Des fois, dans le train, au bureau ou ailleurs, j'écoute les conversations ambiantes sans vraiment les écouter. Ça passe du léger au grave, de l'insignifiant au profond, du ridicule au sérieux. Ce qui attire mon attention, ce n'est pas le discours de la personne qui mène la conversation, ce sont les commentaires de son interlocuteur. Parfois, y'a juste rien à dire mais on dirait que le besoin de combler le silence, pire de donner son avis -alors que souvent il n'y a même pas d'avis à y avoir!- est plus fort que tout.
Le silence est un grand oublié de nos jours. On doit avoir une opinion pour exister. On doit "liker" ou critiquer, on doit se démarquer, faire apparaître son nom dans un fil de commentaires pour prouver qu'on existe. Lancer des "Coucou! Je suis là!", sans égard à la pertinence de nos propos.
Un ami me demandait récemment ce qu'il devait dire à une amie qui a fait une fausse couche. Je lui ai suggéré de se taire. De lui demander comment elle allait, comment elle se sentait plutôt que de lui balancer des phrases creuses, des clichés inutiles, des "c'est la nature qui voulait ça" ou autres insignifiances pénibles dans les circonstances.
Quand on a vraiment quelque chose à apporter à une conversation ou un débat, ça va de soi d'y participer. Mais quand on n'a rien à dire, rien à ajouter, à critiquer ou à commenter, on a encore l'option de se taire. Même si on semble l'avoir désormais oubliée.