La Cour pénale internationale a indiqué mercredi qu'elle n'ouvrira pas,
"au stade actuel", d'enquête sur des crimes présumés commis par le
groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, dont le génocide, car
elle n'en a pas la compétence.
"Des crimes d'une incroyable cruauté ont été signalés, notamment des
exécutions en masse, l'esclavage sexuel, des viols et autres formes de
violences sexuelles", a déploré la procureure Fatou Bensouda dans un
communiqué, évoquant également des allégations de génocide. Mais l'Irak
et la Syrie n'ont pas ratifié le traité fondateur de la CPI, le Statut
de Rome, ce qui donnerait compétence à la Cour d'ouvrir une enquête de
son propre chef, a rappelé Mme Bensouda.
Elle a certes indiqué que la Cour avait la compétence pour
poursuivre certains des milliers de jihadistes issus de pays ayant
ratifié le Statut de Rome, notamment de Tunisie, Royaume-Uni, Jordanie,
Allemagne, Belgique, Pays-Bas ou Australie. Mais là aussi, les
perspectives de poursuite semblent "minces" car l'organisation EI est
"dirigée principalement par des ressortissants irakiens et syriens", a
souligné Mme Bensouda.
"A ce stade, les chances qu'a le bureau de pouvoir enquêter et
poursuivre les personnes qui portent la responsabilité la plus lourde au
sein de la direction de l'EI semblent très minces", a-t-elle ajouté.
"Au stade actuel, le fondement juridique nécessaire pour procéder à un
examen préliminaire était trop étriqué", a regretté la procureure.
Mme Bensouda a évoqué une autre solution en vue de l'ouverture d'une
enquête de la CPI : que le Conseil de sécurité des Nations unies adopte
une résolution en ce sens, à la manière de ce qui a été fait pour la
Libye en 2011. Elle a aussi rappelé que les pays dont sont issus les
jihadistes doivent poursuivre ces derniers.
En novembre, Mme Bensouda avait indiqué être en train d'examiner la
possibilité de poursuivre des membres du groupe IS pour des crimes de
guerre, précisant avoir reçu des communications de la part de plusieurs
pays.
Les jihadistes de l'Etat islamique ont perpétré de nombreuses
exactions dans des zones qu'ils contrôlent, dont des décapitations
publiques et des exécutions de masse. La CPI est le seul tribunal pénal
international permanent chargé de poursuivre les plus hauts responsables
de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis. Elle a
été créée en 2002 et est entrée en fonction l'année suivante.
Source : Lorientlejour