Un petit billet pour résumer en quelques mots ce qui se passe au sommet d'Alcatel-Lucent ces derniers jours. Lors de l'assemblée générale, vendredi 30 mai, les actionnaires de l'équipementier
télécoms en difficulté ont voté une résolution facilitant la révocation du président du groupe Serge Tchuruk et de la directrice générale Patricia Russo, qui ont tous deux été copieusement hués.
On peut d'ailleurs comprendre les actionnaires, puisque du côté boursier le cours de l'action a été divisé par 2 en un an et du côté industriel, l'activité a baissé et le groupe annonce une perte
de 181 millions d'euros au 1er trimestre 2008 contre 8 millions il y a tout juste un an !
Mais les actionnaires ont également critiqué les modalités du parachute doré de Patricia Russo qui, en cas de départ, lui accordait sa rémunération fixe et variable pendant deux ans, ainsi que
ses différents avantages sociaux, de retraite et en nature. Or, en 2007, selon le cabinet de conseil Proxinvest, Mme Russo a perçu un salaire de 1,83 million d'euros, dont 1,2 million
de part fixe et 635 000 euros de part variable, ou bonus. Son bonus "cible" s'établissait à 1,8 million d'euros. Tous avantages inclus, sa rémunération totale s'établit, selon Alcatel-Lucent, à 5
millions d'euros ! On peut alors aisément imaginer l'ordre de grandeur de ce parachute doré... Je donne tout de même la réponse pour ce qui ne souhaiteraient pas faire les calculs : on
avoisine les six millions d'euros, soit 3,3 fois la rémunération de Mme Russo en 2007 !
Au moment où l'on ne cesse de nous parler de moralisation du milieu des affaires et de modération salariale, cette somme faramineuse ne passe pas très bien... D'ailleurs je ne résiste pas à
l'envie de vous livrer un extrait du discours de Christine Lagarde lors de la mise en place de la loi TEPA qui contenait notamment la loi sur les heures supplémentaires défiscalisées :
"Élément phare du programme confiance, croissance, emploi, la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat, loi TEPA, vise à redonner toute sa place au travail comme valeur et outil d’amélioration du pouvoir d’achat par :
– l’exonération d’impôts et
de charges sociales pour les heures supplémentaires ou les heures complémentaires
– la liaison des indemnités de départ des dirigeants, parachutes dorés, à leurs performances [...]"
Encore une promesse non tenue donc ?