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Critiques Séries : The Americans. Saison 3. Episode 11.

Publié le 09 avril 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

The Americans // Saison 3. Episode 11. One Day in the Life of Anton Baklanov.


Anton Baklanov n’est pas le personnage le plus important de cet épisode. On veut nous le faire croire mais notre plongée dans la vie de cet homme est avant tout une façon de faire évoluer Nina une fois de plus. Cette histoire est donc celle qui donne son titre à l’épisode et ce n’est jamais l’histoire d’Anton mais toujours celle de Nina ou du moins le point de vue de cette dernière. Pour une série d’espionnage, je trouve que The Americans a eu la malice de prendre le point de vue de Nina, de celle qui espionne en somme. Cela change de ce que l’on aurait pu probablement voir ailleurs où le point de vue de tel ou tel personnage n’aurait pas été un élément important. Mais Nina a une chance dans cet épisode, celle de rappeler qu’elle est toujours là et surtout qu’elle a une véritable utilité aux services renseignements russes. Qui aurait pu croire que la petite assistante de la première saison, pas toujours présente, puisse devenir un personnage aussi important dans la collecte d’informations. Mais la relation qu’elle entretient avec Anton dans cet épisode est une relation intrigante du début à la fin car l’on ne sait jamais comment cela va réellement évoluer, comment cela peut réellement finir et surtout comment cela peut réellement prendre son envol.

J’ai été fasciné par l’utilisation de Nina cette année, détaché du sol américain afin de nous plonger dans ce qui pourrait probablement être du point de vue américain : l’enfer russe. Sauf que cet enfer est dépeint de façon très intéressante. On ne veut pas vraiment nous montrer le pays, son état (et son Etat). On veut surtout nous plonger à quel point Nina est seule et qu’elle ne peut compter que sur elle-même pour s’en sortir. Le but est de parler du personnage de Nina, pas des russes en général. C’est aussi là où The Americans a réussi à faire quelque chose de brillant. Ce n’est pas une série d’espionnage qui se veut plus grande qu’elle ne l’est. Elle a un rapport avec l’intime que beaucoup de séries n’ont pas. Elle préfère creuser la personnalité des personnages, leurs états d’âme et leur vision des choses plutôt que de nous embarquer dans des tas de rebondissements artificiels (comme peut le faire Allegiance par exemple bien que cette dernière ait réussi à m’intriguer au fil des épisodes pour devenir maintenant un divertissement certes bas de gamme mais un divertissement comme un autre). The Americans a réussi à capturer la complexité d’un roman de John le Carré. C’est très difficile d’adapter ce genre de romans sans être tenté de faire dans le film d’espionnage à tire sur la corde.

On a pourtant eu de très bonnes adaptations comme La Taupe, préférant la personnalité des personnages et la réflexion, créant donc des scènes plus intimistes, à quelque chose de particulièrement bruyant qui ne sert pas forcément à grand chose. Cet épisode n’est pas que celui d’Anton et Nina non plus, c’est aussi celui de Paige Jennings. Cette dernière a appris dans l’épisode précédent la véritable mission de ses parents, le fait qu’ils sont russes et qu’ils sont sur le sol américain afin de récupérer des informations. Paige passe alors dans la seconde phase avec cet épisode. Si j’ai adoré la scène finale de cet épisode qui créé une certaine rupture entre Paige et ses parents (elle a peur pour eux et pour elle aussi, ce qui est compréhensible, sauf que Paige ne sait pas qu’être espion ce n’est pas quelque chose que l’on peut arrêter du jour au lendemain, surtout quand on travaille pour le compte d’un Etat comme l’Union Soviétique). Paige pose donc toutes les questions qu’elle a envie de poser à ses parents : leur vrai nom, le fait que Stan soit un ami (et donc un danger pour eux), etc. Paige a plus envie de comprendre que de condamner ce que font ses parents. Elle a envie de savoir ce qu’ils font finalement et c’est bien normal. L’une des plus belles scènes de cet épisode est celle de Paige et Liz dans la voiture.

La voiture est un objet qui permet de renforcer l’intimité du moment et j’ai trouvé ça assez percutant. En tout cas, cela m’a vraiment plu. Je ne m’attendais pas nécessairement à ce que Liz et Paige se retrouvent dans une scène aussi intimiste que celle-ci mais au delà des dialogues, c’est une scène qui colle parfaitement à l’univers de l’espionnage que veut nous dépeindre The Americans. En effet, on ne peut voir ce genre de scènes que dans une série d’espionnage mine de rien et cela me fascine tout particulièrement. Surtout que Paige a beau poser des questions, elle sait aussi faire en sorte de garder le secret, restant stoïque et droite (je ne serais pas surpris qu’elle puisse devenir comme ses parents dans le futur, elle a déjà l’aplomb d’une espionne qui ne dira rien). Alors qu’à côté Henry est toujours aussi indifférent et ne voit pas du tout ce que voit sa soeur avec ses parents. J’ai adoré la scène du petit déjeuner où tout le monde s’arrête de parler quand Henry entre dans la pièce ou encore quand Paige dit à son frère de manger son petit déjeuner et d’arrêter de poser des questions. Paige prend encore une fois le contrôle du moment. Comme à chaque fois qu’elle apparaît désormais à l’écran, elle vole la vedette aux autres personnages de façon singulière. Car elle s’impose sans le demander.

J’ai parlé récemment avec quelqu’un du fait que Paige a rendu toutes ses lettres de noblesse à l’enfant dans une série et c’est vraiment le cas. Après avoir passé des années à rire des tribulations de Kim dans 24 ou encore de Dana dans Homeland, Paige prouve que l’on peut être vraiment intelligent. Cela se joue aussi par la prestation de l’actrice qui est un véritable sans faute. Bien entendu, cet épisode n’est pas que celui d’Anton et Nina ou de Paige et ses parents, c’est aussi celui de Martha qui va se préparer à son entreprise avec Walter Taffet. Clark va apprendre à Martha comment mentir sans se faire prendre par un détecteur de mensonges. J’ai trouvé cette aventure assez étrange parfois dans le sens où la série donne l’impression qu’elle veut à tout prix tout cacher. Après tout qui va retrouver Clark et même si j’adore Martha, je pense qu’elle peut disparaître sans problème de la série et être remplacée par quelqu’un d’autre. Il y a tellement d’autres personnages intéressants dans The Americans qu’il ne serait pas une mauvaise idée d’en profiter. Non ? En voici donc encore un joli épisode de The Americans et la série n’en a pas encore terminé avec nous, surtout qu’elle a été renouvelée contre toutes attentes pour une saison 4. Vous n’imaginez pas à quel point je suis heureux.

Note : 10/10. En bref, une exploration de la pensée (des femmes) dans un épisode brillant.


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