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Tulalu!? invitée de la Médiathèque du Valais pour une rencontre avec Sonia Baechler et Bastien Fournier

Publié le 27 février 2015 par Francisrichard @francisrichard
Tulalu!? invitée de la Médiathèque du Valais pour une rencontre avec Sonia Baechler et Bastien FournierTulalu!? invitée de la Médiathèque du Valais pour une rencontre avec Sonia Baechler et Bastien Fournier

Tulalu!?, l'association littéraire qui organise "des discussions entre ceux qui tiennent la plume et ceux qui tournent les pages", s'est déplacée hier soir à Sion à l'aimable invitation de la Médiathèque du Valais, pour une rencontre avec Sonia Baechler et Bastien Fournier. Pierre Fankhauser, qui est devenu l'animateur attitré de Tulalu!? depuis plus d'un an maintenant, a poussé gentiment dans leurs retranchements, comme il sait si bien le faire, ces deux auteurs très différents, qui se complétaient au fond très bien.

En effet, si ces deux auteurs ont un point commun, celui de faire se dérouler leur dernier livre dans une vallée encaissée, enserrée par de hautes montagnes - toute ressemblance avec le Valais serait évidemment purement fortuite -, leurs livres ne sont pas du tout construits de la même façon et les thèmes n'y sont pas non plus les mêmes.

Dans le roman de Sonia Baechler, publié chez Bernard Campiche Editeur et intitulé On dirait toi, il n'y a, en apparence, pas de construction, même si le récit a sa cohérence, parce qu'il part dans tous les sens de l'espace et du temps et parce qu'en fait il accomplit une ronde, à l'image de la manière dont il a été conçu, par petits bouts, qui ont fini pour faire un livre en étant mis bout à bout.

Au contraire, le roman de Bastien Fournier, L'assassinat de Rudolf Schumacher, publié chez L'Aire, est construit comme doit l'être tout roman du genre policier, c'est-à-dire qu'il comprend un crime, une enquête sur le crime et un dénouement qui permet de découvrir qui l'a commis. A l'instar du théâtre grec qui a ses codes, le genre policier a les siens et, comme la tragédie antique, il se prête bien au grandiose, propre à satisfaire le plus grand nombre.

Sonia Baechler a été intriguée par une femme de sa parenté qui est devenue religieuse à la fin de sa vie après avoir eu des enfants. Elle s'est demandée comment cela était possible. La Chenegauda, cette légendaire procession d'âmes damnées, s'est également penchée sur le berceau de son livre pour lui donner vie.

La Chenegauda devait d'ailleurs être le titre du livre de Sonia Baechler jusqu'au jour où une religieuse de nonante-huit ans, rencontrée par elle dans un couvent, et qui avait connu une de ses aïeules, lui a dit, tellement elle lui ressemblait: "On dirait toi."

Sonia Baechler s'est intéressée aux habitants de la Vallée qui partent pour d'autres cieux et qui en reviennent parce qu'en définitive la terrre lointaine n'était pas la terre promise et que la terre quittée s'avérait être le jardin d'Éden. Elle a lu d'ailleurs un passage de son roman qui évoque ces migrations et qui se termine par une tentative ratée d'un personnage qui limitera dès lors ses fugues aux frontières cantonales... 

Bastien Fournier a choisi délibérément pour victime de son polar un personnage détestable. Souvent dans les romans policiers, les victimes sont des personnes innocentes. Eh bien, cette fois, ce n'est pas le cas. Ce personnage est certes largement inspiré d'un homme politique bien en place, mais ce n'est pas moins sous sa plume un personnage fictif, un personnage de roman... satirique.

Aristote faisait déjà la distinction. Selon lui, il ne fallait pas confondre la représentation de la réalité avec la réalité. Bastien Fournier prend l'exemple de deux droites parallèles qui ne se rencontrent jamais dans la géométrie euclidienne. Elles peuvent être même très proches, mais elles ne se touchent pas pour autant.

Bastien Fournier concède que, par énervement, il a voulu marquer son désaccord et voulu, à partir de la recréation fictive de ce petit monde local particulier, ne pas se taire, comme d'autres, sur un phénomène plus général, celui de la montée des extrêmes qui se produit partout en Europe, et pas seulement dans la vallée imaginaire du prologue à son roman, morceau de bravoure qu'il a lu in extenso à l'auditoire.

L'amour sauve le monde, précise Bastien Fournier. Rudolf Schumacher, qui n'est pas Bastien Fournier, comme l'a suggéré en début de rencontre Pierre Fankhauser pour le taquiner, n'est pas tout noir. Ce personnage a en effet dans son roman sut inspirer l'amour. Ce qui n'est pas rien et le nuance.

L'amour, comme l'a dit très bien dit, en conclusion, Sonia Baechler, transcende tout...

Francis Richard

Derniers livres parus des auteurs de la rencontre:

On dirait toi, Sonia Baechler, Bernard Campiche Editeur (2013)

L'assassinat de Rudolf Schumacher, Bastien Fournier, L'Aire (2014)


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