouchure à Port-Gentil, ville baptisée en l'honneur du grand administrateur Emile Gentil. Le béotien serait mal avisé d'aller conduire lui-même son embarcation au milieu de ce labyrinthe, le plus grand risque pour lui étant de se retrouver au beau milieu du lac Azingo qui, contrairement à ses voisins, est une impitoyable impasse.
C'est en référence avec cette situation géographique particulière que les Gabonais décidèrent jadis de baptiser leur équipe "Azingo National" (ou "National Azingo") : ils voulaient que les adversaires de leur sélection nationale soient piégés tout aussi sûrement que le pilote et son bateau au beau milieu du lac Azingo.
Or, au début des années 2000, se rendant compte que l'équipe du Gabon ne piégeait personne, le ministre des Sports de l'époque décida de la débaptiser, d'où l'avènement des désormais "Panthères" du Gabon. Il faut dire que l'opération a pas mal réussi au pays de Schweitzer, du moins jusqu'à la CAN 2012.
Vous me voyez venir. Voici l'objectif de cet article au trois quarts disgressif : parce que les mots ont un sens et qu'un qualificatif doit se mériter, les Lions Indomptables, dans ces colonnes, ne seront plus que les Lions, point.
Jusqu'à ce qu'ils prouvent qu'ils méritent à nouveau de porter cet adjectif qui, pour l'instant, ne fait plus peur à personne.